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C'est Quoi Le Magistrat, quel Est Son Rôle Dans La Société?

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Par   •  25 Avril 2012  •  1 958 Mots (8 Pages)  •  1 347 Vues

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Ce devait être un moment "historique". Celui de la première élection présidentielle ouverte à tous les candidats depuis l'indépendance de la Côte d'Ivoire, en 1960. Après six années de report, les scrutins du 31 octobre et du 28 novembre 2010, devaient permettre à tout un pays enlisé dans une guerre civile larvée et un marasme économique d'ouvrir une nouvelle page de son histoire.

Mais le "pays des éléphants" s'est réveillé au bord du gouffre, le 3 décembre, avec deux présidents à sa tête : l'opposant Alassane Ouattara, déclaré vainqueur avec 54,1 % des voix par la Commission électorale indépendante, et reconnu par la communauté internationale (Union européenne, Etats-Unis, Union africaine, Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, Conseil de sécurité des Nations unies) et Laurent Gbagbo, le président sortant, reconduit à la tête du pays par le Conseil constitutionnel, qui l'a crédité de 51,45 % des voix. Le 4 décembre, ce dernier allait au bout de son coup de force en prêtant serment comme président de la Côte d'Ivoire tandis qu'Alassane Ouattara, réfugié dans l'Hôtel du Golf d'Abidjan devenu depuis son quartier général, faisait de même par écrit.

Ce préambule à une nouvelle crise politique majeure a dégénéré, en quatre mois, en conflit armé. Mais les tensions entre les deux camps ne datent pas d'hier : ce chaos post-électoral trouve ses racines dans l'histoire récente du pays.

■Un scrutin historique

Sous le règne du père de l'indépendance, Félix Houphouët-Boigny (1959-1993), qui ne souffrait aucune opposition, puis ceux de Konan Bédié (1993-1999) et de Laurent Gbagbo (2000-2010), aucune élection réellement pluripartite n'a pu se dérouler. Initialement prévu au terme du premier mandat de M. Gbagbo, en 2005, ce premier scrutin pleinement démocratique a été reporté à six reprises en raison, notamment, d'un conflit ethnique entre le Nord et le Sud qui a plongé le pays dans une quasi guerre civile.

Ces reports, et les enjeux de ce scrutin, expliquent l'immense attente de la communauté internationale, qui a investi des sommes considérables pour permettre les élections de l'automne. Entre les 9 000 uniformes de l'Onuci (les forces des Nations unies pour le maintien de la paix en Côte d'Ivoire), les 966 soldats français de l'opération Licorne (dont les effectifs ont été depuis plusieurs fois renforcés, pour atteindre, lundi 4 avril, environ 1650 hommes), les médiations successives de la France, de l'Union africaine et du président burkinabé Blaise Campaoré, "cela fait près de dix ans que la communauté internationale est au chevet de la Côte d'Ivoire", explique Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de la Côte d'Ivoire. "Ce scrutin est sans doute l'un des plus chers de l'histoire", s'exclame-t-il.

■L'"ivoirité"

Sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny, le pays a connu une forte croissance économique et a encouragé une immigration massive, principalement venue du Burkina Faso. "On estime que 25 % de la population était d'origine non ivoirienne, près de 40 % à Abidjan, souligne Philippe Hugon. Puis la croissance a ralenti, et les 'étrangers' ont commencé à être montrés du doigt, comme souvent en cas de crise."

Le concept d'"ivoirité", fondé par Konan Bédié, était né. Le 8 décembre 1994, une révision du code électoral impose aux candidats à la présidence de prouver leur ascendance ivoirienne. Ce concept, qui sera repris à son compte par M. Gbagbo, a servi de prétexte pour écarter M. Ouattara, qui fut pourtant le premier ministre de Félix Houphouët-Boigny entre 1990 et 1993, lors des scrutins de 1995 et de 2000, en raison de ses origines burkinabées supposées.

■Un pays coupé en deux

L'ivoirité, ce "poison politique", a engendré de fortes tensions entre le Nord, principalement musulman, et le Sud, à majorité catholique. En 2002, des soldats rebelles tentent un coup de force. La rébellion, bientôt baptisée les "Forces nouvelles", occupe progressivement la moitié nord du pays, et instaure une partition de la Côte d'Ivoire. Laurent Gbagbo, alors président, accuse Alassane Ouattara d'avoir fomenté cette division. L'intervention de la France puis de l'Onuci permettront de maintenir le pays dans une situation de "ni guerre ni paix" jusqu'à aujourd'hui, selon les termes de Philippe Hugon.

Après l'échec des accords de Marcoussis en 2003, la guerre civile ne prend réellement fin qu'avec la signature des accords de paix de Ouagadougou en 2007, qui conduisent le président Gbagbo à nommer Guillaume Soro, un des leaders des rebelles, chef d'un gouvernement de transition. "Cette cohabitation a apaisé les relations Nord-Sud et le scrutin de novembre 2010 n'est pas réductible au déterminant ethno-régionaliste, explique le chercheur. Alassane Ouattara a certes fait le plein de voix dans son fief du Nord, et Laurent Gbagbo dans le Sud, mais c'est principalement la volonté de la population de sortir de la crise économique qui a déterminé les votes."

Des représentants du chef de l'Etat au sein de la commission électorale ont néanmoins prétexté de votes "frauduleux" dans le Nord, tenu par l'ex-rébellion, pour empêcher physiquement l'annonce de résultats partiels (voir la vidéo du 30 novembre 2010). "Il y a eu des irrégularités, dans le Nord comme dans le Sud, mais elles ne suffisent pas à expliquer l'énorme écart de voix entre les deux candidats", souligne Philippe Hugon (la commission électorale donnait Ouattara vainqueur avec 54,1 % des voix contre 45,9 % au président sortant).

■Gbagbo-Ouattara, une vieille inimitié

Alassane Dramane Ouattara (surnommé "ADO"), un économiste de 68 ans passé par le FMI, a été nommé premier ministre par Félix Houphouët-Boigny en 1990. Il est un "dioula", un homme du Nord, de confession

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