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Reconnaît-on L'artiste à Son Savoir-faire ?

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Par   •  15 Mars 2014  •  1 554 Mots (7 Pages)  •  3 221 Vues

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Demander si l’on reconnaît l’artiste à son savoir-faire, c’est interroger la pertinence du savoir faire comme critère de distinction d’un artiste et de l’art en général. On met parfois en avant le savoir-faire d’un artiste, un sens aigu de la couleur, ou une grande économie de moyens, comme caractéristiques permettant de reconnaître son travail. Mais quel est le sens de cette reconnaissance ? Il semble qu’elle soit double : le savoir-faire permettrait à la fois d’identifier et d’évaluer un artiste. Le savoir-faire est-il donc le critère essentiel de l’évaluation d’un artiste ? Si c’est le cas, ne faut-il pas en conclure que c’est ce même critère qui caractérise les beaux-arts en général ? En effet, si le savoir-faire permet de reconnaître l’artiste en tant qu’artiste, alors c’est qu’il intervient de manière essentielle dans la définition même de l’art. Or, la difficulté réside dans le fait que le savoir-faire apparaît également comme un critère d’évaluation de l’artisan ou du technicien. D’où le problème : comment distinguer les beaux arts des productions techniques en général si leur critère d’évaluation est identique ? Il importe donc d’examiner et de penser le statut réel du savoir-faire dans l’art.

Premièrement, oui, on peut reconnaître l’artiste à son savoir-faire. Le savoir-faire permet d’identifier un artiste ou un courant artistique

Si le savoir est à lui-même sa propre fin, le savoir-faire s’en distingue en ce qu’il est entièrement tendu vers sa finalité, qui est de produire. C’est un savoir qui mobilise à la fois des connaissances théoriques et des connaissances pratiques : il implique d’une part la connaissance des règles techniques de production et d’autre part une certaine expérience, voire une certaine habileté dans la mise en oeuvre de ces règles. La plus ou moins grande maîtrise dans le savoir-faire est donc toujours particulière à un producteur donné. Cette particularité permet de caractériser un artiste. Le savoir-faire peut en effet être spécifique à un artiste ou un courant artistique. C’est pourquoi il permet une reconnaissance : on peut dater une oeuvre, l’attribuer à un artiste ou une époque spécifique de l’histoire de l’art, grâce à la reconnaissance du type de savoir-faire employé. La plus ou moins grande maîtrise du point de fuite et des techniques de la perspective permet par exemple de reconnaître un peintre de la Renaissance, de le situer dans la peinture de l’époque. Le reconnaître, c’est montrer en quoi sa technique participe spécifiquement de la peinture de la Renaissance, mais c’est aussi lui attribuer une valeur au sein de ce courant.

Le savoir-faire fournit un critère pour apprécier la valeur d’un artiste.

Si la reconnaissance d’un savoir-faire peut prendre la forme d’un jugement de valeur, on peut en conclure que le savoir-faire est un critère pour évaluer l’art d’un artiste. Reconnaître un artiste, c’est ici le distinguer et le célébrer grâce à un processus d’évaluation. De nos jours, on distingue parfois un cinéaste en raison de la virtuosité de ses mouvements de caméra. L’habileté, voire la virtuosité dans le savoir-faire, devient ainsi le critère même de l’art. C’est là le sens de l’expression : faire « avec art ». L’art désigne ici une habileté dans le savoir-faire, une habileté native ou acquise, qui distingue un artiste. Ce savoir-faire se rapproche ainsi de la notion de style. En célébrant le savoir-faire d’un artiste, on loue la particularité qu’il a dans sa manière de s’engager dans une oeuvre. Le savoir-faire apparaît ici comme le résultat d’une tension entre un savoir général et une manière particulière de faire. Un résultat qui signe la particularité de l’artiste et permet son évaluation.

Mais ce savoir-faire suffit-il à faire l’artiste ? Hegel, dans l’Esthétique, remet en question l’habileté, dans le savoir-faire de l’imitation de la nature, comme critère de distinction. Une telle habileté est vaine, et ne peut procurer qu’une satisfaction passagère, de l’ordre de la surprise ou de la curiosité. Or le plaisir esthétique est intense et durable. En outre, comment distinguer l’artiste de l’artisan ou du technicien si l’on fait de l’habileté dans le savoir-faire le critère de reconnaissance des beaux-arts ? Tout artisan, en tant qu’il produit des objets, se caractérise lui aussi par son savoir-faire. On distingue pourtant les productions de l’artiste et celles de l’artisan. Il semble donc que le critère du savoir-faire ne suffise pas à reconnaître et distinguer les beaux-arts comme tels.

Deuxièmement, il peut arriver de ne pas reconnaître l’artiste à son savoir-faire. L’artiste se reconnaît à son génie.

Si l’on veut penser la distinction entre l’artiste et l’artisan ou le technicien, c’est le génie qui apparaît comme le critère spécifique des beaux-arts. Ce qui fait la spécificité de l’artiste et signe son talent, ce n’est pas son savoir-faire comme habileté technique, mais le talent qui procure à son oeuvre beauté, puissance et originalité.

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