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Etienne de la Boétie - De la servitude volontaire

Dissertation : Etienne de la Boétie - De la servitude volontaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Décembre 2022  •  Dissertation  •  2 189 Mots (9 Pages)  •  235 Vues

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Jasmine Barrez Saad

 L1 HSP GRP1

Séance 9. Philosophie politique I : la liberté contre la peur

Étienne de La Boétie, De la servitude volontaire

Introduction

« La liberté est le sacré temporel des hommes » disait Raymond Polin, en effet la liberté est une des questions principales de la condition humaine ainsi dans notre sujet « La liberté contre la peur » nous pouvons nous intéresser au Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie. Etienne de La Boétie, auteur du XVIe siècle, issu d’un milieu aisé et cultivé, est attiré dès son jeune âge par l’étude des civilisations grecque et romaine. Traducteur de nombreux auteurs de l’antiquité, il intègre dès l’âge de 23 ans le parlement de Bordeaux et participe par la suite, en tant que médiateur, aux négociations entreprises entre Catholiques et Protestants.  

Etienne de la Boétie est souvent nommé « père de la désobéissance non-violente (ou pacifiste) », cela étant dû à son œuvre phare Le discours de la servitude volontaire qu’il rédige alors qu’il n’a que 18 ans. Rédigé en 1549 et publié en 1576, le Discours de la servitude volontaire apparaît quelques années après l’œuvre de Machiavel Le Prince, écrite en 1513. Là où nous trouvons peu de temps avant une œuvre dédié au savoir-faire de régner sur le peuple avec une habilité à la limite de la manipulation, La Boétie, au contraire, remet en cause la légitimité des puissants. On trouve alors une analyse du rapport et des dynamiques qui règnent entre les dominants et les dominés.

De son œuvre on dit souvent qu’une des idées phares de La Boétie est que « le renversement des régimes est essentiellement psychologique : le peuple doit arrêter de se croire inférieur à son gouvernement ». Toujours dans l’optique de notre sujet, la liberté contre la peur, cette œuvre nous amène à nous demander comment la liberté des peuples peut-elle s’aliéner par la peur des tyrans ?

Afin de répondre à cette problématique il est nécessaire de commencer par l’analyse pure de la servitude volontaire par la suite nous verrons les moyens du tyran.

I. La servitude volontaire

I.A S’asservir en abandonnant sa liberté

Tout l’intérêt du livre se retrouve en réalité dans le titre même « La servitude volontaire », ce qui est à prendre en compte c’est la dénonciation du phénomène dans ce titre paradoxal.

La peur pousserait à l’abandon de la liberté. L’auteur dans son raisonnement part du principe que le droit le plus inaliénable de l’homme est la liberté. Il reprend l’aspect naturel des êtres vivants en parlant des animaux qui vivent sur le même pied d’égalité fraternelle. Ainsi chacun par instinct tenterait de défendre sa liberté.

Or la soumission fait perdre l’ordre naturel de l’égalité fraternelle puisque l’homme soumis perd ses droits. Ainsi l’homme asservi est dénaturé, il n’est plus individu, sa seule vocation est l’obéissance. L’homme en perdant la voie de la liberté voir même en l’abandonnant laisse le libre pouvoir au tyran d’exécuter sa tyrannie.

C’est dans cette optique que l’auteur dénonce l’illégitimité du tyran à se prononcer comme supérieur ainsi il exprime un autre mouvement majeur de son œuvre : le pouvoir des tyrans ne repose que sur l’abandon du pouvoir du peuple, le tyran n’a « aucun pouvoir sur vous, que par vous ». La remise en question de la légitimité des tyrans repose entièrement sur la question de l’importance que le peuple octroie aux tyrans. La Boétie affirme, dans son ouvrage, cette vision d’égalité ; le tyran n’est finalement qu’un homme à qui on donne le pouvoir de se sentir supérieur. La donation de sa liberté constitue dans les faits la possibilité au tyran d'effrayer le peuple quant à un droit déjà perdu, leur liberté.

Le terme servitude constitue dans sa définition l’abandon de la liberté tandis que la liberté représente tout l’intérêt de s’émanciper dans ce livre. C’est à travers ce paradoxe que nous nous demandons comment nous pouvons avoir la volonté d’abandonner notre liberté. Cet oxymore provocateur pourrait engendrer une réelle prise de conscience de ce qu’il dénonce dans son ouvrage. Car le questionnement ne consiste plus à se conforter dans une condition à laquelle on ne peut remédier, le questionnement consiste maintenant à une remise en question du dominé. Le chef d’accusation change et cela constitue un tournant relativement moderne du rapport dominé/dominant. C’est ainsi que nous rentrons au cœur du sujet, car si ce titre est fondamentalement paradoxal alors qu’est-ce qui constitue néanmoins son existence ?

I.B Comment le peuple s’asservit

La question fondamentale de cette partie est de savoir comment nous pouvons arriver à s’asservir volontairement à un puissant autoritaire ; à cette question l’ouvrage nous donne plusieurs raisons.

La première étant l’habitude ou la tradition, par habitude on y voit la répétition, l’absence de changement. Une habitude est couramment vue comme une action fatalement imprégnée par notre quotidien, il n’y a aucune connotation péjorative ou améliorative du terme. Il associe à l’habitude la temporalité ou il explique que par la force du temps qui passe l’habitude s’installe, il profite par ailleurs de cette explication pour qualifier cela d’injure, car les années ne justifient point un droit. A l’inverse les traditions prennent un sens plus grand, il y a ce sentiment d’importance. L’auteur donne une vision héréditaire de notre propre condition par le terme « tradition ». Ainsi lorsqu’il dit que les Hommes « prennent pour naturel l’état de leur naissance » on comprend cette vision traditionnelle de ce que nous sommes. Pourtant La Boétie largement inspiré par l’Antiquité voit l’habitude comme constituant de l’âme, ainsi l’un comme l’autre se voit jouer un rôle majeur.

Le reproche étant fait que nous acceptons cette continuité, que nous la mettons sous forme de tradition, d’héritage et que nous pouvons nous tenir comme seul responsable de notre condition sociale car nous adoptons une accoutumance à l’obéissance.

Malgré cela La Boétie ne le met pas sous forme d’accusation il tient dans son propos que nous ne pouvons pas reprocher à un peuple d’accepter une condition tant qu’ils n’en connaissent aucune autre « La première raison pour laquelle les hommes servent volontiers, est parce qu’ils naissent serfs et sont nourris comme tels. ». Il garde en pitié ceux qui sont nés sans voir la liberté car ils ne savent pas ce que c’est que d’être libre. Dans cette situation on peut prendre l’exemple du fils d’esclave qui naît et grandit dans une condition telle que les seuls plaisirs dont il se satisfait sont les brefs plaisirs que son maître a tout au long de sa vie accepté de lui accorder. Lorsque nous recentrons sur la peur, La Boétie critique cette habitude par l’abandon de la liberté face à la peur de manquer du peu que le tyran veut leur apporter.

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