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La question de la religion, en philosophie

Analyse sectorielle : La question de la religion, en philosophie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2014  •  Analyse sectorielle  •  2 221 Mots (9 Pages)  •  814 Vues

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La religion

La religion

La question de la religion, en philosophie, c'est avant tout la question de la vérité, et la question du rapport entre la croyance et la raison.

Voici quelques questions typiques que l'on peut se poser :

· La science est-elle l'ennemie de la religion ? La foi s'oppose-t-elle à la raison ?

· D'où vient la force des religions ? Pourquoi le progrès scientifique n'a-t-il pas fait disparaître les religions ? Ici on peut aussi s'interroger sur les mythes et illusions contemporaines : rumeurs, superstitions, légendes urbaines, etc.

· Peut-on ne croire en rien ? Faut-il tout soumettre à la raison ?

La science est-elle l'ennemie de la religion ?

Des conflits indéniables

Commençons donc par cette question. A priori, oui, il y a une guerre, parfois violente, entre science et religion. Que l'on songe par exemple à l'Inquisition, au philosophe italien Giordano Bruno qui a été brûlé sur le bûcher à Rome, en 1600, par les pouvoirs religieux, pour avoir dit que l'univers était infini. Ou encore à Galilée à qui l'Eglise a intenté un procès pour avoir défendu la doctrine de l'héliocentrisme (c'est la Terre qui tourne autour du Soleil et non la Terre qui est au centre du monde) découverte par Copernic quelques décennies plus tôt (en 1543). Galilée a dû se rétracter, de peur de subir le même sort que Bruno. Il a finalement été réhabilité par l'Eglise... en 1992 !

Mais ces conflits ne sont pas limités au Moyen Age : aujourd'hui des luttes intenses ont lieu, par exemple aux Etats-Unis entre créationnistes (qui pensent que Dieu a créé le monde et l'homme) et évolutionnistes (qui pensent que l'homme est le fruit d'une évolution naturelle et qu'il descend du singe, selon la théorie de Darwin).

A partir de cela, de nombreux philosophes ont pu critiquer la religion :

· Karl Marx considère que la religion est « l'opium du peuple », c'est-à-dire comme une drogue qui lui fait oublier ses soucis et le soulage, mais ne l'aide pas à résoudre ses problèmes (son exploitation économique), et bien au contraire l'affaiblit et le pousse à se soumettre (elle justifie le travail comme expiation du péché originel ; elle justifie la hiérarchie sociale, la monarchie de droit divin, et prône la soumission en général : « Rendez à César ce qui est à César »).

· Friedrich Nietzsche voit dans la religion (chrétienne notamment) la négation de la vie : car cette religion, dans le droit fil de l'idéalisme platonicien, renie le corps et réprime tous les désirs et plaisirs charnels, qu'elle considère comme des « péchés » : gourmandise, sexualité, etc.

· Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, considère que la religion est une névrose, une forme de paranoïa : elle consiste à déformer les aspects insupportables du monde (solitude de l'homme, mort certaine, etc.) pour rendre celui-ci supportable. La religion serait une manière de réaliser nos désirs d'enfants. Dieu serait un père imaginaire et idéalisé pour consoler l'homme de sa solitude. Bref, la religion serait une illusion, au sens strict de Freud : c'est-à-dire non pas une erreur (l'illusion n'est pas nécessairement fausse), mais une croyance qui procède d'un désir : on ne croit pas en Dieu parce que cela semble vrai, on y croit parce qu'on aimerait qu'il existe...

· Enfin, Bertrand Russell, philosophe et logicien anglais du XXe siècle, a donné une critique décisive de la religion en soulignant son opposition à la science, le mal qu'elle fait à la vérité et aux hommes : on ne compte évidemment plus le nombre de guerres menées au nom de la religion.

· Pour ajouter un philosophe contemporain à cette liste, on pourrait mentionner Michel Onfray, qui poursuit cette tradition philosophique d'une critique radicale de la religion.

Ces conflits entre science et religion montrent aussi que le savoir est un système de pouvoir...

Bref, dans la mesure où science et religion prétendent toutes deux nous révéler la vérité sur le monde, elles sont nécessairement en position de rivalité. L'opposition est d'autant plus certaine que leurs méthodes ne sont pas les mêmes : la science procède par expérience et démonstration logique, alors que la religion se contente de la révélation divine matérialisée dans l'Ecriture...

Mais cette différence dans les approches et les méthodes est peut-être le moyen de (ré)concilier science et religion...

Une conciliation possible ?

Mais on peut tenter de concilier la science et la religion, la foi et la raison.

En effet, ces deux types de discours ont-ils le même but, la même fonction ?

Si on laisse de côté la prétention de la religion à dire la vérité sur le monde, on peut soutenir que non : la science ne nous dit jamais comment vivre, elle ne répond pas à la question « Que faire ? ». Elle est descriptive et non prescriptive, autrement dit elle n'est pas normative : elle ne nous dit pas ce qu'il faut faire. Elle ne dit pas comment devrait être le monde, elle se contente de dire comment il est. Bref, elle n'est pas éthique ni pratique, elle est théorique.

On trouve chez Spinoza cette idée d'une dissociation radicale entre la foi et la raison : la seule fonction de la foi, explique-t-il, est de nous faire obéir. La Bible, par exemple, ne vise qu'à cet objectif unique : nous faire suivre la loi morale, c'est-à-dire nous faire aimer notre prochain. Autrement dit, les pouvoirs devraient laisser les scientifiques tranquilles, parce que les progrès scientifiques n'empêchent nullement d'obéir à la loi morale. (Le but de Spinoza est ici de défendre la liberté de pensée et d'expression du philosophe et du scientifique contre la persécution des autorités religieuses.)

Mais on peut critiquer cette dissociation radicale entre pratique et théorie : toute conception du monde induit des normes, et réciproquement toute éthique doit s'appuyer sur une certaine représentation de la réalité. Pas d'éthique sans ontologie, pas d'ontologie sans éthique. Ainsi la science, bien qu'elle s'en défende, est en quelque sorte

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