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Le Constructivisme Kantien Dans La Théorie De La Justice Comme équité

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Par   •  9 Mai 2013  •  3 175 Mots (13 Pages)  •  1 215 Vues

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Le constructivisme kantien dans la théorie de la

justice comme équité

Je vais essayer dans cet essai d’exposer les différentes raisons qu’on pourrait invoquer pour soutenir une certaine parenté entre la théorie de la justice comme équité développée par Rawls et le constructivisme kantien, qui vise à lier l’image des individus moraux comme des personnes égales et libres et les premiers principes de le justice. Ainsi essaiera-t-on de montrer comment le présupposé d’être raisonnable que le philosophe américain inculque aux acteurs de sa théorie, les fondations anthropologiques sur lesquelles Kant va axer sa pensée.

Rawls essaiera par sa théorie de lier ensemble deux visions sur la justice qui avaient marqué la pensée politique à l’époque : d’un côté celle de Locke, héritage du modèle antique qui prône l’individu et les libertés de la vie civique, la liberté de la pensée et de la conscience, droits de propriété et d’association et de l’autre part celle de Rousseau, qui octroie une certaine priorité à l’égalité politique, aux libertés publiques. Il essaiera donc de construire une théorie d’une société où l’individu pourra s’accomplir, partant dans son projet d’un sujet moralement idéal. La justice comme équité essaie de trouver des accords sociaux idéaux en formulant ce qu’on devrait appeler des conceptions-modèle. Les deux conceptions-modèle de la justice sont la société organisée (well-ordered society) et l’individu moral ; elles se proposent de partir de la conception que chaque individu a de soi et d’établir sa vision sur les rapports qui devraient s’établir entre les individus de la société. Elles décrivent donc l’état d’une société qui serait formée des liens sociaux sur lesquels tous les individus se seraient accordés. Il y ajoutera une troisième conception : la position originale qui établit justement le passage d’une personne morale aux liens sociaux qui se tisseraient dans une société.

Attardons-nous sur ce dernier élément, vu qu’il est le plus proche d’une conception kantienne des constituants moraux des individus politiques. En effet, la position originale est un premier moment où les individus se trouvent derrière ce que Rawls a appelé le voile d’ignorance et qui représente un état initial où les acteurs politiques ignorent tout détail sur leur provenance, sur leur statut social ou sur leurs talents naturels. C’est à partir de cette position qu’ils doivent s’accorder sur une politique de la justice sociale qui devrait être mise en pratique dans la communauté. Il va sans dire qu’ils seront obligés de trouver un accord rationnel sur une politique qui puisse les favoriser tous. Mais comment trouver une assise commune sur laquelle fonder cet accord? Rawls répondra à cette dernière question en identifiant une commune nature morale de tous les hommes où autrement dit, par un présupposé de « raisonnabilité » et c’est sur ce point spécifique qu’il s’érigera dans la continuation du kantisme. En effet, Kant avait hérité de Puffendorf une idée de l’action bonne comme « la connaissance commune de la moralité », savoir commun qui serait censé de rendre à la loi l’obéissance qu’on lui doit. Ainsi, dans la même veine, l’action bonne doit-elle sa bonté à l’intention qui l’anime et qui la lie intrinsèquement à la loi. On observe ici l’apparition du contrat social qui pour Kant deviendra un devoir institutionnalisé, et partant, une nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi. C’est ici que se détache le moment proprement éthique de la construction juridique de l’Etat. De la même manière, Rawls s’inspire de l’image de l’individu comme faisant partie d’un projet de construction raisonnable qui déterminera l’élaboration des principes de justice vue une conception morale objective dont il est doué et qui constitue un point de vue social communément structuré et accepté par l’ensemble de la société.

Ainsi, le raisonnable présuppose-t-il et soumet-il à sa volonté le rationnel ; il le présuppose car sans l’existence effective d’un concept du bien, tout accord rationnel sur le juste ou sur l’équitable serait inutile et vain ; elle le soumet car ses principes limitent (absolument dans la conception kantienne) les buts qui pourraient être poursuivis par tout accord rationnel. Ce qui revient à dire que dans le concept du Bien moralement conçu doit être exempt de toute nuance d’intérêt ou d’efficience. Le principe de la différence n’a évidemment rien à voir avec une certaine augmentation de l’efficience productive ou économique d’une société. Il serait en effet beaucoup plus utile de subordonner les moins doués à ceux plus avantagés ou plus talentueux. L’égalité économique ne favorise certainement pas la dynamique économique. Cependant, ce n’est pas là le but de la théorie rawlsienne, mais celui de réaliser une justice sociale. C’est sur ce niveau qu’on voit se dessiner une tension entre égalité juridique et égalité économique au sein même de la théorie. En effet, l’égalité juridique consiste sans doute aucun à affirmer une inégalité économique. Vouloir supprimer cette dernière revient inversement à aboutir à des inégalités juridiques (ce que Rawls met en scène dans le principe de la différence). Cependant, même si en favorisant l’autre, l’agent plus chanceux n’est pas défavorisé, il ne sera non plus favorisé. On verra que finalement une conception publique de la justice a des échos d’injustice dans la conscience privée des individus. Il nous paraît donc bien évident que même s’il part d’une conception de l’équité compatible avec le présupposé de moralité développé par Kant, Rawls s’éloigne de la philosophie politique de ce dernier. Le principe de différence consiste à postuler d’abord que dans l’état naturel il y aura une hiérarchisation des individus quant à leurs capacités et possibilités de s’accomplir. Cependant, dit Rawls, il faut essayer d’établir une certaine égalité justement à partir de cet état de différence. Mais pour ce faire, des inégalités devraient être permises. On voit bien que ce que Rawls propose ici c’est un sacrifice de l’égalité juridique afin d’assurer une égalité économique pour tous les individus de la société. Mais pourquoi assurer cette égalité, d’ailleurs dangereuse car une conscience publique d’une telle justice résonnerait dans la conscience privée avec une injustice associée à l’inégalité inculquée. L’argument trouve sa force chez Kant de nouveau. En effet, l’égalité formelle des individus dans la position originelle de Rawls n’a pas un équivalent

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