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Cours sur la justice et la liberté

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Par   •  22 Janvier 2019  •  Cours  •  2 379 Mots (10 Pages)  •  789 Vues

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Peut-on concilier les exigences de justice et celles de liberté ?

Séance « Justice, Droit et Liberté »

Formuler une exigence implique implicitement qu'on l'exécute. Si on exige la liberté ou la justice, on ne se place pas dans une perspective utopique : ces exigences sont légitimes parce que la justice et la liberté doivent être réalisées, et être effectives. L'exigence de liberté nous semble aujourd'hui être une expression presque redondante, tant nous sommes imprégnés par l'esprit de la Déclaration de droits de l'homme qui fait de la liberté un droit naturel devant être protégé par les lois. Or les lois, le droit positif, sont l'expression objective de l'idéal de justice d'un État. Ainsi, l'exigence de liberté et l'exigence de justice nous semblent nécessairement aller de paire. Pourtant, les régimes politiques tels que les dictatures ou les régimes totalitaires ont montré dans l'histoire que la justice, définie comme légalité, pouvait de fait commander la suppression de la liberté des citoyens-sujets. De fait, l'exigence de légalité et celle de la liberté sont séparables. D'où le problème : peut-on, au nom d'un idéal de justice, ou au nom de la loi, exiger que l'on renonce à la liberté ? Si la justice désigne la conformité au droit, le droit peut-il étouffer l'exigence de liberté ? Mais si l'exigence de justice n'est pas simplement une exigence de légalité mais aussi une exigence de légitimité, alors n'implique-t-elle pas que l'on respecte, au contraire, l'exigence de liberté ?

I/ Oui, l'exigence de justice et l'exigence de liberté sont séparables.

Être libre, c'est faire ce que l'on désire : « Je suis libre, je fais ce que je veux » réplique-t-on souvent lorsque l'on voit ses actes critiqués ou condamnés par autrui. On se réfère ici naïvement à la liberté conçue comme indépendance, c'est-à-dire l'absence de toute contrainte extérieure, qu'elle soit légale, morale ou physique. Lorsqu'un adolescent exige sa liberté, il se soucie peu de la morale, et encore moins du droit : il réclame simplement de pouvoir suivre ses désirs et de pouvoir se passer de la tutelle parentale. Il est évident qu'en société, dans une communauté politique organisée, une telle liberté ne peut exister. En effet, l'indépendance est la liberté dont jouit l'homme à l'état de nature, état (hypothétique) qui précède l'état civil ou social. L'homme est alors animé par son désir de survivre, de persévérer dans son être . (Hobbes). Étant donné l'absence de lois, rien ne le limite dans sa recherche des biens destinés à satisfaire ses besoins. Cependant, si cette liberté naturelle est illimitée, les biens, eux, sont en nombre limité. Les hommes en viendront inévitablement à se rencontrer et à entrer en concurrence pour obtenir ces biens. On aboutit à un affrontement généralisé. Cette « guerre de tous contre tous » (Hobbes) est un état contradictoire : en voulant assurer leur existence, les hommes la mettent constamment en péril, car ils sont sans cesse menacés de mort violente. Ainsi, ils peuvent calculer que s'ils veulent voir leur vie et leur sécurité garanties, ils doivent renoncer à leur liberté naturelle illimitée pour imposer des « barrières », des « chaînes artificielles » à leur liberté : les lois (Hobbes, Léviathan).

L'exigence du droit est une nécessité vitale à laquelle il faut sacrifier son désir d'indépendance : Ainsi, le désir de survivre crée l'exigence de l'existence du droit qui viendra limiter l'indépendance naturelle. Le pouvoir politique a ici pour fonction de « tenir les hommes en respect », pour empêcher le retour à une guerre de tous contre tous. Ce pouvoir absolu, que Hobbes nomme « Léviathan » (dans la Bible, ce nom désigne un animal monstrueux et invincible) détient désormais à lui seul l'usage de la force. Il décidera seul des lois, qui suffiront à définir le juste et l'injuste. Aucune référence à une justice morale n'est ici acceptable : est juste ce qu'a décidé le souverain. La liberté individuelle ne peut s'exprimer que dans les domaines où la loi se tait. On est libre de tenir tel propos, de faire telle action, tant que la loi ne l'interdit pas. Ainsi, l'exigence de liberté individuelle est considérée par Hobbes comme une « opinion séditieuse », c'est-à-dire rebelle, donc dangereuse pour la paix, autant dire coupable. Cependant l'exigence de justice, comprise ici comme l'exigence de lois, trouve en réalité sa source dans un principe irrationnel : le désir de survivre, la crainte de la mort violente. L'exigence du droit n'est ici qu'un calcul au service d'un désir.

L'exigence de liberté conduit à l'injustice dans la cité : Mais il ne suffit pas de renverser l'ordre des exigences pour pouvoir concilier justice et liberté. En effet, la démocratie où les hommes exigent en priorité la satisfaction de leurs libertés (de penser, d.agir, de circuler.) ne mène pas automatiquement à la justice, comprise ici comme vertu. Pour Platon, la justice consiste en une harmonie de l'âme en l'individu, et dans la cité, la justice consiste pour chacun  « à faire son travail et à ne se mêler de celui d.autrui » (Platon, La République). Or dans la démocratie, chacun s'intéresse à tout, de sorte qu'aucune stabilité ne peut s'instaurer. L'instabilité mène à la décadence, et pour finir à la tyrannie. L'exigence insatiable de liberté mène à l'injustice la plus complète. Pour Platon, il faut donc que les philosophes deviennent rois, car eux seuls connaissent la nature de la véritable justice. Cependant, la justice est vouée à rester une exigence idéale dans la mesure où elle ne peut se concrétiser adéquatement dans les lois, car « les dissemblances entre les hommes et entre leurs actions, la complète absence d'immobilité dans les choses humaines se refusent à toute règle simple portant sur tous les cas et valables pour tous les temps » (Platon, Le Politique). L'exigence de justice s'exprimera par la voix du philosophe-roi, qui incarne la loi : il est comparable à un médecin administrant une « médication » à ses patients.

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