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Cesare Beccaria

Commentaires Composés : Cesare Beccaria. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Octobre 2014  •  1 115 Mots (5 Pages)  •  713 Vues

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Dès sa publication anonyme à Livourne en 1764, l’ouvrage de moins de 100 pages de Cesare Beccaria, Dei delitti e delle pene, devient un bestseller des Lumières traduit rapidement dans toutes les langues vivantes. Il focalise l’attention enthousiaste ou sceptique des juristes, magistrats, « philosophes », publicistes. En témoignent les volumes IV et V de l’édition des Opere de Cesare Beccaria, soit sa correspondance (Carteggio[1]). Enraciné dans une pensée séculière, le traité forge la modernité pénale et judiciaire dans le contexte du réformisme étatique des années 1760-1780. Marqué par le libéralisme et la modération de Montesquieu (Esprit des lois, 1748) et le contractualisme de Rousseau, Beccaria rejette la pratique de l’excès de l’État pénal inscrit dans l’héritage inquisitorial. Membre de l’Accademia dei pugni, rédacteur ponctuel du Caffè, professeur d’économie politique, puis fonctionnaire de l’État viennois à Milan, Beccaria pense la peine socialement utile et légale dans une cité juste contre les traditions de l’arbitraire et de la rétribution expiatoire. Il ajoute à l’abolition de la peine capitale pour les crimes de droit commun, la dépénalisation des péchés criminalisés.

Après les colloques milanais et genevois consacrés au projet pénal de Beccaria dans le contexte de la culture juridique des Lumières, nous vous proposons de penser la réception critique de Dei delitti e delle pene. Depuis Voltaire, qui dès 1766 adhère au réformisme beccarien (Commentaire sur le Livre Des délits et des peines), jusqu’à la philosophie pénale et les usages répressifs d’aujourd’hui, la réception du réformateur lombard peut s’inscrire dans la continuité de l’histoire intellectuelle et pratique du droit de punir, comme le montre le travail de Michel Foucault sur la généalogie moderne de la punition dans le contexte carcéral (Surveiller et punir. Naissance de la prison, 1975).

Entre histoire des idées et des pratiques pénales, mais aussi tout autour de l’imaginaire de la peine juste, ce colloque associera des historiens, des juristes, des philosophes et des sociologues pour penser l’œuvre de Beccaria dans la durée de son héritage intellectuel sur les plans théoriques et pratiques. Il s’agira notamment de mesurer les adhésions et le scepticisme envers le réformateur milanais que le positivisme juridique transforme tôt au XIXe siècle en précurseur du droit pénal moderne. On évaluera ainsi l’impact du projet beccarien dans la genèse (théorie, pratique) de la modernité pénale depuis la fin de l’Ancien Régime, jusqu’à aujourd’hui - via l’épisode révolutionnaire et le long XIXe siècle.

Discutant le modèle pénal et judiciaire classique (nature du crime, procédure inquisitoire, statut des témoins, puissance des magistrats, droits de l’inculpé, régime et finalité politique de la peine, légalité des délits et des peines, etc.), Beccaria propose à l’Europe des Lumières le nouveau paradigme de la modération et de la sécularisation du droit de punir. Outre le problème universel de l’abolitionnisme de la peine capitale (donc celui de la modération pénale et de son utilité sociale), son ouvrage peut soulever quatre problématiques que le colloque explicitera.

I.- Fabrique de la légalité

Dans le contexte des premières esquisses ou concrétisations de codifications des années 1767-1794 (Russie, Toscane, Autriche, Lombardie et Prusse), académies, cercles, tribunaux ou juridictions mettent à l’ordre du jour, un peu partout en Europe continentale, la question de la légalité des délits et des peines pour mitiger ou renverser l’arbitraire. Souverains et magistrats éclairés, philosophes, médecins-légistes, publicistes et professeurs : les partisans de la légalité assurent à Beccaria son actualité dans l’opinion publique jusqu’à la Révolution de 1789. La Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen valide ce principe comme

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