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Calliclès, Platon

Étude de cas : Calliclès, Platon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Janvier 2013  •  Étude de cas  •  410 Mots (2 Pages)  •  1 355 Vues

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proles autres sera lui-même asservi par eux : le tyran est le seul idéal possible, pour qui veut être libre de ses actes.

Pour Calliclès donc, n'est effectivement libre que celui qui peut faire tout ce qu'il veut, et d'abord ce qu'il veut des autres : la seule liberté réelle, c'est celle de n'en faire qu'à ma tête et de ne suivre que mon bon plaisir. Le tyran est libre, parce qu'il est libre d'accomplir le moindre de ses désirs ; mais Calliclès n'oublie-t-il pas que le tyran, pas plus qu'aucun homme, n'est pas le maître de ses appétits, que ses désirs s'imposent à lui sans qu'il en décide ? Un tyran peut certes forcer ses sujets à manger des épinards, même s'ils les détestent : mais fût-il armé de toute sa force, il ne pourra jamais contraindre le plus faible d'entre eux à les trouver bons. Un tyran peut bien décider qu'il est libre, parce que nul ne lui impose sa propre nourriture : lui ne mangera jamais d'épinards s'il les abhorre, et des petits pois tant qu'il en souhaite s'il en raffole ; mais le tyran le plus sanguinaire ne pourra de lui-même décider d'en aimer le goût si d'aventure ce dernier le révulse. Nul, pas même moi, n'a d'emprise sur mes appétits : mes désirs ne sont pas le fruit d'un choix volontaire – s'il suffisait de le vouloir pour aimer quelqu'un comme au premier jour, il n'y aurait pas de divorces. Comme le dit encore Rousseau, « l'impulsion du seul appétit est esclavage » : celui qui, au nom de sa liberté, prétend n'écouter que son désir, s'avère finalement l'esclave de ce désir même. Davantage : plus je cède à mes désirs, plus j'affaiblis ma volonté, et plus je m'avère incapable d'aller ailleurs qu'à l'endroit où ils me portent. Telle est toute la leçon du Gorgias de Platon : Calliclès n'aspire à la tyrannie que parce qu'il est lui-même tyrannisé par le désir, lequel est semblable à un tonneau percé, qui se vide à mesure qu'on le remplit : celui qui cherche à le satisfaire se condamne à une tâche infinie, puisque de fait tout désir satisfait est remplacé par un autre, plus impérieux encore. La satisfaction est comme l'horizon, qui recule à mesure que j'avance ; et courir derrière ce qui sans cesse se dérobe, sans plus choisir la direction où je vais, ce n'est pas précisément cela, la liberté.

3. La double figure du tyran

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