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Propos d'Alain : Le roi s'ennuie

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Par   •  26 Septembre 2018  •  Fiche de lecture  •  1 540 Mots (7 Pages)  •  3 469 Vues

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Oral de philosophie sur Alain

Propos n°46 : Le roi s’ennuie

Dans un propos intitulé Le Roi s’ennuie et publié le 22 janvier 1908, Alain aborde les notions de désir, d’ennui, d’action et de bonheur. Ainsi, le philosophe cherche à démontrer que les obstacles et les difficultés que l’on peut rencontrer au cours de notre vie sont nécessaires pour que l’on soit heureux, « il est bon d’avoir un peu de mal à vivre » introduit-il. Par le biais de différents exemples, il prouve que le bonheur est impossible sans désirs et sans la peine nécessaire à leur réalisation.

Alain choisit des figures symboles de l’éternelle satisfaction, les rois et les dieux, qui, de par leur condition  sont privés de toutes contrariétés. Il est dit dans le propos que ces derniers seraient capables de supprimer « le temps et la distance », ils ont donc une puissance d’action sur le monde qui est telle qu’elle leur permet immédiatement d’obtenir ce qu’ils désirent. Tout leur souhait sont instantanément satisfaits, cela peut sembler être un rêve pour certains, pour Alain cela serait synonyme de tristesse. En effet, le philosophe raconte que les dieux seraient atteints de neurasthénie, un syndrome psychiatrique qui associe fatigue, insomnie, tristesse, anxiété et irritabilité. Ces mêmes dieux tout-puissants auraient parfois tenté de se jouer de leur destin en se faisant passer pour des vagabonds afin d’enfin éprouver un besoin de soif ou de faim mais prenaient vite conscience que ce n’était qu’une mascarade, un rôle qu’ils jouaient et retombaient ainsi dans leur profond désespoir. Leur sort n’est donc absolument pas enviable, ces divinités rendues folles d’ennuie par cette absence de désir, ont fini par se suicider.

Selon Alain, nous avons donc besoin de cette douleur, de cette frustration imposée par l’obstacle que représente la réalité face à nos désirs. Sans cette résistance du monde, la mort de notre désir serait bien trop rapide et trop simple pour que nous puissions savourer l’effort de notre part que celui devrait nécessiter et ainsi goûter au bonheur.

Il nous explique ainsi que si nous nous reposons trop sur nos acquis, ce que nous avons déjà obtenu, nos « biens réels » écrit Alain, notre bonheur sera alors une « puissance au repos », « une richesse qui laisse assis » dit-il et qui ennuie. Pour être heureux, il faut, selon l’auteur, continuer à avoir des « projets et des travaux », des désirs, qu’il faut s’employer à réaliser et c’est cette « puissance en action » écrit-il, qui fera notre bonheur. Il ne faut donc jamais cesser de désirer, de vouloir mais aussi et surtout, toujours continuer à entreprendre les actions nécessaires à la satisfaction de nos désirs.

Dans son propos n°44, Alain écrit à ce sujet que « l’homme s’ennuie du plaisir reçu et préfère de bien loin le plaisir conquis ».

En effet, si nous avions tout ce que nous voulions sans un seul effort, nous n’en tirerions aucune satisfaction ni aucun plaisir. Personne ne veut de « bonheur tout faits » selon Alain,  c’est au contraire les difficultés qui s’opposent à nous qui attisent notre volonté et rend notre plaisir d’autant plus grand une fois le désir réalisé. « Le difficile est ce qui plait », « C’est la peine qui est bonne » écrit ainsi Alain dans ses propos 44 et 46. Le désir, la volonté qu’il génère, nécessite une action de notre part pour sa réalisation et cet effort nous procure de la puissance car il nous permet de modifier le monde qui nous entoure en fonction notre désir. C’est cette force qui est satisfaisante et recherchée par les Hommes. Nous aimons ce qui est difficile car cela nous oblige à mettre en œuvre cette puissance. Peu importe si ses muscles souffrent, c’est cette peine qui permet au sportif d’imposer sa force dans cette course qu’il désire ardemment gagner, il prend ainsi conscience de sa puissance d’agir. D’ailleurs, une couronne olympique gagnée sans peine ne vaut rien, elle serait celle d’un athlète impuissant, qui en serait conscient et qui n’en tirerait ainsi aucun plaisir. De même une victoire à un jeu de société n’est pas satisfaisante si l’on nous a laissé gagner et que l’on s’en est rendu compte. C’est le risque de perdre aux cartes et l’ingéniosité qu’il faut mettre en place pour l’éviter ainsi que la puissance que cela nous concède sur l’adversaire, qui procure la joie de gagner.

De ce fait, le Roi dont les courtisans craignent la colère et le laissent inlassablement gagner, est privé de ce bonheur, il ne peut se sentir puissant puisqu’il n’a plus aucun effort à fournir pour assouvir son désir de victoire au jeu. Il ne trouve plus aucun plaisir à jouer. Même la chasse ne l’amuse plus, les animaux lui apparaissent semblables aux courtisans. Ils sont discrètement relâchés à son approche, afin qu’il les attrape plus facilement.  Dans un propos intitulé Agir, Alain  déclare « Il n’y a rien de si agréable qu’une victoire difficile, dès que le combat dépend de nous ». Ainsi, ce Roi, assisté par sa cour, dont tous les souhaits sont exaucés et qui n’a donc plus aucune action à effectuer, plus aucun obstacle à surmonter pour réaliser ses désirs, ne connait plus aucun bonheur. On comprend alors le titre du propos,  les rois inactifs et impuissants, sans efforts ni désirs, s’ennuient.  

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