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Le Banquet De Platon

Dissertation : Le Banquet De Platon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Février 2013  •  8 188 Mots (33 Pages)  •  2 443 Vues

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Platon, le « père des philosophes », expira à l’âge de quatre-vingt-un ans, un sept novembre, jour de sa naissance et de celle d’Apollon, à la table d’un banquet, une fois le repas achevé. Ce banquet, qui résume à la fois l’anniversaire de sa mort et de sa naissance, fut célébré longtemps par ses disciples et certains néo-Platoniciens comme Plotin, en l’honneur du maître qu’ils appelaient avec un respect quasi-religieux le « Divin Platon ». Le dialogue du Banquet laisse à penser que ce surnom n’est pas usurpé, ou du moins qu’il n’est pas sans fondement. Effectivement, ce dialogue baigne dans une atmosphère de transcendance, particulièrement en raison de son objet : l’Amour. Ce n’est pas tant en raison du fait que Platon, dans le Banquet, fait de l’Amour un chemin vers l’Intelligible à part entière, ni que tant de néo-Platoniciens et de mystiques en tout genre en ont puisé leur inspiration, mais parce qu’il est possible de discerner dans la théorie Platonicienne de l’Amour tout à la fois une extase quasi-mystique qui élève vers l'infini et le fondement de la philosophie de la connaissance par "l'éducation amoureuse". Un banquet réunit tous les éléments propices pour discourir sur l'Amour : on y mange peut, on y boit beaucoup, l’ivresse délie les langues et laisse libre cours, comme en rêve, aux évocations symboliques et aux sources du génie de chacun (Cette ivresse n’est pas sans analogie avec l’ivresse amoureuse, capable de tous les « comportements insensés »). C'est ainsi que chacun va discourir sur le dieu Amour (Åñùò), étrangement oublié par les poètes, afin de découvrir ce qu'il est, ce qu'il provoque en l'homme, à quelles fins il peut être utile à différents niveaux (politique, social, artistique, moral, …), et si après cela il y a lieu de le louer.

Platon aurait très bien pu s'en tenir là, mais c'est qu'une profonde conception de l'Amour apparaît au cours des différents discours. Cela touche au fait que le besoin primordial de découvrir le Vrai, de philosopher et d'être vertueux découle d'une seule et unique exigence intérieure. Or cette exigence intérieure, c'est l'Amour qui en est le principe, l’inspiration, l'élan. Cependant, comment l'Amour se cultive, se dirige vers des choses édifiantes pour l'âme ? Comment permet-il de contempler, non plus le beau singulier, mais le Beau en soi ? Puis comment transmettre ce que l'on a contemplé ? C'est à tout cela que répond la théorie de la "pédagogie amoureuse" que met en place Platon dans le Banquet.

Les problèmes méthodologiques du Banquet

Dans quelle mesure est-il possible d’abstraire une théorie générale sur l’Amour à travers les différents discours que Platon prête aux divers convives du Banquet ? C’est que les cinq premiers convives ont déclaré qu’Amour était beau, bon, heureux en lui-même, et de surcroît qu’il était un grand Dieu, voir le plus grand des Dieux, alors que Socrate prétend qu’Amour n’est ni bon, ni beau et qu’il n’est pas un Dieu mais un démon. Il y a cependant une certaine cohérence parmis ces apparentes différences, car, comme souvent chez Platon, chaque discours renferme une part de vérité qui sera retenue et synthétisée par celui de Socrate. Nous tacherons de mettre à jours ce mouvement dialectique de fond qui traverse le Banquet et qui trouve son accomplissement dans le discours de Socrate.

Chaque discours aborde la question avec une méthode particulière. Certains se contentent de louer simplement ses effets, comme Phèdre ; d’autres s’inscrivent dans une perspective plus philosophique en cherchant la nature de l’Amour avant d’en louer les effets, comme Agathon (même s’il ne s’y tient pas). Méthodes différentes, donc, qui vont se découvrir au cours de l’analyse de chaque discours. De plus, les thèses sont parfois soutenues avec force d’argumentation rationnelle, et parfois elles sont reliées à un mythe. C’est cette diversité de formes de discours qui posent le problème de savoir quel type d’argumentation utilise Platon pour renforcer ses thèses : argumentation philosophique (lorsque les arguments suivent un parcours rationnel), argumentation par l’autorité du mythe (lorsque le mythe devient matière à la thèse soutenue) ou encore quand le discours reste un pur éloge. Il convient donc, au cours de chaque analyse d’un discours, d’expliquer à quel type d’arguments il se réfère : mythique, philosophique ou simple éloge.

PROLOGUE

Le prologue, c’est-à-dire l'introduction circonstancielle au Banquet (de 172a jusqu'au discours de Phèdre), comporte implicitement de nombreuses allusions aux thèses qui vont êtres exposées ultérieurement mais expose également les problématiques auxquelles les protagonistes vont se confronter dans leur discours. Nous apprenons premièrement qu’Apollodore tient son récit de Phénix qui, n’ayant pas lui-même participé au banquet, se réfère à ce que lui a raconté Aristodème. Pour plus de vraisemblance quant véracité de ce qui est rapporté, Apollodore affirme que Socrate lui a confirmé personnellement cette version du récit (173b).

La tirade d'Apollodore en (173c-d) recèle une problématique : comment peut-on être malheureux en faisant de la philosophie ? C'est que ce jeune homme n'est pas encore parvenu à la sagesse ; voilà pourquoi il se sent malheureux et voilà pourquoi il est "fou furieux" de Socrate : c'est en s'efforçant de l'imiter qu'il parviendra à la sagesse. C'est exactement ces propos que va tenir Socrate dans son discours sur l'Amour.

Après une courte mise en circonstances, Apollodore commence son récit, « en marchant », tout comme, de manière analogique, l'Amour est mouvement vers son objet. Aristodème croise Socrate propre (peut-être était-ce rare ?) et bien habillé car il portait des sandales ; ce n'est apparemment pas sans raison car Socrate affirme qu'il faut être beau pour aller voir un beau garçon. Aristodème se fait inviter au banquet d'Agathon par Socrate. Mais Aristodème se fait craintif : Agathon va-t-il accepter sa présence ? Platon a certainement voulu dépeindre ici le sentiment de timidité, c’est-à-dire la crainte profonde de déplaire à ses amis ou amoureux. C'est exactement

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