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Texte De Kant

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Par   •  10 Octobre 2013  •  2 106 Mots (9 Pages)  •  1 224 Vues

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I. L'analyse détaillée du texte

1. La finalité externe des machines

a) La transmission du mouvement

Une montre est une machine complexe, composée d'un ensemble de rouages, d'engrenages et de ressorts qui, une fois la montre remontée, sont entraînés les uns par les autres, transmettant ainsi un mouvement régulier aux aiguilles du cadran : c'est donc à bon droit qu'on peut dire qu'ici, le mouvement d'une partie est cause du mouvement d'une autre partie. Mais l'existence même de chacune de ces parties n'est imputable à aucune autre : certes, l'une n'existe avec sa forme propre (celle d'un ressort par exemple) que pour pouvoir transmettre du mouvement à une autre (un engrenage par exemple), mais le ressort n'est pas « la cause efficiente de la production » de l'engrenage. En d'autres termes, il y a bien une finalité qui régit l'organisation de la montre, dont chaque partie avec sa forme propre remplit une fonction spécifique par rapport aux autres et au tout de la montre, mais cette finalité est purement externe : elle n'est pas imputable à la nature du métal dont se compose le ressort, ni à aucune autre spécificité de la machine, mais au projet de l'horloger qui a conçu chacune des parties de l'objet et les a assemblées dans le but de donner naissance à une machine susceptible de mesurer le temps qui passe.

b) La cause efficiente externe

Ainsi, la « cause efficiente », c'est-à-dire la « cause productrice » des parties de la montre ne se trouve pas dans la montre elle-même comme tout, ni dans aucune de ses parties en particulier. La cause efficiente de la montre lui est externe ou, comme le dit Kant, tout à fait « en dehors d'elle » : cette cause efficiente, qui fait de la montre ce qu'elle est, n'est pas dans la montre même mais dans un être capable d'agencer des moyens en vue d'une fin inventée, bref, dans l'esprit d'un homme. Chacune des parties d'une machine quelconque ne doit son existence et son agencement avec les autres qu'à l'inventivité et au savoir-faire d'un l'artisan, dont la machine accomplit l'intention : c'est parce que l'horloger veut un appareil indiquant l'écoulement du temps que la montre est constituée de cette façon ; en d'autres termes, sa cause efficiente est externe, tout comme lui est externe sa finalité.

2. La finalité interne des êtres vivants

a) Le vivant cause et fin de lui-même

Or cette absence de toute force interne de production dans les machines humaines les distingue radicalement des êtres vivants : aucun artisan n'est la cause de la production de leurs organes, ni de leur agencement, ni de leur remplacement ou de la réparation de ceux qui remplissent mal ou ne remplissent plus leur fonction, mais c'est le vivant lui-même qui produit ses parties, se reproduit et « se répare », bref, qui se fait exister et persévérer dans l'existence de manière spontanée : qu'un être vivant se blesse par exemple, et les tissus lésés vont peu à peu se reconstituer et se cicatriser d'eux-mêmes, sans intervention extérieure. Ou encore, comme le disait Aristote, le médecin peut bien soigner, mais c'est la nature et elle seule qui guérit : l'homme de l'art ne fait qu'accélérer et faciliter un processus naturel parfaitement autonome. De même, il n'y a que dans le vivant qu'on observe ce qu'on pourrait appeler des processus de compensation ou de correction, quand un organe est artificiellement ôté ou simplement défectueux. Ainsi, par exemple, aussi étonnant que cela puisse paraître, un homme peut tout à fait vivre sans cet organe pourtant fondamental pour la digestion qu'est l'estomac : une poche de substitution se formera peu à peu d'elle-même dans ses intestins, qui assumera tant bien que mal la fonction de l'estomac manquant. Tous ces phénomènes, que l'observation de la nature organisée nous révèle, une machine en est incapable, dans la mesure où elle ne doit sa forme et son existence qu'à l'intervention extérieure de l'esprit et de la main de l'artisan. Tel est donc le propre de la bien nommée « nature organisée » : elle s'organise elle-même, par elle-même. Ses « parties » sont des organes autoformés, et non des rouages fabriqués de l'extérieur. Bref, elle est caractérisée par une finalité interne, quand la machine possède tout au plus une finalité externe, celle que lui donne l'artisan, ni plus ni moins.

b) La « force motrice » et la « force formatrice »

On ne peut donc réduire un être organisé à un mécanisme, comme le faisait Descartes avec sa doctrine des « animaux machines » : si l'on trouve bien dans l'un et l'autre cas du mouvement à l'œuvre, qui se transmet d'une partie à une autre, il n'y a que dans la nature vivante que l'on trouve en outre une puissance d'autoformation et d'autoproduction. Tel est le sens de l'opposition dans le texte entre « force motrice » et « force formatrice » : quand une machine quelconque ne possède que la première, le vivant possède les deux. Et c'est « en soi » que le vivant possède cette « force formatrice », c'est de et par lui-même qu'il se produit et se reproduit, et non sous l'effet nécessaire d'une cause efficiente extérieure. Cette capacité d'organiser une matière de manière immanente et finalisée (puisque tous les organes n'ont qu'un seul but : maintenir la vie du vivant), l'explication mécaniste ne peut que la rater. Elle ne raisonne en effet qu'en termes de causalité mécanique, c'est-à-dire de transmission du mouvement, lors même qu'il s'agit dans le vivant en tant que vivant de tout autre chose, à savoir de la venue à l'être de formes s'organisant par elles-mêmes en vue d'un but : le maintien de la vie du vivant.

II. L'intérêt philosophique

1. L'opposition aristotélicienne entre la nature et la technique.

Aristote opposait déjà dans La Physique le mode de production technique et le mode de production naturel du point de vue de la causalité. On peut remarquer avec lui que dans tout processus de production d'une chose, quelle qu'elle soit, quatre causes interviennent : la cause

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