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Peut-on dire que Socrate est le plus savant de tous?

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Par   •  12 Juillet 2021  •  Dissertation  •  1 873 Mots (8 Pages)  •  1 228 Vues

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EXAMEN APOLOGIE DE SOCRATE

par Sandrine Campagna

Travail présenté à Pierre-Alexandre Fradet

340-101-MQ, Philosophie et rationalité, gr. 00001 

Cégep de Saint-Laurent – Le 5 juillet 2021

Session Été 2021

        Vers 404 avant Jésus-Christ, Athènes est dominé par Sparte, à la suite de la guerre du Péloponnèse. Cette domination à entraîner de grave répercussion dans cette puissante cité-État grecque, notamment dans le régime démocratique athénien. À la fin de cette confrontation, vers 399 avant notre ère, Socrate fut accusé de déformer l’esprit des jeunes, dénier les dieux athéniens et d’introduire de nouvelles essences divines, comme les démons. Or, Platon est l’auteur des écrits de l’Apologie de Socrate où il explique le procès de Socrate qui s’est déroulé devant l’Héliée. Socrate interroge ces interlocuteurs en réfutant les accusations portées contre lui et il affirme que ces accusations sont des calomnies. Selon lui, il est accusé de posséder une grande sagesse puisque la Pythie a déclaré que nul n’était plus sage que Socrate. Face à cette situation, une multitude de questions s’impose : Comment le « martyr de la philosophie » peut-il être le plus savant des hommes s’il prétend être ignorant ? Peut-on dire que Socrate est le plus savant de tous ? Est-ce que l’oracle de Delphes a menti ? Comment la parole de dieu peut-elle être fausse s’il lui est interdit de mentir ? Ainsi, le « père de la philosophie » est donc paradoxalement le plus sage des hommes, selon la pythie, bien que lui-même pense ne rien savoir. Face aux accusations des diffamateurs, Socrate avance des objections en entreprenant un raisonnement cohérent, rigoureux et donc véridique qui est dit dialectique. D’un autre côté, les calomniateurs (sophistes) de Socrate tentent de persuader les juges en émettant des discours non rationnels, aberrants et donc fallacieux qui est dit rhétorique. Socrate va, dans un premier temps, discuté avec des hommes politiques qui se croient être savant. Dans un deuxième temps, il va procéder à un examen approfondi des poètes qui pensent tout savoir.

Tout d’abord, nous allons éclairer le sens de la question éthique qui nous est posée. Par le concept de « savant », nous faisons référence à un être qui est érudit, autrement dit un être qui connaît plusieurs choses dans certaines notions. De plus, le savoir est une connaissance apprise que l’on tient pour réel. Or, Socrate croit que la connaissance vient tout d’abord du fait que nous devons reconnaître et accepter notre ignorance. Il est impossible d’être connaissant dans tous les domaines, donc nous devons admettre notre ignorance. Ainsi, il faut être à la fois savant et ignorant, donc nous devons ignorer tout en sachant qu’on ignore. Nous entendons par « tous » l’intégralité de l’univers humaine, nous excluons ici les êtres surnaturels comme les dieux. À la suite des clarifications conceptuelles, la question vise donc à reconnaître si Socrate est le plus savant de toute la nature humaine ou il n’est tout simplement pas le plus sage de tous les hommes. D’un côté, si, comme le pense la Pythie, Socrate est le plus savant de tous, il affirmerait son ignorance. En effet, Socrate serait persuadé que la véritable sagesse est celle qui reconnaît qu’il ne sait rien, donc il faudrait chercher à se connaître pour parvenir à voir la juste mesure entre ces connaissances et ce qu’on ignore. D’un autre côté, si Socrate n’est pas le plus sage, il se croirait savant comme tous les autres : les hommes politiques, les poètes, les gens de métiers. En effet, il ignorerait son ignorance (double ignorance) puisqu’il se présumerait sage.

Premièrement, Socrate interroge plusieurs hommes politiques qui ont la réputation de posséder un savoir. Son objectif est de découvrir en quoi il est plus savant que ces hommes. Lors d’une discussion, il a déduit que ces hommes sont ignorants puisqu’ils croient être pourvus d’un savoir, mais ils ne savent rien. En d’autres termes, ces politiciens se distinguent en ignorant leur ignorance (ignorance ignorée) : « Cet homme, me sembla-t-il, passait aux yeux de beaucoup de gens et surtout à ses propres yeux pour quelqu’un qui savait quelque chose, mais ce n’était pas le cas […] »[1]. Socrate est convaincu qu’il est plus savant que ces hommes puisqu’il sait qu’il ne sait rien, donc il reconnaît son ignorance. De plus, « le père de la philosophie » réfute les arguments des politiciens puisqu’ils possèdent des connaissances injustifiées et non fondées. Les réfutations prononcées par Socrate permettent non seulement de remettre en question les faux savoirs des hommes politiques, mais également de justifier sa pensée à l’aide de ses connaissances. En effet, Socrate établit donc que « Ce qui m’amena à tenter de lui démontrer qu’il s’imaginait savoir quelque chose, alors que ce n’était pas le cas. »[2]. Cette citation de Socrate rapporté par Platon nous prouve qu’il est en désaccord avec la pensée des politiciens, donc il réfute leur propos. Il déduit donc qu’il y a des lacunes dans les connaissances de ces hommes puisqu’ils ne rapportent rien de logique, cohérent et donc valable. En effet, ils pensent détenir un savoir, mais ils sont incapables d’exprimer leur point de vue de manière rigoureuse, sensé et donc rationnel.

Deuxièmement, Socrate discute avec des poètes et questionne ceux-ci sur leurs poèmes qu’ils ont écrits. Il tente de soutirer des informations en lien avec leurs œuvres pour découvrir si les poètes possèdent véritablement un savoir. À la suite de cette discussion, Socrate reconnaît donc leur prétention à la sagesse. En d’autres termes, il constate que ces hommes ne possèdent pas un savoir, mais plutôt un don naturel. Socrate établit donc que « […] ce n’est pas en vertu d’un savoir, qu’ils composent ce qu’ils composent, mais en vertu d’une disposition naturelle et d’une possession divine à la manière de ceux qui font des prophéties et de ceux qui rendent des oracles […] »[3]. En effet, les poètes divulguent uniquement des vérités. Cependant, ils croient être savants, mais leur savoir ne vient pas de leur connaissance, mais plutôt d’une faveur divine. Socrate se croit plus savant que ces hommes puisque ceux-ci sont guidés par une inspiration divine, ce qui contredit le fait de posséder le véritable savoir. De plus, les poètes sont incapables de justifier leur soi-disant savoir à l’aide de la raison. Ainsi, le « martyr de la philosophie » reconnaît donc qu’« Il est de fait que pratiquement tous ceux qui étaient là à nous écouter, ou peu s’en faut, auraient pu parler de ces poèmes mieux que ceux qui les avaient composés. »[4] Cette citation prouve que nul n’avait la capacité d’argumenter ses dires. Autrement dit, ces poètes ne peuvent pas justifier explicitement les principes sur lesquels se fondent ces idées qui sont en accord avec le réel. Socrate associe cette incapacité à justifier des vérités à l’ignorance. En effet, il croit que les poètes sont ignorants puisqu’ils pensent tout savoir dans tous les domaines, mais ce n’est pas le cas : « […] je me rendis compte que, même s’ils se considéraient, du fait de leur talent, comme les plus savants des hommes dans les autres domaines aussi, ils ne l’étaient vraiment pas. »[5] Les poètes prétendent être savant, ce qui est fallacieux puisque pour être sage, il faut non seulement avoir la capacité à affirmer le vrai, mais également argumenter en quoi la vérité est véritable. Or, Socrate croit être plus savant que ces hommes puisque ceux-ci souffrent d’une double ignorance tandis que lui admet son ignorance. Les poètes s’apparentent aux hommes politiques puisqu’ils croient savoir quelque chose, mais ils ne savent rien. Bref, les poètes sont incapables de distinguer le don de la connaissance, donc ils prétendent détenir un savoir, mais en réalité ils sont ignorants.

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