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La conception chrétienne de Dieu

Analyse sectorielle : La conception chrétienne de Dieu. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Décembre 2014  •  Analyse sectorielle  •  7 827 Mots (32 Pages)  •  867 Vues

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La conception chrétienne de Dieu s'élabore dans les premiers siècles du christianisme par une hybridation entre la pensée biblique et la pensée grecque notamment le néoplatonisme71. Elle est l'œuvre des Pères de l'Èglise, notamment Augustin d'Hippone. À la différence du Dieu impersonnel des néo-platoniciens, le Dieu chrétien est incarné72, c'est un Dieu lumière intérieure qui « travaille » les humains au plus intime de leur être. Augustin d'Hippone insiste sur ce point dans Les Confessions III.6, 11 : « Tu autem eras interior intimo meo et superior sumno meo (Mais Toi, tu étais plus profond que le tréfonds de moi et plus haut que le tréhaut de moi) »73. Dans le christianisme deux conceptions de Dieu, celle de la religion et celle de la philosophie, tantôt cohabitent comme c'est le cas chez Augustin d'Hippone, tantôt sont séparées. Pour Goulven Madec, Blaise Pascal dans son Memorial instaure une césure quasi définitive entre le Dieu des philosophes et le Dieu de la Bible en opposant nettement les deux: « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants »74. La conception de Dieu dans le christianisme doit faire face à un certain nombre de questionnements.

Tout d'abord il faut répondre à la question du mal. Cela donnera lieu à un certain nombre de théodicées. Pour Augustin, et le christianisme après lui avec des variations, Dieu ne crée pas nos vices mais en prend acte, et traite les pécheurs comme il convient75.Il écrit à ce propos : « Dieu étant Créateur et Gouverneur de l'univers, toutes choses sont belles ; et la beauté de l'ensemble est irréprochable, tant par la condamnation des pécheurs, que par l'épreuve des justes et la perfection des bienheureux »76. La providence divine « en partie naturelle, en partie volontaire... gère la création, les mouvements des astres, la naissance, la croissance, le vieillissement des végétaux et des animaux... mais aussi les actions des hommes "qui échangent des signes, enseignent et s'instruisent, cultivent les champs, administrent les sociétés, s'adonnent aux arts," etc. »77

Ils vont aussi devoir se situer face à la transcendance divine. Sur ce point, il existe des divergences. Pour Augustin d'Hippone et les pères cappadociens tels que Grégoire de Nysse ou Grégoire de Nazianze Dieu est très transcendant c'est-à-dire bien au-dessus des hommes. Les théologiens de l'Église d'Occident - à l'exception d'Augustin d'Hippone- ont une optique différente et tentent selon l'expression de Lucien Jerphagnon de « donner de Dieu et de ses volontés l'idée claire et distincte s'imposant à tout le monde » 78, bref les desseins de Dieu sont relativement accessibles à la pensée humaine. Au contraire, Augustin insiste sur le mystère de Dieu, sur la part insondable pour les hommes de la dimension divine, une pensée résumée dans son Dialogue philosophique sur "l'Ordre" par la formule « Dieu tout-puissant, qui est mieux connu en ne l'étant pas »79.

le thème du péché et du salut. Selon Augustin, c'est pour sauver l'homme du péché que le Christ est descendu sur terre80. Dieu a également mis en place la « Dispensio temporalis », que Goulven Madec traduit par « l'économie du salut »81. Chez Augustin, la rédemption n'est pas purement mécanique car elle est déterminée par le mystère de la Grâce. Reprenant le thème paulinien selon lequel les hommes sont le temple de Dieu, il écrit que Dieu construit « sa Maison, régit sa Famille, rassemble son Peuple, prépare son Royaume, pour l'avènement de la Paix définitive en sa Cité, par laquelle s'accomplira sa promesse : "je serai leur Dieu et ils seront mon peuple (Lv 26,12) " »82. Toutefois Augustin développe une vision du salut par la grâce et la prédestination qu'usuellement, le christianisme n'adopte pas strictement.

Dieu trinitaire[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Christologie et Trinité chrétienne.

Retable de la Trinté Bartolo di Fredi 1397

Le christianisme va devoir faire face à des questions soulevées par le fait que Jésus-Christ, fils de Dieu s'est fait homme. Au iie et au iiie siècle plusieurs conceptions vont s'affronter : certains considèrent que Jésus est un homme adopté par Dieu, d'autres que Jésus n'a pas réellement souffert, les ariens considèrent que seul le Père est vraiment ancré et que Jésus ne lui est que subordonné, enfin d'autres, les nicéens, considèrent comme cela sera affirmé dans le Credo adopté lors du concile de Nicée de 325 que « Jésus Christ est le Fils unique de Dieu », « Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, engendrée et non pas créée, consubstantiel au Père » (ce terme consubstantiel vient d'un mot grec qui veut dire essence ou substance)83. Néanmoins la querelle continue ce qui amène les pères cappadociens Basile de Césarée, Grégoire de Nysse et Grégoire de Naziance à élaborer la théologie de la Trinité qui veut qu'il y ait un Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit pour reprendre la traduction qu'Augustin d'Hippone a fait du grec84. Cette théologie sera adoptée par le concile de Constantinople en 38185 Actuellement le Credo de Nicée-Constatinople est considéré par les catholiques, une majorité de protestants et les orthodoxes (avec des réserves sur le Saint-Esprit) comme un des fondements du christianisme 85.

Quelques années plus tard, entre 400 et 418, Augustin d'Hippone écrit un livre intitulé De la Trinité qui marque le christianisme latin et qui insiste sur l'unité de la trinité « Unitas Trinitas, Deus Trinitas, Deus Trinitatis »84. Par ailleurs, pour Augustin, le mystère de la Trinité est au-de là de ce qu'on peut en dire.. Malgré tout la position nicéenne a du mal à s'imposer. Vers 500, à la suite notamment des invasions menées par des peuples professant l'arianisme, seul le royaume franc de Clovis et de Clotilde (465-545) professe le christianisme nicéen86. C'est à partir de cette base que le Credo de Nicée-Constantinople gagne l'Europe occidentale au Moyen Âge.

Dans l'iconographie chrétienne ou la peinture d'inspiration chrétienne, il arrive qu'une Colombe représentant le Saint-Esprit fasse le pont entre le Dieu le Père et Dieu le Fils87. D'une façon générale, François Bœspflug88 distingue « six grandes périodes dans l'histoire iconique de Dieu et de la Trinité dans l'art ». La première période,

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