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Suffit-il de communiquer pour dialoguer ?

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Par   •  22 Octobre 2014  •  2 041 Mots (9 Pages)  •  4 140 Vues

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Introduction

« C’est un véritable dialogue de sourds! », tel est le constat que nous pouvons être amenés à faire lorsque spectateurs d’un débat ou d’une discussion, nous observons des individus qui restent campés sur leurs positions, refusant d’écouter les arguments des autres et ne cherchant qu’à avoir raison. S’il y a dialogue de sourds c’est parce que, dira-t-on, les individus ne communiquent pas et restent enfermés dans leurs opinions, leurs idées, sans prendre en compte ce que l’autre dit. La communication entendue comme le fait de rendre communs, de transmettre des points de vue, des opinions ou des idées, semble ainsi une des conditions du dialogue entre deux ou plusieurs personnes. Là où il n’y a pas de communication, aucun dialogue n’est possible. Dialoguer c’est avant tout mettre en commun, communiquer. Cependant, suffit-il de communiquer pour dialoguer? Toute communication est-elle nécessairement dialogue? Lorsqu’il s’agit de réfléchir à la manière dont on veut transmettre des informations à un public ou à un groupe d’individus, on parle communément de techniques de communication et non de dialogue. La publicité, le marketing sont par exemple des domaines dans lesquels on va s’attacher à mieux transmettre les vertus d’un produit à d’éventuels clients en prenant en compte leurs désirs et leurs aspirations. Ainsi, il n’y aurait pas de dialogue sans communication et pourtant toute communication ne serait pas dialogue. Qu’est ce alors qu’un véritable dialogue? A quelles conditions la communication peut-elle être dialogue? La mise en commun qui parait caractériser aussi bien le dialogue que la communication est-elle toujours identique?

Première partie

Dans une acception courante, dialoguer signifie échanger des propos, mettre en commun des idées ou des opinions afin de mettre à jour des accords ou des désaccords avec un ou plusieurs interlocuteurs. En ce sens le dialogue est une forme de communication entre des individus et c’est pourquoi, comme nous l’avons évoqué dès l’introduction, il faut distinguer une apparence de dialogue et un dialogue véritable. Parler de dialogue de sourds c’est désigner cette situation dans laquelle des personnes se parlent sans s’écouter, sans échanger, en restant imperméables au discours de l’autre par un refus de le prendre en compte. Le véritable dialogue exige donc l’acceptation de mettre en commun les différents points de vue et arguments afin d’évaluer leur validité. C’est pourquoi on peut apparemment dialoguer, d’un pur point de vue formel, en se répondant, en parlant à deux ou à plusieurs, sans communiquer. Nombreux sont les débats d’opinions dans lesquels on assiste à cette volonté de la part de chacun d’imposer son point de vue en occupant le plus possible « le temps de parole » sans jamais débattre véritablement des arguments de l’autre ou de ceux que l’on a à proposer. On peut d’ailleurs remarquer que, bien souvent, cette absence de dialogue est d’une part due à une absence totale de communication, mais aussi qu’elle conduit d’autre part à un échec de communication à l’égard des spectateurs du débat. Ainsi il n’y a dialogue que s’il y a communication, que s’il y a échange entre des individus. C’est une telle absence de communication que nous pouvons observer dans un dialogue de Platon, le Gorgias, qui entre autres oppose Socrate à Calliclès sur la question de la justice. Socrate soutient l’idée selon laquelle il « vaut mieux subir l’injustice que la commettre » et Calliclès soutient la position inverse. L’enjeu est important: vaut-il mieux s’en sortir quitte à être moralement condamnable ou vaut-il mieux agir toujours selon le bien? Un dialogue s’engage.

Mais que constate-t-on? Le dialogue se termine sur un mythe raconté par Socrate et non sur une réponse argumentée et définitive.

Etrange dialogue. Est-ce à dire qu’on ne puisse pas répondre à ce problème trop difficile? Non, ce qui fait que ce dialogue échoue est l’absence de communication. Calliclès a finalement décidé qu’il parlerait avec Socrate mais il n’écoute rien. Lorsque Socrate l’interroge il répond :

« Vas-y, pose tes petites questions, tes questions de rien du tout » Avant même de répondre, il a déjà décidé que les questions ne valaient rien. On assiste donc à un refus total de communication qui finit par ruiner le dialogue. Calliclès ne veut rien entendre.

Ainsi, la communication semble être une condition sans laquelle le dialogue ne peut avoir lieu. Pour qu’il y ait dialogue, il faut que les divers protagonistes acceptent de dialoguer, d’échanger, de mettre en commun. C’est pourquoi la communication comme le dialogue peuvent n’être qu’apparence. On peut faire mine d’échanger alors que rien n’est entendu, qu’aucune communauté n’est établie. C’est encore ce que remarque Socrate lors de l’ouverture de son procès. Les juges le condamnent pour impiété à l’égard des dieux et corruption de la jeunesse, mais les jeux sont déjà faits, on fait semblant de communiquer, d’établir un dialogue lors du procès. On laisse à Socrate la possibilité de s’exprimer et de se défendre, mais on veut s’en débarrasser (sinon comment comprendre la possibilité qu’il lui est officieusement offerte de s’enfuir?). Le procès va donc être une absence totale de dialogue (Voir l’Apologie de Socrate) et Socrate le fait remarquer dès le début. Il n’y a pas d’échange possible, car il n’y a pas de mise en commun possible: « J’ai soixante dix ans. Je suis tout à fait étranger au langage d’ici » Qu’est ce à dire? Ne parlant pas la langue des juges, aucun dialogue ne va être possible, et ceci parce qu’il n’y a rien de commun. Dialoguer suppose ce qu’instaure la communication à savoir un monde commun. C’est pourquoi à propos des négociations de paix entre l’Israël et la Palestine, James Baker faisait remarquer que le plus difficile était que les pays s’accordent par émissaires interposés sur l’heure et le lieu des rencontres, à savoir sur un terrain commun qui est la condition même de tout dialogue.

Deuxième partie

Ainsi, le dialogue semble requérir comme condition nécessaire la communication. Toutefois, affirmer que la communication est une condition nécessaire au dialogue ne conduit pas à dire que toute communication est nécessairement

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