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Rousseau Et 'autorité

Note de Recherches : Rousseau Et 'autorité. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2013  •  792 Mots (4 Pages)  •  707 Vues

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Soumission et liberté dans la philo de Rousseau

Ce titre a ceci de paradoxal qu’il ne veut pas opposer soumission et liberté mais les penser ensemble, et cela de façon plus étroite que ne l’a fait jusqu’à présent la tradition du commentaire. Le premier paradoxe est bien sûr de penser ensemble la soumission et la liberté chez un auteur connu pour les opposer, on pense ici au célèbre incipit du chapitre un du Contrat, « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers »[1], célèbre formule qui pourrait n’être que la reprise de la dégénérescence annoncée dans le second Discours, « Tous coururent au devant de leurs fers croyant assurer leur liberté »[2]. Dans cette répétition de l’oxymore opposant les fers et la liberté on retrouve, avec la dimension physique des fers, un aspect inexorable et inflexible qui caractérise la nécessité de la soumission. Je forge l’hypothèse que toute soumission se comprend à partir d’une soumission absolue, totale et définitive, ou à proximité de cette figure, comme la menace d’une mort imminente par exemple. Cette proximité a pu justifier l’esclavage contractuel, et c’est elle qui est visée lorsque Rousseau fait de l’esclavage un état de guerre[3], à la suite de Locke[4].

Toutefois, à partir de ce rapprochement entre soumission et nécessité, on s’aperçoit que l’opposition, radicale et définitive, entre la liberté et les fers, n’est pas l’opposition de la liberté et de la soumission. Le premier dépassement, paradoxal, proprement rousseauiste, de l’opposition entre soumission et liberté, est connu : il s’opère par ce qui rapproche la soumission de la nécessité, et qui éloigne donc la soumission des fluctuations liées à l’arbitraire dans le commerce des volontés : Rousseau réunit soumission et liberté sous la loi, entendue tout d’abord ici comme loi de l’État. Non seulement on peut « être libre et soumis aux lois »[5], mais la soumission aux lois rousseauistes, lois qui ne font acception de personne et ne peuvent avoir qu’un objet général, est même condition de la liberté : « il n’y a pas de liberté sans lois »[6].

Pour penser le rapport entre liberté et soumission, il faut donc commencer par distinguer ce qui est ou non nécessité dans la soumission, voire réserver le nom de soumission à celle qui sera inexorable et inflexible. Par distinction d’avec cette soumission, il faudrait alors désigner par obéissance la soumission des individus entre eux, avec toute la contingence liée à l’arbitraire interhumain. Cet arbitraire peut s’appeler despotisme en politique, mais il prend aussi une forme morale, dans toute dépendance envers l’opinion d’autrui. Les multiples formes que peut prendre cette dépendance nous rappellent que l’on n’obéit pas seulement au despote, mais, dans une concaténation évoquée par La Boétie, à ses sbires. La figure de la dépendance envers autrui – ce que Rousseau appelle la « dépendance personnelle » – est donc répandue en politique également, et c’est contre cette dépendance que la liberté politique se définit comme indépendance envers la volonté d’autrui. Cette liberté politique s’acquiert en se soumettant à des lois puissantes qui ne font acception de personne. Soumission et liberté vont alors de pair.

Mais soumission et liberté

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