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Peut-on être Heureux Sans L'Etat ?

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Par   •  12 Avril 2014  •  2 843 Mots (12 Pages)  •  1 677 Vues

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Peut-on être heureux sans l'État ?

L'homme est un « animal politique » selon Aristote. Cela signifie que, pour lui, les hommes ne peuvent se réaliser en tant qu'êtres humains s'ils ne font pas partie d'une communauté que l'on appelle société et qui, à ce titre, est organisée en un ensemble d'institutions coordonnées (politiques, juridiques, militaires, administratives, économiques) qui assurent le bon fonctionnement de la vie active des hommes entre eux. En d'autres termes, l'État et les règles émanant de cet État sont faites pour protéger les hommes et pour faire en sorte qu'ils vivent harmonieusement. Mais alors, peut-on être heureux sans l'État ? Envisager une vie sans État c'est analyser ce que serait la condition des hommes dans un état de nature. On imagine alors les menaces qu'exerceraient les hommes entre eux sur leurs libertés réciproques et donc sur les conditions de leur bonheur, cet état de satisfaction totale et durable qui se distingue des plaisirs ou d'une joie éphémère. Le bonheur serait donc atteignable seulement dans le cadre de l'État. Mais il y a de nombreuses sortes d'Etats qui existent, et selon ses caractéristiques, les conditions d'accès au bonheur peuvent y être divergentes et se retrouver altérées. Un état de nature pourrait donc être ainsi moins dangereux qu'un État totalitaire ou qu'un État corrompu. Mais peut-on envisager une société constituée d'individus heureux sans État ? Vivre sans État n'est pas synonyme de vivre sans règles, ni sans hiérarchie, cela signifie seulement que l'organe du pouvoir n'est pas séparé du corps sociétal, cela paraît donc tout à fait envisageable. En effet, on peut se poser la question : est-ce à l'État de se charger de notre bonheur ? Le bonheur ne serait-il pas plutôt une affaire personnelle et qui ne concernerait que l'individu en lui-même ? Mais dans ce cas quelle serait la différence entre vivre avec ou vivre sans État, si le bonheur n'en dépend pas ?

Pour reprendre Aristote, si un homme vit seul, il peut souffrir de solitude et perdre une part de son humanité en devenant un  animal. Un homme ne pourrait vivre heureux en étant totalement seul, il a besoin d'autrui pour atteindre son bonheur. En d'autres termes, l'homme ne s'accomplit dans sa dimension sociale que s'il vit avec d'autres hommes. Les hommes forment donc tout naturellement des sociétés afin que par un jeu de complémentarité, ils réalisent ce pourquoi ils sont destinés et ce qu'ils sont en puissance.

On pourrait imaginer qu'à l'état de nature, dans un territoire où il n'y aurait pas de contraintes imposées par l'État, les hommes auraient une liberté infinie et pourraient être parfaitement heureux. Mais, selon Hobbes, on ne peut être entièrement heureux dans une situation où l'on n'est pas certain d'atteindre son but, si à tout moment les autres constituent une menace pour sa vie, celle de sa famille ou de ses biens. Par conséquent, libre de poursuivre ses désirs, et donc d'être heureux à sa guise, l'homme vit en même temps dans une inquiétude permanente, de l'imminence d'une agression ou de la mort. Ne pouvant continuer à exister dans un tel état de peur, d'ailleurs incompatible avec le désir de tout individu d'être heureux, les hommes auraient décidé de confier le soin de s'assurer leur sécurité à un tiers, l’État, à condition que chacun se dessaisisse du droit absolu qu'il a sur toutes choses dans l'état de nature. Ainsi, par la menace de la force, l’État aménage le cadre d'une sécurité collective où chacun peut alors poursuivre dans les limites de sa vie privée le bonheur qu'il souhaite à condition de ne pas empiéter sur celui d'autrui.

L'État est une force qui se place au dessus de la société qu'il dirige afin d'être totalement impartial et juste, il ne peut être au même rang que la société au risque de prendre part aux conflits.

L'État démocratique, en plus d'instaurer un cadre sécurisant, tente également de garantir aux citoyens les même droits et peut aller jusqu'à personnaliser ces droits en fonction de la situation sociale de chacun. Autrement dit, l'État essaie de corriger les inégalités et aide ainsi chaque individu à tendre vers le bonheur.

Nos vies étant régies par la recherche du plaisir et l'évitement de la souffrance, la quête du bonheur s'impose naturellement à nous comme une règle d'action valable universellement. Elle est par conséquent de nature morale : maximiser le bonheur n'est pas seulement une reconnaissance mais devient alors un devoir. C'est pourquoi chaque État quel qu'il soit prend en charge le bonheur parce que ce serait une valeur très importante et qui déterminerait le comportement d'un peuple à accepter ou non le pouvoir : si le peuple est heureux, il ne se révoltera pas contre l'État. Rousseau établit ainsi que toute légitimité politique se fonde sur la communauté et la volonté générale: si nul n'a le droit d'aliéner au profit d'un autre sa liberté morale et civique, il est souhaitable que les hommes concluent entre eux un pacte, un contrat . L'individu renonce à une liberté absolue et se soumet aux règles dictées par l'intérêt général. En échange, la communauté garantit la sécurité de chacun et le respect des règles et des droits ainsi établis. Cependant, une étude vient prouver que ce n'est pas dans les régions où il y a le plus d'État que les habitants déclarent y vivre plus heureux. Cette étude est basée sur l'invention du roi du Bouthan, un indicateur de niveau de vie : le Bonheur national Brut (BNB). Ce roi a déclaré : «Si le gouvernement ne peut pas faire le bonheur de son peuple, il n’y a pas de raison que ce gouvernement existe». Après le « devoir d'être heureux » instauré pour l'individu, le BNB viendrait désormais attribuer à l'Etat l'obligation de favoriser le bonheur des citoyens.

Les hommes formeraient donc naturellement des sociétés régies par un État au motif que sans lui la société irait inexorablement à son autodestruction. Nous ne pourrions donc pas être heureux sans État car les conditions d'accès au bonheur qu'il nous donne ne peuvent se retrouver ailleurs.

Mais les utopies politiques qui visent le bonheur de « tous » sont potentiellement dangereuses. Elles risquent d’imposer une vision particulière

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