Exposé sur l'échec de la haute administration via l'exemple du SIDA en France dans les années 1980

En 1983, le virus de l’immunodéficience humaine, dit VIH est découvert et reconnu comme responsable du SIDA en 1984. Aujourd’hui, il s’agit d’un virus établi, dont les campagnes de prévention se multiplient, dont la recherche est toujours plus poussée et le nombre de dépistage croissant. Avant d’en arriver à un problème politique, le sida fut avant tout une découverte scientifique.

Bien que combattu scientifiquement dès 1983 à New York, il n’est l’objet d’aucune prise en compte par les autorités publiques dans la lutte pour la santé publique. Sujet méconnu, il est conservé par la haute administration et n’est pas transmis aux autorités politiques. On est pourtant confronté à une problématique administrative qui nécessite d’être politique.  

La haute administration, que l’on peut définir comme l’ensemble des organes et des personnels qui ont en charge la gestion des activités publiques et des tâches de conception, décide ce qui est traité par le ministre ou non. Ce qui est travaillé par l’administration est donc par définition administratif, tandis que ce qui est traité par le ministre et son cabinet prend une définition politique. La haute administration n’est experte dans aucun domaine mais possède des compétences recouvrant plusieurs secteurs, grâce à une formation généraliste lui permettant de traiter un nombre vaste de sujets sur une interface plurielle. Du fait de ce manque de spécialisation, cela la conduit à traduire et à manipuler des sujets qu’elle ne maîtrise parfois pas et par conséquent à produire des erreurs.

Cela conduit donc à nous demander comment, à travers l’exemple du sida, la haute administration peut-elle échouer dans l’émergence d’un problème au niveau politique ?

I) Une haute administration qui préfère garder un sujet au niveau administratif

        C’est la haute administration qui détermine si les sujets sont politiques ou uniquement administratifs. Les hauts fonctionnaires font remonter un problème technique particulier en soulevant des enjeux quand ils pensent que cela va permettre de faire émerger des solutions politiques aux problèmes divers.

        Dans le cas de la classification du sida comme élément politique, nuisant à la santé publique de la population, l’administration a adopté un comportement dit inhibiteur puisqu’elle jugeait ce problème comme ne relevant pas du politique. Elle a donc freiné le processus d’émergence de cette question dans le champ politique dans un premier temps.

        C’est seulement après 1985 qu’elle choisit de faire intervenir le champ politique pour régler le problème du sida. Elle avait dans un premier temps voulu éviter son intervention dans la gestion de ce problème, jugeant qu’elle avait les capacités nécessaires pour le régler toute seule. Elle n’a pas souhaité prendre certaines décisions qui nécessitaient l’intervention des autorités publiques pour faire émerger des lois, des décrets et le débloquement de fond.

II) Le champ politique est obligé de s’emparer d’un problème administratif ; prise de mesures trop tardive.

Cependant, les autorités politiques vont finir par être obligées d’intervenir face au développement de la maladie qui nuit à la santé publique.

La haute administration est donc obligée de transmettre la problématique du sida en 1985 afin de mettre en place des mesures pour d’enrayer la progression de la maladie. C’est ainsi que le monde politique intervient et que Laurent Fabius, alors premier ministre, prend en charge le sujet. Il vient alors proposer comme mesure politique le dépistage systématique du VIH lors des dons du sang.

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