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Autrui peut-il être réduit à un objet ?

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Par   •  10 Janvier 2016  •  Dissertation  •  2 298 Mots (10 Pages)  •  1 138 Vues

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Autrui peut-il être réduit à un objet ?

Des migrants arrivent par milliers en Europe. Les bénévoles qui font en sorte que ces réfugiés arrivent à s’adapter au mieux à la vie européenne disent tous la même chose : il faut arrêter les dons directs. Cela peut paraître surprenant, car ces gens ont besoin un besoin vital de ces donations. Ils nous conseillent de donner les dons à des organisations, puis ensuite de donner des tickets de métro aux réfugiés, et de leur dire d’aller aux organisations auxquelles on a fait les dons pour qu’ils les récupèrent. Donner directement les dons aux réfugiés les rend passifs et dépendants. Ils deviennent des objets auxquels on fait des donations, objets des décisions politiques. A travers ce subterfuge, ils passent du statut d’objet à celui de sujet : ils doivent se débrouiller, réfléchir, se déplacer pour subvenir à leurs besoins, ils retrouvent leur dignité. Ainsi nous allons nous demander si autrui peut être réduit à un objet.

Un objet peut être pensé dans plusieurs contextes différents. Tout d’abord cela peut être l’objet d’une réflexion. Un objet peut aussi être un but, une fin poursuivie en réalisant une activité. Un objet est toute chose matérielle, inanimée et solide qui est perçue. Finalement, un objet est aussi tout ce qui est pensé, perçu ou représenté en tant que distingué de l’acte par lequel un sujet le pense, le perçoit ou le représente. Ainsi tout ce qui n’est pas sujet est objet. Posons une distinction entre autre et autrui. L’autre c’est tout ce qui n’est pas moi, et peut donc être un animal, un objet ou un homme. Autrui c’est l’autre mais en tant que personne humaine, c’est un être humain envisagé en tant que alter ego, comme un autre moi-même. On peut assimiler autrui à un sujet, en contraste avec un objet. Ainsi on se demandera si un sujet peut devenir un objet. Le verbe réduire implique une hiérarchisation : un sujet est supérieur à un objet. Mais, cela est-il toujours vrai ?

Il y a une distinction claire entre autrui et un objet, ainsi autrui ne peut pas être et encore moins être réduit à un objet.

Tout d’abord, cette distinction s’opère pour un objet étant pensé comme une chose solide et physique. Un être vivant s’oppose en tout point à un objet physique et inanimé. Autrui est caractérisé par le fait que c’est mon alter ego, il a donc une conscience comme moi. Un objet n’a pas de conscience, ce n’est donc pas mon alter ego, ainsi autrui ne peut pas être un objet. Sartre définit autrui comme étant « cet autre moi qui n’est pas moi ». Cela implique qu’autrui doit me ressembler. Or la plupart des objets ne me ressemblent en aucun point. Et si jamais un robot prend mon exacte apparence et semble doté de la faculté de langage, il n’aura pas cette conscience qui en ferait mon alter ego. De plus la plupart des objets sont inanimés. Et même s’ils bougent, ils ont besoin d’avoir un moteur ou d’être remontés, alors que les hommes marchent seuls. Finalement, les objets ont besoin d’être créés, alors que l’homme se développe seul. Ainsi pour des raisons physiques évidentes, autrui ne peut pas être réduit à un objet.

Husserl parle de l’intersubjectivité pour décrire la relation réciproque des consciences les unes avec les autres, ce qui permet la constitution d’un monde commun. On distingue alors le moi, les autres choses que moi et l’autre que moi. Ainsi les objets sont spécifiquement les autres choses que moi et autrui est l’autre que moi. Ainsi autrui ne peut être assimilé à un objet, il a une place à part. Cette place repose en partie sur le langage : autrui répond quand je lui parle, ce qui permet la symbiose de nos consciences, ce qui n’est pas donné aux objets physiques et inanimés.

On assiste aussi actuellement à ce que l’on appelle une « objectivisation » de l’homme, et en particulier des femmes. Il se propage l’idée de la « femme objet », notamment dans la publicité, avec des femmes dénudés, objets de désir. Cependant on ne doit pas oublier que ces femmes qui posent ne sont en réalité que des mannequins, elles ne sont forcées à rien et ont une liberté totale. Ni les femmes ni les hommes ne peuvent être perçus comme des objets, sexuellement parlant, car ils sont avant tout sujets, maîtres de leurs propres corps et peuvent refuser toute assimilation à des objets s’ils le souhaitent.

Ainsi, nous avons donc vu qu’autrui ne peut pas être assimilé, et encore moins réduit à un objet, dans le sens matériel du terme et sexuel du terme. Cependant, nous allons voir qu’autrui peut parfois devenir objet, surtout lorsqu’on élargit la définition du mot.

Autrui peut parfois devenir objet. En effet, dans certains cas l’autre que moi devient objet, c’est-à-dire quelque chose qui s’oppose à un sujet, ou alors l’objet d’une étude, ou même parfois un objet matériel.

A nouveau, Sartre définit autrui comme cet « autre moi qui n’est pas moi ». Ainsi autrui me ressemble. Cependant les hommes et les femmes ne se ressemblent pas, les différentes ethnies non plus au premier abord. Ainsi si cet autre ne me ressemble pas, il n’est pas moi et je ne le considère pas comme autrui. Si l’on considère que tout ce qui n’est pas autrui est un objet, alors je peux considérer certains genres ou certains groupes ethniques comme des objets. Le respect qu’autrui m’inspire ne va donc plus de soit. Jack l’Eventreur, tueur anglais mystifié est connu pour l’assassinat de cinq prostituées à Londres. On dit souvent qu’il a tué ces femmes car il les considérait comme des objets, il ne s’identifiait pas à elles. Rousseau dit que la compassion, la pitié suscitée par le malheur d’autrui est le sentiment caractéristique de la nature humaine. Ainsi, le tueur ne ressent aucune compassion et par la suite aucune culpabilité car il ne considère pas ces femmes comme autrui.

De plus, certaines sciences, comme les sciences sociales et humaines ont pour but l’étude des hommes. Ces êtres humains sont autrui pour ceux qui les étudient, ils sont alter egos les uns des autres. Cependant l’un étudie et devient le sujet tandis que l’autre est étudié et devient alors l’objet de l’étude. Ainsi on ne considère plus autrui dans une relation d’intersubjectivité, où son avis compte pour moi et me fait agir différemment. On en arrive à théoriser autrui, à faire des généralisations. Autrui devient une partie d’une masse, d’une classe, d’un groupe et il perd toute individualité. Ces autres perdent leurs qualités d’autrui pour devenir les objets de notre étude.

Le solipsisme

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