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Satisfaire tous ses désirs est-ce une bonne règle de vie ?

Dissertation : Satisfaire tous ses désirs est-ce une bonne règle de vie ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  14 Décembre 2020  •  Dissertation  •  3 140 Mots (13 Pages)  •  907 Vues

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Satisfaire tous ses désirs, est-ce une bonne règle de vie ?

 

 Selon Augustin d’Hippone, « Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce qu'on possède. ». En effet, l’idée de désir est couramment interprétée comme celle de la démesure. Le désir aspire à évoluer, lorsque l’on a fini de désirer quelque chose, on en désire une autre et cette chose se veut plus difficile à obtenir que la précédente. Alors, on veut toujours plus, plus d’argent, d’objets et plus généralement, de plaisir. Augustin invite à continuer de désirer ce que l’on possède, cela paraît aberrant, puisque désirer semble impliquer manquer de ce que l’on désire. Donc, Augustin encourage à sortir de la spontanéité du désir et de réguler celui-ci, de le cadrer pour que désir ne soit pas synonyme de démesure.

 En outre, le désir est une faculté, une capacité propre à l’Homme qui consiste à vouloir obtenir ou ressentir. Cette faculté est en lien avec celle de l’imagination puisque le désir se manifeste dans l’imaginaire de l’Homme : il imagine le plaisir qu’il connaîtra à l’obtention de l’objet du désir et c’est ce pourquoi il le désire. Le désir est, comme le plaisir, un sentiment subjectif et personnel qui n’est donc pas explicitement cadré par la morale. Ce qui n’est pas réglé ou encadré peut mener à l’excès. Comme nous l’a inspiré Augustin, un désir non contenu mène à l’excès ce qui, par définition, dépasse la mesure, l’équilibre, la modération. L’excès ne peut être juste si on définit l’idée du juste comme étant l’équilibre permettant à chacun de coexister : l’excès de l’un vient communément compromettre la liberté de l’autre. Le marquis de Sade en est un exemple tout à fait parlant. Celui-ci est un symbole personnifié de la jouissance sans entrave mais aussi celui de l’excès, de la perversion et de la cruauté. Il fut emprisonné pour divers motifs notamment pour avoir abusé voire torturer des jeunes filles. Ainsi, le désir doit pouvoir être régulé, contrôler ou limiter afin de respecter l’autre et l’équilibre. Là, la notion d’éthique s’annexe à celle de désir puisque c’est cela qui vise à contrôler le désir. L’éthique est ce qui justifie rationnellement les actions de l’Homme et qui, par des valeurs, mène aux bonnes actions : ce sont les bonnes règles de vie. L’éthique individuelle représente un cadre que l’Homme détermine et s’impose lui-même pour se guider vers la bonne manière de vivre. Ce concept est donc différent de la morale puisque la morale est un ensemble de règles, de codes et de valeurs qui sont imposés par une société sur les individus, ce sont des principes communautairement admis. L’éthique et la morale ont donc la même finalité, seulement l’un est subjectif tandis que l’autre vise à être partagé. L’éthique individuelle étant subjective, on peut se fonder soi-même ses règles de vie, l’éthique évolue avec l’expérience. Elle est un chemin vers une vie juste mais cette vie juste est considérée de manière subjective. Là où la notion de règle semble impliquer qu’il faut se restreindre pour ne pas nuire aux autres et à soi, dans le cas du désir, on peut penser que l’on peut fonder ses propres règles de vie afin de satisfaire tous ses désirs sans nuire à personne et accéder au bonheur ou du moins à l’épanouissement personnel. En effet, contrôler ses désirs ne veut pas nécessairement dire y renoncer.

 On peut alors se demander s’il est possible de justifier rationnellement la satisfaction de tous ses désirs afin de mener une vie juste tout en expérimentant le désir pleinement ?

 Nous jugerons dans un premier temps de ce qu’est le désir et des problèmes qu’il pose. Tout d’abord, nous détaillerons l’idée de désir pour observer les problèmes qui peuvent y être liés. Ensuite, nous observerons que le désir pose problème concernant l’accession au bonheur car même la satisfaction de tous ses désirs laisse place à une insatisfaction plus profonde. Pour finir, nous verrons que le désir pose problème aussi au sein de la société et à travers le prisme de la morale notamment si le désir concerne le mal.

 Dans un deuxième point, nous admettrons l’idée d’éthique comme solution possible au problème de l’excès avec le désir et verrons comment l’associer aux désirs. Une fois de plus, nous expliciterons une idée : celle de l’éthique pour mieux comprendre le fonctionnement de celle-ci, nous verrons qu’il faut distinguer différents désirer, les classer pour pouvoir ensuite les réguler. Pour terminer, nous aborderons quelles sont les limites de l’éthique individuelle.

 Dans un dernier point, nous observerons différentes manières de régir ses désirs en déterminant ce que suppose une règle et donc comment fonder ses propres règles. Nous verrons en exposant qu’il faut savoir maîtriser ses désirs, ce qui paraît raisonnable. Nous terminerons par voir que le seul moyen de mener une vie juste est peut-être de renoncer à tous ses désirs et donc de renier cette faculté qui fait d’un Homme ce qu’il est.

 

 Nous allons donc commencer dans un premier temps par expliciter l’idée de désir et de déterminer les problèmes qu’elle pose.

 Tout d’abord, nous allons voir comment le désir peut se définir. Si nous en revenons aux premières réflexions qui ont été faites à propos du désir, nous pouvons étudier celles de

Platon présente dans son ouvrage Le Banquet. Diotime expose à la fin de cet œuvre (217-226), la naissance du Dieu originel dont il est souvent question dans Le Banquet : Eros. Eros, fils de Pénia, qui incarne la pauvreté, et de Poros qui lui incarne l’opulence, Eros est le Dieu du désir sexuel. Il oscille donc entre pauvreté et richesse, beauté et laideur, connaissance et ignorance.

Il cherche à combler un manque, pour Platon, le désir est un manque, il écrit dans Le Banquet : « Ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l’amour ». Platon cependant admet qu’il est difficile de définir le désir à cause de la pluralité des objets, des expériences et des apparences ainsi qu’en raison de la diversité des individus. Il considère toutefois qu’il existe un point commun à tous désirs, le mouvement vers l’objet visé. Dans le contexte des réflexions du Banquet sur l’amour, l’amour se conçoit comme le mouvement vers l’être aimé. L’amour trouve donc son importance et sa jouissance dans l’idée de désir, sans désirs il n’y a pas d’amour, l’intérêt de l’amour c’est la recherche, la quête de l’amour ce qui explique qu’il soit symbolisé par le voyage par Socrate qui évoque à son propos, dans Le Banquet « un chasseur, un nomade ou un vagabond ». Ce qui motive cette quête est la souffrance du manque. Platon compare ce manque au besoin de la faim : « Celui de nous qui est vide semble donc désirer le contraire de ce qui l’affecte puisqu’il est vide et qu’il désire se remplir » (Philèbe). Donc le désir est avant un manque qui crée une souffrance, de la même manière qu’un besoin crée une souffrance physiologique. Paradoxalement, le désir vise sa propre extinction. Platon ne se limite pas à penser que le désir n’est qu’un manque : il faut pouvoir imaginer la chose désirée pour créer un manque donc de la douleur et se faire une représentation du plaisir une fois le désir assouvi. Ainsi, le désir n’est pas un besoin physiologique mais une faculté de l’âme qui est capable d’imagination. Le désir étant l’objet d’un manque et donc d’une souffrance, il pose donc problème, voyons cela plus en détails.   Ensuite, nous pouvons expliciter les problèmes que pose l’idée de désir, ici nous verrons qu’individuellement la satisfaction totale du désir peut mener paradoxalement à l’insatisfaction. Nous avons observé que la finalité du désir était de jouir de l’objet désiré, de combler la souffrance par le moment de la jouissance une fois le désir assouvi. Cela suppose qu’une fois le moment de plaisir terminé, car celui-ci ne peut être que bref, on en retourne à l’ennui et la souffrance de désirer autre chose. Ainsi, le désir peut être considéré comme un obstacle au bonheur puisque celui-ci n’aspire qu’à un plaisir passionné, puissant mais court, et non pas à un épanouissement stable. Le désir n’a vocation qu’à se regénérer, une fois un désir assouvi, un autre fait surface. La satisfaction bien qu’elle soit la finalité du désir ne fait que supprimer le désir donc l’intérêt pour la chose. D’ailleurs, l’imagination embellit l’objet du désir, la réalité est donc souvent décevante au moment de la satisfaction, elle vient aplatir le fantasme de l’Homme. Ce processus sans fin qui alterne brefs moments de jouissances à de longues frustrations synonymes de souffrance serait donc un obstacle au bonheur. Nous pouvons réévoquer Platon pour illustrer cette notion de désir infini. En effet, Platon, dans le

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