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L'aliénation par le travail

Dissertation : L'aliénation par le travail. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Mai 2018  •  Dissertation  •  5 260 Mots (22 Pages)  •  2 320 Vues

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Le terme d’aliénation a d’abord un sens juridique. Désigne le fait de céder ou de vendre à autrui un bien dont on était le propriétaire. Dans le même ordre d’idées, l’adjectif latin « alienus » signifie autre/étranger d’où l’emploi du terme aliénation mentale pour désigner l’état de quelqu’un qui ne s’appartient plus, dépossédé de lui-même. Proprement, aliénation signifie donc devenir autre. En devenant autre on perd ce qu’on était ; une dépossession de soi, une perte des moyens de devenir soi. On peut alors comprendre l’expression « aliénation par le travail » d’abord comme le travail qui dépossède l’homme de lui-même, de sa nature, par conséquent qui le déshumanise. Le travail dans ce cas n’est pas l’affirmation de l’être du travailleur mais sa négation. En ce sens le terme d’aliénation prend une forme négative pour celui qui travaille. Mais, on peut prendre ce mot dans un sens hégélien c’est-à-dire l’aliénation au sens d’objectivisation, d’extériorisation qui est le moyen indispensable à l’être pour se réaliser. En ce sens, le terme n’a nullement un sens péjoratif, bien au contraire puisqu’il désigne l’opération par laquelle l’homme assure sa supériorité sur la nature et le monde animale. Celui qui travaille extériorise ses facultés dans une œuvre dans laquelle il peut se reconnaître. Ainsi le travailleur se crée entant qu’homme dans le mouvement par lequel il façonne son objet. Cependant dans certains cas, notamment au stade du capitalisme ou le travail devient un travail parcellaire, l’homme ne peut absolument plus se reconnaître dans les produits de sa propre activité et le travail sensé assurer sa domination sur la nature devient au contraire un facteur de déshumanisation. Cela nous amène à nous interroger sur la définition ambiguë du travail humain, qui à la fois semble être quelque chose de mauvais pour l’homme car il semblerait que le travail peut déposséder l’homme de lui-même. Cependant le travail semble être également l’activité qui permet à l’homme de devenir ce qu’il est pleinement, de se réaliser. On voit alors apparaitre deux conceptions du travail opposées. Mais en réalité il s’agit peut-être d’une « fausse » opposition car ce n’est peut-être pas le travail en lui-même qui dénature l’homme, mais bien autre chose. Cela nous amène alors à nous demander si tout travail dépossède nécessairement l’homme de ce qui le rend humain ou ne s’agit-il pas plutôt d’une certaine forme d’organisation du travail qui ôte de l’homme ses caractéristiques humaines ?

I) Par définition le travail humain : est un travail conscient, volontaire mais c’est avant tout un travail total, complet. Il faut comprendre le terme d’aliénation d’abord dans un sens positif au sens ou le travail étant complet, total permet à l’homme de se réaliser, de se créer, de se libérer.

Pour comprendre en quoi le travail peut-être aliénant pour l’homme, il faut d’abord identifier et définir en quoi consiste un travail humain. La notion même du travail n’est pas une notion humaine, sociale mais avant tout une notion physique. Ainsi le travail physique est une force qui produit un déplacement, c’est un travail qui obéit à des lois, des équations – w=dxf- on peut même quantifier et calculer ce travail, un calcul structuré par des lois physiques de la nature. On peut dire alors que le travail obéit à une mécanique, à une dynamique. L’une des propriétés du travail physique c’est qu’elle obéit à une nécessité physique, à une nécessité naturelle. Ce travail est donc nécessaire, involontaire, purement

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naturel. On peut alors dans un premier temps penser le travail humain par opposition au travail physique c’est-à-dire un travail volontaire et conscient au sens où ce travail est voulu par l’agent et est voulu d’une manière consciente. Le travail humain est donc une production consciente et volontaire, réglé d’un effet, là où le travail physique se définit par une production inconsciente et involontaire. Marx montre dans le Capital la supériorité du travail humain sur le travail de l’animal comme l’abeille puisque cette dernière n’est que traversé par un instinct et n’est qu’un moyen pour la nature de se réaliser. Le plus mauvais architecte sera toujours supérieur à la plus habile des abeilles car ce qui se joue en lui-conscience et volonté- est bien plus que ce qui se joue en l’animal. Sans ces deux propriétés, le travail de l’homme ne désigne qu’un rapport actif entre lui et la nature –une définition à la fois nécessaire et insuffisante-

Le travail humain se définit donc par ces deux propriétés essentielles -volonté et conscience- mais il se définit avant tout comme étant un travail complet, total ou l’esprit et la matière réunis, travaillent en l’homme. C’est un travail ou le corps et l’âme agissent ensemble pendant toute la durée du travail. Le travail n’est pas qu’un rapport matériel aux choses, c’est un rapport matériel guidé par l’esprit. Par exemple chez l’architecte, il y a un processus d’intellection, c’est-à-dire qu’il construit déjà mentalement ce qu’il veut bâtir, il a une conception de ce qu’il va faire et seulement après il y a une construction réelle et même une fois la construction terminée, il peut encore revenir sur son objet. Dans le travail humain l’esprit intervient tout le long de la réalisation. Le travail humain est donc un travail ou le travailleur sent en lui le libre jeu de ses facultés intellectuelles et corporelles, un travail ou il se sent complétement engagé- intellectuellement, moralement, psychiquement et corporellement-. L’esprit joue donc un rôle important dans le travail humain, au point qu’on peut dire que l’esprit travaille également même s’il n’y a pas toujours nécessairement une production physique de ce travail-il ne faut pas confondre le travail par l’une de ses propriétés .C’est en effet par l’esprit que le travailleur va prendre conscience de sa capacité, de sa liberté…travailler sur soi par exemple peut être considéré comme un travail. Le produit de la production n’existe pas nécessairement à l’extérieur de l’agent. Cicéron parle ainsi de « cultiver son âme » -animam colere-, pour lui c’est le loisir studieux, le travail libre. Plotin écrit quant à lui « ne cesse de sculpter ta propre statue ». Le travail est bien une activité de transformation de mise en ordre d’une réalité. La question de mener une bonne vie, de bien vivre n’est pas simplement une question de hasard, de fortune on peut travailler pour parvenir à avoir

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