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Le concept d'utopie

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Par   •  28 Octobre 2014  •  Commentaire de texte  •  696 Mots (3 Pages)  •  587 Vues

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Forgé par Thomas More en 1516¹, le terme d'utopie renvoie à un hypothétique pays du bonheur qui n'existerait dans aucun lieu. De façon plus générale, le concept d'utopie apparaît comme la dimension politique du rêve : monde idéal dans lequel l'humanité, exempte de tous les maux, connaîtrait enfin le bonheur dans le paradis terrestre.

D'un point de vue idéologique, l'utopie est donc sous-tendue par le rêve. Comme le rappelle Thomas Seguin² à propos du philosophe Louis Althusser, "À travers l'idéologie, les hommes expriment, non pas leurs rapports à leurs conditions d'existence, mais la façon dont ils vivent le rapport à leurs conditions d'existence. Ce lien imaginaire au réel, institué par l'idéologie, va influencer les formes de subjectivité par la construction de représentations quant au rapport à soi, au rapport aux autres, aux rapports au monde et au temps, par lesquels l'individualité sera vécue et représentée".

De fait, comme il a été justement remarqué³, "l'utopie actualise l'acception du rêve comme construction de l'imagination à l'état de veille, au sens où ce lieu de l'utopie, parce qu'il n'existe pas, invite d'autant mieux à l'idéalisation. Celle-ci a pour objet l'organisation sociale du lieu, entendue bien souvent dans une perspective macrostructurelle : ce sont tous les rouages de la vie sociale qui sont « rêvés ». D'où son caractère éminemment mobilisateur.

Mais la mobilisation, lorsqu'elle se produit, n'est pas sans risque. L'utopie a pour vocation de projeter un idéal social, non de le réaliser".

Si le rêve et l'imagination sociale semblent donc en interaction profonde quand on aborde la question de l'utopie, il faut pourtant se rendre à l'évidence : le rêve utopique imaginé par Thomas More est d'abord un non-lieu lui-même en marge de l'histoire : tel est le sens qu'il faut attribuer par exemple à l'utopie d'Eldorado (doc. 6) : sur le mode imaginaire, Voltaire propose à la réflexion du lecteur des fondements idéologiques qui sont ceux du pragmatisme* des Lumières, mais l'utopie d'Eldorado ne saurait être réalisée concrètement au risque de détourner les valeurs pour lesquelles se battent les philosophes des Lumières. Nombre d'utopies sont en effet de graves illusions idéologiques : c'est ce que dénonce le roman d'anticipation d'Eugène Zamiatine, Nous autres (doc. 5), dont s'inspirèrent Huxley (Le Meilleur des mondes) et Orwell (1984).

Comme nous le comprenons, dérive de la pensée utopiste un profond ressentiment contre le réel : de là le rêve rationnel et techniciste d'un système social idéal obnubilé par la suppression des dimensions existentielles de l'espace et du temps humains. Il n'est dès lors pas étonnant qu'en se donnant les apparences abstraites de l'éternité, les utopies fonctionnent comme une forteresse paranoïaque de surveillance, hantée par la peur du hasard, la puissance et l'omniscience de Dieu.

En ce sens, leur réalisation, parce qu'elle pousse aux extrêmes l'abstraction et la rationalité, porte les stigmates du cauchemardesque : société de la transparence totale, mais

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