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La rébellion, condition de la création et source d'inspiration

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Par   •  7 Mars 2014  •  1 787 Mots (8 Pages)  •  1 033 Vues

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I. La rébellion, condition de la création et source d'inspiration

La plupart des poètes cherchent à s'affranchir de l'autorité de leurs prédécesseurs et se réalisent dans la révolte. Cela est dû à la nature même du poète et de la poésie.

1. L'histoire littéraire en témoigne : la poésie est rébellion

Si l'on en croit l'histoire littéraire, scandée par des révoltes parfois violentes contre la tradition, la poésie ne se conçoit que dans la rupture.

Ainsi, le romantisme est né de la contestation des règles classiques, jugées trop rigides et contraignantes : Hugo, dans « Réponse à un acte d'accusation », se présente comme le héros révolutionnaire du vers ou comme la Liberté guidant le peuple poétique. Mais il pouvait déjà sentir la rébellion naissante des Parnassiens, agacés par les élans lyriques de ces jeunes poètes romantiques laissant libre cours à leur « mal du siècle ».

Puis, fatigués des beautés hiératiques de l'art pour l'art prôné par Théophile Gautier, Baudelaire et Rimbaud renversent les principes formalistes du Parnasse. Plus tard, les dadaïstes se font les champions de la provocation : « Tout produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille, est dada ; protestation aux poings de tout son être en action destructive : dada » (Tristan Tzara). On pourrait continuer ainsi jusqu'à la poésie contemporaine : la chaîne poétique se construit par une succession de « coups d'État ».

2. Une rébellion aux formes multiples et dans tous les domaines

À toutes les époques, cette rébellion prend les formes les plus diverses et n'épargne aucun domaine de la poésie.

La révolte poétique se manifeste de la façon la plus évidente dans la forme. Ainsi, un des piliers de la tradition poétique, le vers, s'est défini par opposition à la prose. Mais les poètes s'attaquent à lui : fils révoltés des vers réguliers des poètes humanistes ou classiques, les vers irréguliers ont été détrônés par les vers libres d'un Prévert ou d'un Reverdy, eux-mêmes « contestés » par les poèmes en prose (par exemple ceux d'Aloysius Bertrand) qui sont pour Baudelaire les plus aptes à la « description de la vie moderne », jusqu'à l'apparition du calligramme, mi-poésie mi-dessin.

Mais les poètes s'en prennent aussi à la langue. Soucieux de faire de la poésie un langage pour tous, Hugo, dans Les Contemplations, fait entrer en poésie les « mots [...] mal nés [...] tas de gueux ». Prévert et Queneau se rebellent contre le dictionnaire en créant des néologismes : « enrimer, enrythmer, enlyrer, empégaser ».

Suivent les entorses à la grammaire (les « solécismes » craints par Boileau) : « À la nue accablante tu / Basse de basalte et de laves / À même les échos esclaves / Par une trompe sans vertu... » (Mallarmé).

Enfin, la rébellion formelle s'accompagne souvent d'une contestation du fond de l'inspiration. La contestation des thèmes poétiques « orthodoxes », ressentis comme des clichés, amène le poète à être à l'avant-garde, à provoquer par ses sacrilèges : le carpe diem des Anciens n'a plus l'allure sage du « Quand vous serez bien vieille » de Ronsard mais prend la forme fétide de la « Charogne » baudelairienne ; le « cageot » et « l'huître » deviennent objets poétiques. Lorsque les sujets ne sont pas révolutionnaires en eux-mêmes, c'est le défi à la logique et à la raison qu'affectionne le poète : « Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte », dit Rimbaud (« Enfance III »).

3. Pourquoi la rébellion ?

Comment expliquer que l'histoire de la poésie soit jalonnée de telles rébellions ?

C'est que le poète, par sa nature même, porte en lui le ferment de la révolte. Plus sensible que l'homme commun, questionnant le monde, « il vit la vie à côté » (Charles Cros) et son statut de marginal dans la société - Verlaine de nos jours serait un SDF - ne fait que refléter sa nature de rebelle. Parfois censuré, comme Baudelaire et ses Fleurs du mal, ce n'est pas tant l'homme qui est exclu que sa parole décalée : « C'est souvent le sort - ou le tort - des poètes de parler trop tard ou trop tôt », écrit René Daumal.

Plus profondément, c'est par sa nature même que la poésie porte en elle le germe de la rébellion. Elle apparaît comme un espace d'évasion ou de liberté. Or toute évasion suppose la rupture. Le verbe grec poiein (« créer »), racine du mot poésie, indique que celle-ci est « création », donc innovation. Ainsi, Rimbaud veut être un démiurge, il veut explorer le monde, « trouver des choses étranges, insondables » et, pour en rendre compte, inventer un « langage universel ».

II. Mais le poète peut-il faire table rase du passé ?

Mais le poète peut-il faire table rase de tout ce qui l'a précédé ?

1. Un matériau ancestral

La création poétique ne naît pas de rien. L'outil du poète est la langue et il ne peut se rebeller contre l'héritage du fonds commun des mots : c'est avec « la chair chaude des mots » que le poète crée son œuvre et qu'il doit inventer son « langage universel » (Rimbaud). Hugo lui-même, s'il le transforme en lui mettant « un bonnet rouge », ne songe pas un instant à faire disparaître le « dictionnaire ».

Mieux encore : parce qu'il parle de l'homme, le poète est obligé de puiser son inspiration dans les thèmes humains dont

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