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Résumé Sénèque - De la brièveté de la vie

Fiche de lecture : Résumé Sénèque - De la brièveté de la vie. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  21 Février 2016  •  Fiche de lecture  •  2 536 Mots (11 Pages)  •  5 514 Vues

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Sénèque – La Brièveté de la vie

La thèse du traité : la vie n'est pas trop courte, c'est nous qui la perdons

« La plupart des mortels, Paulinus, se plaignent de la méchanceté de la nature ». Sénèque débute ainsi son œuvre, posant dès la premières ligne l'objet de son propos : la frustration des hommes face à une vie qu'ils estiment trop courte. Cette vision de la vie est partagée par tous les hommes, qu'ils soient du peuple ou même des penseurs, ce pour quoi Sénèque s'intéresse à cette question majeure donc de la brièveté de la vie. Pour lui, c'est clair « non, nous n'avons pas trop peu de temps, mais nous en perdons beaucoup […] nous n'avons pas reçu une vie brève, nous la rendons brève ». Pour Sénèque donc, notre vie est suffisamment longue pour achever de grandes actions, à condition de l'utiliser à bon escient, sinon, si nous la passons dans le luxe et la superficialité, effectivement à son terme elle nous aura paru trop courte.

Comment nous gaspillons notre temps

Le problème est donc de ne pas gaspiller un temps précieux. Or Sénèque note nombre de comportements viciés qui amènent les hommes à ne pas vivre leur vie : l'avidité, la servitude aveugle, la dévotion à de vains travaux, la luxure, l'excès ou la paresse, l'ambition, l'attachement au regard d'autrui ou au paraître, la vénalité ou le désir de gloire militaire ou encore le jeu de la séduction sont autant de passions qui éloignent les hommes de leur propre vie. « La plupart, n'ayant aucun but précis, sont les jouets d'une légèreté irrésolue, inconstante, importune à elle-même, qui les ballote sans cesse d'un nouveau projet à un autre […] Les vices harcèlent, encerclent. Ils ne permettent ni de se relever, ni de lever les yeux pour distinguer la vérité, mais ils pèsent de tout leur poids sur les hommes immergés, empalés dans la passion, sans jamais les laisser revenir à eux ». Sénèque ajoute que cela ne concerne pas seulement les hommes malheureux et le savent, mais aussi et surtout ceux qui se croient heureux, du fait de leur biens. Ils ne s'appartiennent plus et finissent par être possédés par leurs biens comme par le regard des autres : ils ne vivent plus leur vie. Sénèque note aussi un autre paradoxe : tandis que le temps est ce que l'homme dit avoir de plus précieux, c'est ce qu'il dépense le plus, quand au contraire il s'attache à son argent ou ses possessions. A ces pertes de temps qu'induisent nos comportements viciés s'ajoutent les maladies qu'ils provoquent, revers des excès de la vie, et le temps inemployé. Il dit en effet que « comme des mortels vous craignez tout mais, comme des immortels, vous désirez tout ». Et c'est au moment où la vie nous quitte que nous commençons à peine à l'apprécier

Les « occupés » perdent leur vie

Sénèque méprise avant tout ceux uniquement tournés vers le vin et l'amour car « les avares, les colériques, ceux qui poursuivent des haines ou des guerres injustes : tous sont fautifs, mais avec une certaine virilité. Mais s'abandonner à son ventre et à la débauche, c'est un infâme pourrissement ». De plus, ces occupations futiles empêchent ceux qui s'y adonnent de respirer ou d'être concentrés sur quelque autre tâche, aussi ces passions sont elles incompatibles avec la vie de l'homme sage. Car vivre est un art qu'il faut constamment apprendre et nombre de sages eux-mêmes disent en mourant ne pas avoir trouvé comment vivre. Et pourtant ils avaient supprimé tous les obstacles possibles, renonçant aux richesses, aux emplois, aux plaisirs. Si eux qui s'approchaient d'une vie la plus saine possible n'ont pas vécu leur vie, comment ceux qui baignent dans les vices le pourraient-ils ? Ainsi, il faut tendre comme les grands sages à s'élever au-dessus des erreurs humaines afin de ne rien se laisser soustraire de son temps. Ce qui étonne Sénèque, c'est, au regard de l'importance capitale de ce temps si précieux, le peu d'intérêt qu'on lui porte. Pour lui, « ce qui trompe c'est que le temps est chose incorporelle et qu'il ne tombe pas sous les yeux : on l'estime donc très bas, et même, il n'a quasiment aucun prix ». Les hommes paient pour leur santé, leur bien-être, mais nul n'irait investir dans du temps et chacun le dépense largement. « Mais personne ne restituera tes années, personne ne te rendra à toi-même. La vie continuera son comme elle a commencé, sans remonter son cours, ni l'interrompre; elle ne fera pas de bruit, elle ne t'avertira pas de sa rapidité, mais s'écoulera en silence ». Le pire pour Sénèque demeure les  hommes qui se targuent d'être prévoyants, car c'est au prix de leur vie elle-même qu'ils organisent leur  vie. En se projetant, ils s'arrachent au moment présent, or « le plus grand obstacle à la vie, c'est l'attente qui dépend du lendemain et perd le jour présent ».  En effet pourquoi tarder, pourquoi remettre, quand tout s'enfuit déjà ? Il faut donc combattre la rapidité du temps par la promptitude à en user.

Propositio : la vie des hommes occupés est extrêmement courte - Analyse du temps en trois dimensions

"La vie se divise en trois temps : celui qui est, celui qui fut, celui qui viendra. Le chemin que nous sommes en train de parcourir est court, celui que nous parcourrons est incertain; celui que nous avons parcouru est assuré". En effet, sur ce dernier temps la Fortune a perdu tout droit, seul les hommes en sont responsables, et sont responsables également de la continuité de ce passé. C'est ce même temps que gâchent les hommes: ils ne prennent pas le temps de porter un regard sur leur passé pour en tirer des leçons et se condamnent ainsi à répéter indéfiniment les mêmes erreurs. Il  est douloureux aux hommes occupés d'être confrontés au temps perdu, et ils sont doublement dans la souffrance: ils ont souffert de leurs vices, et souffrent encore par la suite de ne pas s'en défaire. "Leur vie s'en va donc à l'abîme". Au contraire, le sage, de même que les Epicuriens, jouit en plus du souvenir de sa vie vertueuse passée. Leur passé oublié, seul le temps présent peut concerner les hommes occupés mais il est si bref qu'il reste insaisissable et, tiraillés par leur multiples occupations, ils ne vivent pas non plus le temps présent.

Les « occupés » ne savent pas se servir du temps et ne sont pas des hommes de loisir

Le paradoxe de la vie des hommes "occupés" est que, alors qu'ils ne profitent pas même du jour présent et gaspillent le temps qui leur est donné, ils en demandent toujours davantage. Seule la maladie ou l'infirmité leur fait prendre conscience des heures perdues. Sur leur lit de mort seulement les hommes "occupés" regrettent le temps perdu et alors demandent à pouvoir retrouver leur jeunesse. "Des vieillards décrépits mendient dans leurs prières un supplément de quelques années. Ils se figurent qu'ils sont plus jeunes, se flattent d'un mensonge et s'abusent avec autant de plaisir qu'ils trompaient en même temps le destin". Au contraire, le sage lui accueille avec sérénité et sans regrets sa mort.

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