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Dissertation sur l'état d'urgence

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Par   •  11 Avril 2017  •  Dissertation  •  4 512 Mots (19 Pages)  •  7 509 Vues

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Dissertation

Sujet : Les droits et libertés fondamentaux durant l’état d’urgence

Dans de nombreux pays, il est prévu un régime d’exception pour gérer les situations de crise telles que les menaces étrangères, les guerres ou encore les insurrections. La France n’y fait pas exception et prévoit même plusieurs régimes lors de telles situations. Le plus connu (ou du moins avant les attentats de 2015) est le régime des « pleins pouvoirs » accordés au Président de la République et prévu par l’article 16 de la Constitution. Il y a également l’état de siège qui se distingue par le fait qu’il confie les pouvoirs de police aux autorités militaires, il est prévu à l’article 36 de la Constitution.

Enfin le dernier et celui qui nous intéresse aujourd’hui est l’état d’urgence qui est un régime d’exception permettant aux autorités administratives, et plus spécifiquement le préfet et le ministre de l’intérieur, de prendre des mesures restreignant certaines libertés, dessaisissant ainsi la justice de certaines de ses prérogatives. Mais contrairement à l’état de siège, il n’implique pas le transfert de pouvoirs de police aux forces armées.

Sa création s’inscrit dans le contexte de la guerre d’Algérie et notamment suite à la vague d’attentats commis par le Front de libération nationale algérien en novembre 1954. Pour essayer de gérer cette situation, le gouvernement voulait instaurer un régime d’exception mais les présidents du Conseil successifs, Pierre Mendès France puis Edgar Faure ne voulait pas déclarer l’état de siège afin d’éviter d’accorder de trop grandes prérogativ es aux autorités militaires. Ainsi, le 3 avril 1955 est adoptée la loi instaurant l’état d’urgence en cas de « péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public » ou en cas de « calamité publique », notamment des catastrophes naturelles particulièrement graves.

En principe l’état d’urgence devait être adopté par une loi mais depuis l’ordonnance du 15 avril

1960, il est proclamé par décret en Conseil des ministres pour une durée initiale de douze jours et sa prolongation ne peut se faire que par l’adoption d’une loi du Parlement.

Depuis il y a eu plusieurs applications de la loi du 3 avril 1955. Une première fois en 1955 suite à la vague d’attentats perpétrés en Algérie en 1954. Une seconde fois et durant trois mois, lors du coup d’Etat à Alger du 13 mai 1958. Une troisième fois en 1961 après le putsch des généraux à Alger et a été prorogé plusieurs fois jusqu’en 1963. Une quatrième fois en décembre 1984, en Nouvelle-Calédonie suite à de nombreux assassinats. Plus récemment, il a été appliqué une cinquième fois en novembre 2005 lors des émeutes dans les banlieues de la région Parisienne. Puis enfin, il a été proclamé le soir du 13 novembre 2015 suites aux attentats qui ont touché Saint Denis et Paris. Ce dernier cas de figure a été prorogé de nombreuses fois et est toujours en vigueur jusqu’au 15 juillet 2017.

Aujourd’hui nous vivons un moment historique dans le système juridique français car pour la première fois, des élections présidentielles et législatives auront lieu sous le régime de l’état d’urgence. Il apparait aujourd’hui que de nombreuses personnes, organismes ou associations contestent le prolongement de cet état d’urgence, estimant que son efficacité s’est essoufflée ou encore que son maintien est une « banalisation d’un régime d’exception », ce qui semble effectivement paradoxal.

Il convient ainsi de se demander : Quel est la situation des droits et libertés fondamentaux durant l’état d’urgence ?

La réponse à cette problématique interviendra en deux temps. Dans un premier temps nous essayerons d’analyser, de manière la plus exhaustive possible, les différentes mesures et atteintes aux libertés fondamentales prévues par l’état d’urgence (I)

Puis dans un second temps nous essaierons d’analyser pourquoi ce régime est sujet à de nombreuses contestations (II).

1* https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_d'urgence_en_France

2* http://ldh-toulon.net/l-etat-d-urgence-les-precedents.html

3* http://www.vie-publique.fr/actualite/faq-citoyens/etat-urgence-regime-exception/


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  1. L'état d'urgence : la mise en œuvre d'un régime attentatoire aux libertés individuelles

Dans un premier temps nous rappellerons les nombreuses mesures prévues par l’état d’urgence

(A) et ses modifications apportées lors de son actuelle entrée en vigueur (B) afin d’établir les différentes atteintes envers les droits et libertés fondamentaux (C).

A) Les effets de l’état d’urgence

L’état d’urgence est une situation exceptionnelle, donc pour pouvoir être appliquée il faut que l’urgence soit avérée. La loi du 3 avril 1955 en son premier article dispose que l’état d’urgence peut être mis en place « soit en cas de péril imminent résultant d'atteintes graves à l'ordre public, soit en cas d'événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique ». Depuis l’ordonnance du 15 avril 1960, l’état d’urgence est proclamé par décret en Conseil des ministres pour une durée initiale de douze jours et sa prolongation ne peut

être accordée que le Parlement par le vote d’une loi de prorogation.

Cette loi accorde aux autorités administratives de nombreuses prérogatives. On parle ici de mesures administratives prises sans qu'il n'y ait besoin de poursuites judiciaires contre la personne concernée.

Tout d’abord, les préfets peuvent, dans les circonscriptions où l’état d’urgence est en vigueur, interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans des lieux précis et à des heures précises, et ce par la mise en place d’un couvre-feu (article 5). Cette première disposition a été l’une des raisons pour laquelle l’état d’urgence a été proclamé en 2005. En effet à cette période, de nombreuses émeutes avaient eu lieu dans les banlieues parisiennes et le gouvernement voulait ainsi permettre aux préfets des circonscriptions concernées d’y mettre fin en instaurant des couvre-feux. Toujours par l’article 5 le préfet est compétent pour interdire de séjour certaines personnes et aménager des zones où le séjour des personnes sera réglementé.

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