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Peut-on dire que la science est la philosophie des temps modernes ?

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Par   •  20 Octobre 2021  •  Dissertation  •  2 293 Mots (10 Pages)  •  380 Vues

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Peut-on dire que la science est la religion des temps modernes ?

La science est l’ensemble des connaissances d’un domaine donné. Caractérisée par sa rationalité, son universalité et une certaine systématicité, elle s’appuie sur des preuves ou des démonstrations. Elle se base sur deux fondements, la raison et l’expérience. Les connaissances scientifiques s’élaborent à partir de faits reliés les uns aux autres par des lois puis, à un second niveau d’abstraction, les lois sont systématisées dans des théories. La religion comporte des éléments de foi, de tradition et de rite. La vérité du discours mythique n’est pas vérifiable ; fondée sur une révélation, elle s’impose aux fidèles par voie d’autorité. La religion a l’arbitraire de ce qui prétend échapper à l’épreuve de la preuve empirique ou rationnelle. Dans une certaine mesure, la science ne s’apparente pas à la religion car la première est ponctuellement remise en question, tandis que la seconde se caractérise par son immobilisme. Néanmoins, parce que la science est rarement remise en question, les connaissances établies n’étant bouleversées que sous le jour de nouvelles découvertes susceptibles de les remettre en cause, la plupart des gens la tiennent tant pour acquis qu’ils l’acceptent sans réfléchir, tout comme ils le font pour la religion. Par conséquent, il est légitime de se demander si la science d’aujourd’hui peut être assimilée à une religion, qui viendrait remplacer la religion. Dans une première partie, nous étudierons en quoi on pourrait répondre par l’affirmative. Dans une deuxième partie, nous aborderons les arguments qui alimentent la thèse contraire. Enfin, nous verrons que science et religion ne sont peut-être pas si antagonistes.

La religion est un fait universel : chez tous les peuples, il y a des cérémonies, des rites, des cultes, des lieux sacrés. Du reste, l’anthropologue Armand de Quatrefages définissait l’Homme au début du XIXème siècle comme un « animal religieux ». Apparue bien avant la science, la religion a été la première à répondre aux questions existentielles de l’être humain. Au Moyen-Âge, la vision du monde en Europe occidentale est largement celle de la Bible, la religion est incontestée durant trois siècles. Mais dès la Renaissance, la pensée évolue et fait une place de plus en plus grande à la science. L’héliocentrisme, théorie physique qui vient contredire le géocentrisme, s’est imposé malgré les interdits et condamnations de l’Eglise catholique. En effet, Galilée fut condamné à se rétracter en 1633 pour son livre le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. Mais la science s’est peu à peu imposée et nul ne remet l’héliocentrisme en question de nos jours, bien que cette conception échappe encore à l’entendement de nombreuses personnes. Aujourd’hui reconnue, la science supplante la religion devenue obsolète et considère volontiers la féodalité comme l’âge de l’obscurantisme. Acceptée par tous, on pourrait dire qu’elle est devenue la religion des temps modernes, en ce sens que le plus grand nombre ne la remet pas en question. Tout un chacun accepte les connaissances apportées par les scientifiques sans aucun questionnement. Ainsi en est-il de la plupart de nos semblables, qui reconnaissent comme vrais les discours sur le coronavirus, sans en comprendre les mécanismes, sans en avoir de preuves. La science est donc acceptée par tous, tout comme le sont les religions par leurs fidèles. C’est le premier point qui pourrait permettre d’affirmer que la science est la religion des temps modernes.

Contrairement aux préceptes religieux, la science n’est pas immuable : elle se nourrit des nouvelles connaissances, qui parfois viennent contredire les croyances auxquelles elle avait adhéré. Citons l’exemple de Pluton, qui était pour tous la neuvième planète du système solaire et a perdu son statut de planète au profit de celui de planète-naine, au grief qu’elle ne nettoie pas son orbite (coupant l’orbite de Neptune) le 24 août 2006. Dans le même esprit, la classification traditionnelle des êtres vivants divisait ceux-ci en deux grands groupes, les vertébrés et les invertébrés. Willi Hennig formalisa en 1950 une méthode de reconstruction phylogénétique. Elle fut diffusée en France en 1980, mais les manuels scolaires ont continué à présenter la classification traditionnelle jusqu’en 2008. Des milliers de français se sont appropriés un savoir erroné pendant trois décennies, sans le remettre en cause. La religion impose ses préceptes de la même manière à ses fidèles. En ce sens, la science est la religion des temps modernes.

Pour la très grande majorité de nos contemporains, la science est une chose mythique. On pourrait presque dire que la science est la religion des athées ; elle est aussi celle de ceux qui croient en un dieu, puisqu’eux aussi l’acceptent comme du pain béni. Il est vrai que la religion comme la science cherchent à répondre aux grandes questions que se posent les hommes. La question du sens de l’existence plonge les hommes dans un état de trouble. La religion comme la science apportent des réponses ou des théories qui permettent aux humains d’apaiser leurs angoisses, comblent le vide laissé par le trouble, leur donnant cette sérénité à laquelle ils aspirent tant.

Si l’on posait la question à la science, elle se défendrait très probablement d’être la religion des temps modernes, car la science ne se voit pas comme une religion, au contraire. En effet, les fondements de la science sont très différents des fondations de la religion. Si le religieux se base sur un livre sacré (la Bible, le Nouveau Testament, le Coran, etc.), le savant construit le savoir en qualité de sujet rationnel, ne reconnaissant pas d’autre autorité que la raison. La supériorité théorique de la science découle de la fiabilité de sa méthode dans la conquête des savoirs. De ce fait, la science se prévaut de l’idée de vérité. Ainsi, le discours scientifique se voit comme supérieur au récit mythique. Contrairement aux enseignements religieux, il n’y a pas de vérité éternelle et absolue en science. Parce que les vérités scientifiques sont des vérités approchées, elles gardent un caractère provisoire qui s’atteste dans la formule consacrée suivante : « dans l’état actuel de nos connaissances, nous pensons que… ». De nouvelles découvertes amènent ainsi à remanier les théories scientifiques et révèlent que le savoir scientifique se conquiert progressivement, dans un effort mobilisant des générations et autorisant à parler de progrès. De nombreux scientifiques rejettent la religion parce qu’elle renvoie à l’invérifiable, parce qu’elle est dictée uniquement par des besoins subjectifs. Certains scientifiques rendent caduque toute forme de religion, qu’ils définissent comme des visions erronées du réel abusant de la crédulité des gens, qu’ils réduisent à une forme de superstition. Ainsi, le théoricien de l’évolution britannique Richard Dawkins, fervent défenseur du rationalisme, de la pensée scientifique et de l’athéisme, a publié en 2006 un livre au titre évocateur : Pour en finir avec Dieu.

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