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Position antique du probleme de l'etat

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Par   •  14 Mai 2015  •  Analyse sectorielle  •  10 732 Mots (43 Pages)  •  547 Vues

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L’ETAT

Paul Valéry: “si l’Etat est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous périssons.”

INTRODUCTION

“Etat” désigne l’ensemble des institutions légales qui doivent assurer le bon fonctionnement d’une société. Il peut se confondre avec le pouvoir personnel d’un homme (le Prince, le Léviathan, le tyran) ou avec une administration, une bureaucratie anonyme où plus personne ne détient de pouvoir en nom propre.

Ambiguïté de l’Etat: il est à la fois issu de la société, et n’est pas la société. D’où un débat classique: lequel doit être au service de l’autre? Est-ce à l’Etat de se subordonner aux intérêts de la société, ou l’Etat issu de la société acquiert-il son autonomie jusqu’à se subordonner la société, à pouvoir la réorganiser selon ses besoins?

N.B. le problème de l’Etat a beaucoup évolué au fil de l’histoire. Par exemple “tyrannie” désignait en Grèce un pouvoir personnel, sans connotation péjorative (il y avait de bons tyrans), pour certains, la seule différence d’avec une démocratie, c’était qu’on y perdait moins de temps en discussions! Le tyran, pour la philosophie politique moderne (Hobbes et Machiavel principalement), c’est quelqu’un qui assume une fonction indispensable: il assume tout le pouvoir dans une société pour empêcher les hommes de se battre.

I. LA POSITION ANTIQUE DU PROBLEME DE L’ETAT

La grande question des philosophies politiques de l’antiquité consistait à demander quel est le meilleur des régimes politiques, à faire donc une sorte de typologie.

A. la République de PLATON

Lorsqu’on pose à Platon la question “qu’est-ce que la justice?”, il répond par “un vaste détour”. La justice est la même en l’homme, l’individu, et en la cité. Mais elle est plus visible dans la cité. Si l’on veut savoir ce que c’est que la justice, il faut commencer par construire en imagination une cité modèle, absolument juste. C’est à partir de l’idée, du paradigme qu’on pourra comprendre et juger les différents régimes existants. Cette cité parfaite a donc, au départ, valeur d’hypothèse: elle permet la recherche.

La question “quel est le meilleur régime politique possible?” devient donc: “quel est le régime le plus juste?”

1) la naissance de la société

Il faut commencer par savoir pourquoi les hommes se sont assemblés en sociétés (République livre 2). Ce ne peut être que le besoin qui les a poussés à se rassembler en une communauté. Chaque homme, isolément ne peut pas produire tout ce dont il a besoin. Par contre, en s’y mettent à plusieurs, ils peuvent se partager les tâches. L’origine de la société est donc l’avantage que présente la division sociale du travail: chacun, en se spécialisant dans une tâche, pourra devenir spécialiste en la matière et faire profiter tout le monde de son savoir-faire. C’est ainsi que les techniques de production peuvent progresser, et c’est aussi l’origine du luxe.

C’est donc dans la recherche de leur intérêt que les hommes se sont réunis en cités. Mais c’est aussi la recherche de leur intérêt qui risque en permanence de faire éclater cette communauté. En effet, on peut estimer ne pas trouver son avantage dans la répartition des richesses ou des honneurs, revendiquer, au nom de son sentiment naturel de justice “une plus grosse part du gâteau”. Et c’est là l’origine de toutes les crises qui peuvent secouer une cité. La politique n’est souvent que l’art de défendre ses intérêts ou ceux d’un groupe. C’est particulièrement visible dans l’exemple de la tyrannie: le tyran, dans la plupart des cas, se sert du pouvoir pour satisfaire ses désirs.

Conséquences

a) c’est donc là le problème qu’ont à résoudre toutes les communautés humaines: non pas tellement attribuer à chacun son dû (comment mesurer ce dû?), mais faire en sorte que chacun estime avoir ce à quoi il a droit, pour éviter les conflits.

b) c’est ce qui explique la fragilité des choses politiques: dans chaque cité, le pouvoir passe de mains en mains, et la cité passe par une succession de régimes politiques.

RETENIR: L’origine de la cité est donc le besoin, mais ce qui risque de la détruire, c’est le désir, l’injustice qu’elle engendre.

2) la succession des régimes

Au livre VIII, Platon explique qu’il existe essentiellement quatre types de régimes:

- la timocratie: le régime politique qui met la guerre et l’honneur parmi les plus grandes valeurs de l’homme

- l’oligarchie: ou aristocratie, où seul un petit nombre gouverne, et lorsque le critère est la richesse, on parle de ploutocratie

- la démocratie, où tous gouvernent

- la tyrannie où un seul gouverne

Quatre régimes distincts qui correspondent à quatre types d’hommes qu’on verra plus loin. Retenons surtout que ces quatre régimes se succèdent régulièrement les uns aux autres: par une loi nécessaire, “une forme de gouvernement se transforme en une autre du fait même de ceux qui y détiennent l’autorité, par l’apparition d’une division interne. La cohésion sociale, au contraire, fût-ce dans un pays grand comme un mouchoir de poche, rend impossible tout changement” (VIII 545).

C’est-à-dire que de toutes les réalités sensibles, les régimes politiques sont les plus instables, ils fuient constamment, se succédant les uns aux autres, car chaque régime contient déjà en lui sa contradiction interne qui va le faire disparaître.

Dans le régime timocratique, les individus, naturellement portés à rechercher les honneurs et à valoriser par-dessus tout la valeur au combat, vont progressivement se désinvestir pour ne plus s’adonner qu’à la recherche de la richesse. Dorénavant, “l’honneur va à la richesse”. C’est sa fortune qui va déterminer si un individu aura accès à une charge politique ou non (système censitaire). On est passé naturellement de la timocratie à l’oligarchie.

Dans la cité oligarchique, il y aura deux cités qui se côtoieront sans se mélanger: celle des riches et celle des pauvres. Autre caractéristique: une police renforcée

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