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Philippe Mary - Les figures du risque -

Fiche de lecture : Philippe Mary - Les figures du risque -. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2016  •  Fiche de lecture  •  1 420 Mots (6 Pages)  •  1 467 Vues

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Compte rendu critique n° 2 de l’article :

Mary, P. (2005). Les figures du risque et de l’insécurité. L’impact sur le contrôle. Informations         sociales, 6 (126), 16-25.

        Philippe Mary en 2005[1] va essayer de démontrer le passage d’un État social reposant sur le « mythe du contrat social »[2], à un État sécuritaire, reposant sur l’insécurité. Pour ce professeur belge, le nouveau système pénal repose sur une gestion managériale des risques, qui vise à identifier les groupes à risque pour les neutraliser. Nous sommes bien loin de l’idée de chercher les dysfonctionnements d’une société pour éviter l’acte. L’auteur va exposer les preuves de ce basculement, en Belgique, à partir des années 80, avant de nous montrer les conséquences d’un tel changement sur les individus.

        Pour le professeur de l’U.L.B.[3], le thème de l’insécurité, et donc, le montée en puissance de l’État sécuritaire, s’est fait progressivement à travers des figures du risque. Ces trois figures partagent des traits communs et s’inscrivent dans une logique politique ; « la sécurité est une question politique »[4]. C’est en 1991 que naît cette première figure criminelle, à la suite des « émeutes urbaines »[5], qui font éclore des politiques pénales autour de la petite délinquance ; le jeune, la drogue,… . La délinquance urbaine devient le cheval de bataille des politiques. L’année 1996 fut l’année Dutroux ; traumatisme pour la Belgique et pour l’Europe, le délinquant sexuel devient « l’égide »[6] du gouvernement pour entamer moult réformes de plus en plus sécuritaires. Mais l’apogée se fait en 2001, le 11 septembre pour être plus précis. Le monde pointe alors du doigt une nouvelle forme de délinquance, le « terroriste islamiste »[7].

        Ces trois figures criminelles reposent sur trois principes communs. Premièrement, les concepts et comportements visés sont imprécis, non identifiables, une construction plutôt qu’une réalité objective. Deuxièmement, pour combattre ces crimes, le pouvoir politique met en place des dispositifs dans l’urgence, dans la vague émotionnelle de la société. On agit de façon globale, nous dit l’auteur, de façon à ce que les dispositifs d’exceptions deviennent la règle (Bigo, 2002). Enfin, ces mesures « d’exception », révèlent une effectivité de façade, comme ci « le discours politique sur l’insécurité se suffirait à lui-même »[8]. L’illusion suffit, l’action n’est pas nécessaire si le peuple pense que l’on agit.

        Voilà ce que dénonce Philippe Mary en 2005, « le jeune délinquant d’origine étrangère constituerait la pépinière du terrorisme »[9] et le combat de façade suffit à rassurer le peuple. Elle est bien loin la protection sociale et économique d’antan, elle est bien loin l’égalité des hommes devant la justice ; la criminalité de ces trois figures va devenir l’apanage du politique. Baratta parle de « politique spectacle »[10], cette politique qui ne cherche pas vraiment les causes, mais qui cherche à démontrer son action, montrer son efficacité « relative ». Pour l’auteur, nous sommes dans un processus de « légitimation de l’action étatique »[11]. Les autres crimes, les infractions moins visibles, celles qui ne gênent pas directement l’État, celles-ci ne sont pas pris en compte. Pour l’auteur, ce sont pourtant elles, les infractions financières, qui sont les plus préjudiciables pour la société. Pourtant le « gouvernement » fixe l’attention ailleurs, il fait diversion face à ces délits économiques.

        Nous en sommes bien là pour le professeur Mary, l’État se servirait des figures criminelles pour recentrer son action sur les fonctions régaliennes. Grâce à cette position, le pouvoir politique peut abandonner la sphère socioéconomique qui dominait l’État social. Ce changement de paradigme s’est installé progressivement grâce à cette vision managériale de gestion du risque. Le but premier du pénal devient alors la protection de la société, l’individu s’estompe, le but de la peine n’a plus de sens. Réintégrer, aider, soutenir,… « Trêve de baliverne » ! L’État est là pour déterminer les risques, classer, catégoriser, prévenir ; contrôler. Éviter la délinquance ce n’est plus comprendre la délinquance, s’est déterminé les groupes à risque pour punir avant que l’acte n’arrive. Cette notion de dangerosité individuelle est soutenue par la mise en place d’une politique pénale actuarielle[12] en Europe.

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