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Peut-on jamais être maître de soi-même ?

Dissertation : Peut-on jamais être maître de soi-même ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  6 Novembre 2022  •  Dissertation  •  3 767 Mots (16 Pages)  •  206 Vues

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PHILOSOPHIE

Correction du devoir de dissertation n°1 « Peut-on jamais être maître de soi-même ? »

1 ; (accroche) Etre maître de soi-même est en soi une expression imagée qui semble porter l’idée que l’on pourrait s’approprier le moi comme s’il s’agissait d’une possession et donc d’une chose ou d’un objet dont on pourrait disposer à volonté. Cette expression, considérée sous cet angle contraste avec l’idée positive que l’on attribue à la maîtrise de soi qui semble impliquer à la fois rationalité et vertu.

  1. (explication des termes) Pourtant être maître de quelque chose c’est en effet disposer d’un pouvoir total sur cette chose, c’est pouvoir en user selon son bon vouloir jusqu’à la détruire ou l’aliéner. C’est avoir des droits sur elle. Ce qu’on entend dans le langage courant par maîtrise de soi-même évoque plutôt l’équilibre et la modération, la fuite des excès. Ce qu’il y a de commun dans les deux sens c’est qu’on ne maîtrise bien que ce que l’on connaît et il faut donc supposer pour se maîtriser, quelque soit le but, une connaissance de l’objet, et donc ici, une connaissance de soi.  On aurait cependant tort de penser qu’être un maître, c’est uniquement dominer et posséder, dans le contexte de l’éducation, il s’agit aussi d’élever, d’éduquer et on comprend alors mieux pourquoi la maîtrise peut être connotée positivement. De ce point de vue, être maître de soi, c’est se tourner vers le Bien et la connaissance, mais c’est reconnaître alors qu’une telle tendance n’est pas naturelle et que bien des obstacles nous en détournent.
  2. (Intérêt du sujet) De fait cette tension entre, d’une part, la simplicité et l’unité d’un Moi qui se connaît et qui se maîtrise dans une parfaite transparence à lui-même et  d’autre part, la complexité et la dualité d’un Moi qui est tiraillé par des passions et des désirs qu’il ne comprend pas et ne contrôle pas nous ouvre à la question des rapports entre la Conscience réflexive, privilège que l’homme possède dans la connaissance de soi et la possibilité que nos motivations appartiennent à un véritable continent noir que l’on nomme l’Inconscient. 
  3. (problématique) On doit alors se demander d’une part s’il est jamais possible de s’approprier ce « moi « en exerçant sur lui une contrainte et de ce fait se demander si la volonté consciente peut faire plier à sa guise des émotions et des désirs ? Mais, si nous répondons positivement, ne sommes-nous pas malgré tout le jouet de déterminations plus profondes et la volonté n’est-elle pas qu’une illusion qui recouvre des pulsions ? Enfin, quand bien même parviendrions-nous à une parfaite maîtrise nous-mêmes, cette maîtrise ne peut-elle pas être critiquée dans la mesure où elle n’est pas nécessairement orientée vers le Bien mais peut confiner à l’insensibilité ? Cela nous obligerait alors à définir le Moi comme une nécessaire conjonction, un équilibre à trouver entre la souveraineté du Vouloir et la puissance du Désir.
  4. (Annonce du plan) Dans un premier temps nous examinerons dans quelle mesure la maîtrise de soi requiert une connaissance de soi et repose sur le triomphe d’une volonté qui émane de la conscience et se retourne vers elle-même. Dans un deuxième temps nous verrons que cette souveraineté de la volonté est aussi contestable que celle de la conscience et que les désirs reposant sur des motivations inconscientes l’emportent sans qu’il soit possible d’y remédier. Toutefois, une telle affirmation ferait de l’homme un être entièrement déterminé par sa Nature ce à quoi il échappe précisément en raison de la nature duale de sa conscience qui n’est ni un observateur surplombant mais impuissant, ni un démiurge se déterminant à tout moment sans limites.

La connaissance de soi qui nous est conférée par la nature réflexive de notre conscience trouve son aboutissement dans la Volonté et la Raison qui peuvent nous amener à contraindre nos passions.

La conscience humaine a la particularité d’être réflexive, c’est-à-dire de pouvoir se considérer elle-même comme un objet de connaissance. Nous sommes capables de ne pas considérer nos contenus de conscience comme de simples perceptions qui se succèdent sans que nous ne puissions rien y faire. Nous pouvons évoquer des souvenirs, faire preuve d’imagination à notre initiative. Nous pouvons donc agir sur nous-mêmes comme s’il s’agissait d’un objet extérieur. La conscience possède comme nous l’a expliqué Hegel une nature double étant à la fois en-soi et pour-soi, mais puisqu’elle se définit par une certaine extériorisation dans le monde. Si produire une oeuvre ou un travail modifie le monde, il en va de même à l’intérieur de la conscience : celle-ci peut agir sur elle-même et se modifier pour prendre conscience de soi. L’outil de cette maîtrise de la conscience sur elle-même est par excellence la volonté. C’est la volonté qui permet d’agir dans le monde, d’agir sur son corps (lever la main) et, par extension d’agir sur son esprit (repousser une pensée triste). Les contenus de notre conscience ne sont donc de ce point de vue pas considérés comme un flux mais comme une matière à laquelle la volonté donne une forme. Il faut donc imaginer que cette réflexivité a pour prolongement le triomphe de la volonté sur les désirs. Un penseur stoïcien comme Epictète voyait ainsi la véritable liberté dans l’extinction même des désirs, extinction qui n’est possible qu’à travers la domination qu’exerce la volonté sur l’esprit lui-même. Puisque l’esprit est dual, il peut mener en son sein une lutte dont la volonté sortira vainqueur parce qu’elle est le consentement de l’esprit à ses propres désirs et ses propres actions. Ainsi, la connaissance de soi et la conscience de soi ne sont possibles que dans le but d’agir sur soi et on ne peut agir sur soi que si l’on est actif et si l’on combat les passions qui semblent nous faire agir comme des automates. La volonté doit ainsi être vue comme le commencement absolu de toute action. Si l’homme est libre ce ne peut être qu’à travers la volonté comme faculté d’échapper à l’enchaînement des causes et des effets qui existe dans la Nature physique. La volonté est alors la marque de notre autonomie, c’est « l’organe du futur » la faculté qui fait naître ce qui est neuf.

Mener nos actions par la Raison est la deuxième grande possibilité qui nous est offerte de nous maîtriser lorsque la volonté vient à défaillir. Prenons ainsi l’exemple du joueur compulsif, ce dernier ne peut s’arrêter de jouer au casino et de perdre de l’argent. Quels que soient les motifs psychologiques qui le mènent à sa perte, la compulsivité de ce comportement semble écarter tout support de la volonté. Toutefois, certains individus parviennent à une connaissance suffisante de leur propre manque de volonté (aboulie) pour anticiper ces comportements irrationnels et déraisonnables. L’individu en question peut ainsi se faire interdire de casino et prouver ainsi que la rationalité vis-à-vis de son propre comportement l’emport sur la force mécanique qui le pousse à se détruire. On voit dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse qui demande à son équipage de le nouer au mât pour ne pas succomber au chant des sirènes qui peuvent l’entraîner à sa perte. Comme l’explique Alain, dans ses Propos, reconnaître l’existence d’un inconscient ne signifie pas accepter la supériorité indiscutable des pulsions sur notre rationalité. Nous sommes capables par la connaissance que nous avons de nos faiblesses de remédier à celles-ci et de mettre en place des dispositifs qui  l’emportent sur nos motivations inconnues. Il n’est donc pas nécessaire de trouver la cause de ces tendances si l‘on parvient par la Raison à les orienter comme nous le souhaitons. Se connaître soi-même, ce n’est pas connaître les causes de ses pensées et de ses actes, c’est faire oeuvre d’un jugement lucide sur soi et savoir par quels moyens ce jugement peut nous amener à adopter des règles de pensée ou d’action. C’est là encore en posant sa propre conscience comme un objet extérieur sur lequel on émet des jugements, par la réflexivité que l’on obtient une maîtrise rationnelle de soi. Il n’est ici pas nécessaire d’avoir la capacité d’éteindre ses désirs ou de supposer une toute-puissance de la volonté, il faut juste reconnaître que la Raison circonscrit la conséquence de ses désirs et les défaillances de l’esprit. C’est de la même manière que nous tentons d’appliquer des méthodes de calcul pour réduire le risque d’erreur mathématique. Il faut reconnaître le caractère fini de notre esprit pour se doter de règles qui lui permettent de mieux se diriger. La conscience doit développer sa dimension d’anticipation dans le temps que lui confère la raison.

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