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Peut-on Tirer Des Leçons De L'histoire ?

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Par   •  5 Mai 2012  •  1 694 Mots (7 Pages)  •  11 532 Vues

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Une leçon peut être une séance d’enseignement, ce que l’on tire d’une expérience. Elle peut être le fruit d’un enseignement moral, d’une sagesse. L’histoire, avec un grand H, correspond à l’Histoire de l’Humanité : histoire des cultures et des civilisations. Elle regroupe les évènements, les actes, les faits du passé c’est-à-dire la mémoire des Hommes. L’histoire est également la science-même qui étudie le passé de l’Humanité, qui relate et interprète les faits. L’idée de tirer des leçons de l’histoire est-elle légitime ? Cette question nous confronte au problème suivant : en quoi serait-il légitime de tirer des leçons de l’histoire ? Tout l’enjeu du devoir consistera à montrer que malgré son aspect contingent, l’Histoire comme l’histoire peuvent être source de leçons pour l’Homme ainsi que pour l’Humanité toute entière. Pour ce faire nous commencerons par envisager le contrepied de notre thèse boussole pour ensuite, dans une seconde partie, montrer que nous pouvons tirer des leçons de l’histoire.

Les philosophies de l’Histoire du 18eme et du 19eme siècle postulent l’idée selon laquelle l’histoire irait dans le sens du progrès. Elles déchiffrent les évènements passés à la lumière d’une idée : le progrès, qui permet de donner un sens à l’histoire dans sa globalité. Ainsi tous les évènements sont interprétés en vertu de cette orientation à laquelle la raison aspire. Dans son texte Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolite, Kant exprime deux rapports à l’Histoire : un rapport nihiliste, tout d’abord. L’Histoire serait absurde, elle n’aurait aucun sens. Les évènements étant le fruit du hasard, des passions des Hommes, ils ne s’inscrivent donc dans aucun ordre logique. Il n’y a pas d’ordre en dehors de l’ordre chronologique, l’Histoire est le lieu de la contingence. Le constat qu’introduit alors Kant est le suivant : l’Histoire est sans morale, elle est désordonnée. Elle est un tissu de folies qui conduirait l’Homme à désespérer de sa propre espèce, à se consterner devant l’Humanité. Le second rapport auquel Kant se réfère est celui qu’il adopte à la fin du texte : le rapport finaliste. Il est le rapport que les philosophies de l’Histoire adoptent également. L’Histoire humaine agirait donc en fonction d’une finalité, d’un ordre logique, d’une nécessité. Les philosophies de l’Histoire assigneraient donc à l’Histoire un sens donné par la nature, la providence ou même par Dieu en personne. Ces deux visions de l’Histoire, nihiliste et finaliste (voir fataliste et déterministe), écartent donc toute possibilité de tirer de leçon de l’Histoire. Dans le premier cas, cette dernière n’a de toute façon aucun sens et dans le second cas, elle serait déjà toute tracée et l’Homme ne saurait contrecarrer les desseins de Dieu.

François Châtelet, dans son texte La Naissance de l’histoire, récuse l’idée de Pascal selon laquelle seul le présent est une réalité du passé. Il faut considérer le passé comme ayant existé. L’auteur montre un paradoxe : le passé et le présent sont à la fois mêmes et à la fois autres. Ils sont les mêmes car ils sont homogènes : le passé et le présent sont deux dimensions du continuum temporel. Mais ils sont différents : chaque moment du continuum temporel est unique. Châtelet ajoute que seule l’existence humaine est historique : l’animal et Dieu ayant une existence anhistorique, Dieu parce qu’il est un être éternel, transcendant et dont l’existence échappe au devenir, l’animal, parce que, bien que plongé dans le devenir, est un être soumis à la nécessité et donc à un instinct. Aucun de ces deux « êtres » n’est ouvert à la contingence. Châtelet récuse ainsi les idées des nihilistes et des finalistes puisque l’Homme est ici un être qui agit en qualité d’agent libre et dont l’existence est donc ouverte à la contingence. Dans ce même texte, il pose l’idée comme quoi il serait impossible de tirer de leçon de l’histoire car, à ses yeux, l’histoire est linéaire et homogène : linéaire au sens où il y a un continuum temporel homogène et donc que le passé est de même nature que le présent. L’auteur critique ainsi deux positions à l’égard de l’Histoire : la première est la position fataliste qui consiste à dire qu’il y n’a « rien de nouveau sous le soleil ». La seconde est la position « édifiante » : celle qui postule qu’on pourrait tirer des leçons du passé. Bien qu’étant opposées, ces attitudes reposent sur un présupposé commun : les évènements se répèteraient ou auraient des caractères communs. Châtelet souligne l’absolue singularité des évènements historiques et de ce fait, récuse cette thèse.

Hegel se base sur la même idée pour briser cette « illusion » selon laquelle nous pourrions tirer des leçons de l’Histoire. « Chaque époque, chaque peuple, se trouve dans des conditions si particulières, forme une situation si particulière, que c’est seulement en fonction de cette situation unique qu’il doit se décider ; les grands caractères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée. » On ne peut être plus clair. En somme chaque situation est unique et particulière. Essayer d’appliquer une quelconque maxime générale est vain et le souvenir d’un

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