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Le peuple peut-il être libre ?

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Par   •  5 Mars 2019  •  Dissertation  •  2 200 Mots (9 Pages)  •  565 Vues

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Devoir-maison de philosophie politique

Dissertation : Le peuple peut-il être libre ?

   Dans L'Esprit de la Révolution, Louis Antoine de Saint Juste indique qu' « un peuple est libre quand il ne peut être opprimé ni conquis ». De cette phrase, on peut d'emblée cerner que la soumission à une puissance étrangère ou à un despote rend impossible toute indépendance des citoyens. Mais, mise à part ces exemples, on reste en doit de se demander s'il est tout simplement possible pour le peuple d'accéder à la liberté, dans la mesure où il existe une tension entre ces deux notions qu'on peut mettre en évidence par leur définition.

   En effet, un peuple se définie usuellement par un regroupement d'êtres humains qui ont la volonté de vivre ensemble sur un même territoire, parce qu'ils partagent un mode de vie, une religion, une culture ou encore une langue. Cela dit, on note que  l'accomplissement de cette volonté de vivre-ensemble nécessite des institutions politiques qui émettent des règles valant pour tous, car sinon la vie en société est impossible. Citons ainsi l'exemple de recherches en psychologie dévoilant que les enfants se donnent spontanément des règles lors d'un jeu, pour éviter de rendre ce même jeu impossible. Un peuple, c'est donc des êtres humains voulant vivre ensemble, qui pour cela vivent sous une même législation. Or, la liberté peut se définir à première vue contre l'idée de règles entravant un individu : celui qui est libre n'est soumis, entravé par personne : il est seul maître de lui-même.

De fait, il apparaît paradoxal qu'un peuple, qui nécessite de vivre sous des règles, puisse en même temps être une réunion de citoyens maîtres d'eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle nous allons nous demander : comment est-il possible qu'une communauté d'hommes vivant sous de mêmes lois peut-elle être en même temps une somme de citoyens uniques maîtres d'eux-mêmes ?

Si nous parvenions à répondre à cette question par l'affirmative en montrant quelles seraient les conditions pour que ce soit le cas, nous serions alors en mesure de concilier la présence de lois avec la liberté.

Pour ce faire, notre démarche consistera dans un premier temps à considérer que l'existence d'un État est une condition nécessaire mais non-suffisante pour garantir la liberté au peuple qui le compose. Dans un second temps, nous verrons qu'il faut en plus de cela que le peuple soit au cœur du processus de décision des lois. Enfin, nous mettrons en lumière que pour couronner la liberté des citoyens, il faut leur octroyer des droits fondamentaux.

Tout d'abord, nous allons voir que l'existence d'un État est nécessaire pour qu'un peuple soit libre.

   Premièrement, l’État permet, en garantissant l'ordre public, d'éviter d'arriver à des situations de privation de liberté.

Si l’État n'existait pas et ne légiférait pas, alors les hommes composant un peuple n'auraient pas la contrainte de la loi. Dans ce cas, il existerait un risque énorme d'un antagonisme entre les volontés de chacun et cela aboutirait à un conflit conduisant à une perte de liberté. Par exemple, une personne voulant avoir une maison qui ne lui appartient pas irait, même sans volonté de préjudicier, à l'encontre de la liberté du propriétaire de jouir de son bien. De même, en l'absence de loi, c'est le plus fort qui l'emporterait et cela conduirait à une domination des plus forts sur les plus faibles, ce qui nuirait à leur liberté. Ainsi, l'homme seul maître de lui-même est un danger envers la liberté d'autrui.

La présence de l’État, au contraire, permet la liberté de chacun en évitant la soumission des plus faibles physiquement à ceux qui sont les plus forts par la loi et les sanctions punitives si elle n'est pas respectée. On pourrait aussi citer l'économiste Hayek qui affirmait que le droit effectuait une coordination des individus : le droit édicté par l’État empêche en effet aux plus forts physiquement de posséder une ressource parce qu'il restreint son accès et protège la liberté de tous les citoyens composant le peuple. Pour reprendre l'exemple de la propriété, la présence du droit édicté par l’État empêche aux seuls plus forts d'avoir accès aux biens immobiliers et garantie donc la liberté des citoyens du peuple à pouvoir posséder ces biens : ils sont libres d'entreprendre l'achat d'une maison sans être soumis aux plus forts.

   De plus, l’État libère les hommes d'eux-mêmes en leur imposant la paix.

En effet, comme le remarque Hobbes dans son Léviathan, l'homme a, contrairement aux animaux, conscience de sa propre mort, sa finitude. En étant mortel, l'homme a peur de sa propre fin. Cela aurait, sans l'existence d'un État producteur de loi et punissant ceux qui y manqueraient, de lourdes conséquences, parce que personne ne se sentirait assez puissant. Cela signifie que le plus fort ne se sentirait jamais assez fort pour ne pas craindre un coup de poignard dans le dos asséné par le plus faible. Ainsi, sans État, ce serait une lutte entre les hommes pour dominer les autres, la volonté d'accumuler toujours plus de biens. Cette lutte serait perpétuelle, parce que l'homme ne veut pas être serein une seule fois, mais veut rendre l'ensemble de sa vie future plus sûre. Cependant, les ressources existent en nombre limité, ce qui veut dire que les hommes, dans leur perpétuel désir d'être plus puissant, iraient à l'encontre du désir des autres. Cela aboutirait au meurtre, car c'est le meilleur moyen d'empêcher qu'un désir venant d'autrui vienne obstruer le mien.

L’État va donc permettre aux hommes de se libérer d'eux-mêmes, de leurs passions qui les tiraillent. L’État empêche la guerre de tous contre tous et en cela rend le peuple plus libre puisqu'il va pouvoir choisir sans assujettissement la vie qu'il souhaite avoir.

Ainsi, première condition nécessaire pour que les citoyens qui composent le peuple soient maîtres d'eux-mêmes, c'est l'existence d'un État qui évite des privations de liberté par les plus forts et qui permet au peuple de bénéficier d'une sérénité lui permettant d'être véritablement maître de lui-même. Mais est-ce suffisant pour qu'un peuple soit libre ? Ce ne saurait être le cas dans un État autoritaire par exemple. Nous allons ainsi voir qu'en plus de l'existence d'un État, il est impératif que le peuple soit au cœur de l'élaboration des lois.

Pour qu'un peuple soit libre, il nous apparaît qu'il faille nécessairement que les citoyens qui le composent décident des règles auxquelles ils vont se soumettre.

   Premièrement, la liberté ne consiste pas à faire tout et son contraire parce qu'on le veut mais à obéir à des lois justes.

 Comme nous l'avons vu dans notre première partie, un tyran ne peut pas être libre car il est soumis à ses passions ainsi qu'à la domination des autres. Voilà pourquoi comme le dit Rousseau dans son Contrat Social, la liberté véritable n'est pas de satisfaire tous les caprices de sa volonté, mais consiste plutôt à ne pas être soumis à la volonté d'autrui et de plus à ne pas soumettre la volonté d'autrui à la notre. Cela veut dire que la liberté s'exprime dans la loi puisque le peuple qui obéit aux lois est libre car il n'obéit pas aux autres hommes.  Mais s'arrêter à cette position serait insatisfaisant : qu'en est-il si la loi dénigre la liberté d'une composante du peuple ? Il faut donc ajouter à cette considération que la liberté c'est l'obéissance aux lois si celles-ci sont justes, fondés sur l'égalité de traitement de tous les citoyens composant le peuple. Ajoutons comme le montre Rousseau que pour accomplir pleinement cette liberté, il faut un pacte social qui va permettre d'obéir à des lois que le peuple se donne lui-même : en abandonnant sa « liberté naturelle », le peuple tout entier va gagner « la liberté civile et la propriété ». En effet, s'il comme nous l'avons vu il est nécessaire d'être soumis à des lois, il apparaît que pour être libre, il faut que les lois soient justes mais aussi décidées par le peuple lui-même. L'aliénation de chaque citoyen va consister en abandonnant ses prérogatives naturelles. Paradoxalement, cela va le rendre libre, car il va s'impliquer dans la communauté et promulguer les lois auxquelles il va obéir.

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