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Inconscient Liberté

Dissertation : Inconscient Liberté. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Mai 2020  •  Dissertation  •  5 679 Mots (23 Pages)  •  1 274 Vues

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L’idée d’inconscient exclut-elle l’idée de liberté ?

                [Introduction]                

Au spectacle d’une cascade, nous pensons voir caprice et arbitraire dans les innombrables courbures, ondulations et brisements de ses vagues ; mais tout y est nécessaire, le moindre remous mathématiquement calculable. Il en est de même pour les actions humaines ; on devrait, si l’on était omniscient, pouvoir calculer d’avance un acte après l’autre, aussi bien que chaque progrès de la connaissance, chaque erreur, chaque méchanceté. Le sujet qui agit est quant à lui, sans doute, pris dans l’illusion de son libre arbitre ; mais si la roue du monde venait à s’arrêter un instant et qu’il y eût une intelligence omnisciente, calculatrice, pour mettre à profit de telles pauses, elle pourrait à partir de là prédire l’avenir de chacun des êtres jusqu’aux temps les plus éloignés et marquer toutes les traces dans lesquelles cette roue passera encore. L’illusion de l’acteur sur lui-même, le postulat de son libre arbitre, font partie intégrante de ce mécanisme à calculer.

Nietzsche, Humain, trop humain, Tome I (1878), Chapitre II « Pour servir à l’histoire des sentiments moraux », §. 106 « La cascade. ».

                Nietzsche, dans l’aphorisme ci-dessus, détruit le concept de libre arbitre au profit du déterminisme. Cet aphorisme résout la problématique de l’incompatibilité entre l’inconscient et la liberté. Mais voilà, nous ne sommes pas Nietzsche. Nous sommes invités à réfléchir sur le sujet suivant : L’idée d’inconscient exclut-elle l’idée de liberté ?

        Etonnamment, la question posée est formulée sous la forme du principe aristotélicien du tiers exclu. Ce principe s’énonce sous la forme suivante. De deux propositions contradictoires, l’une est vraie, l’autre est fausse.  D’emblée, cette question nous convie à nous interroger sur la coexistence de deux idées opposées. Si nous regardons la forme de la formulation de la question, il semble que l’idée d’inconscient est vraie puisque logiquement selon le principe du tiers exclu, l’idée de liberté est fausse. Autrement dit, si nous admettons la vérité de l’idée d’inconscient, nous ne sommes pas alors ontologiquement libres, nous ne sommes pas des êtres libres. C’est ce que nous devons démontrer.

        Pour cela, nous allons définir ce que sont l’inconscient et la liberté au sens où ils sont des constructions formelles de l’esprit. Ensuite, nous montrerons en quoi réside l’incompatibilité de l’idée d’inconscient avec l’idée de liberté. Et enfin, nous remettrons en question la réalité de l’idée d’inconscient par rapport à celle de liberté. En somme, nous nous interrogerons à la fois sur l’idéalité et la réalité de l’inconscient et de la liberté afin de clore le débat sur leur incompatibilité manifeste.

                [Première partie : L’idée d’inconscient]                

                Avant de déterminer l’idée d’inconscient, nous remarquons l’absence d’emploi d’un pronom personnel défini ou indéfini dans l’expression « l’idée d’inconscient ». En ce sens, il faut nous accorder sur le sens à donner au mot « inconscient ». Est-ce un adjectif qualificatif ? Ou est-ce un nom commun ? En fonction de l’acception du mot, nous avons deux sens distincts. D’abord, si le terme d’inconscient est pris comme adjectif qualificatif, nous en avons une définition négative. Inconscient signifie ce qui n’est pas conscient. C’est ce qui est non conscient. En revanche, si le terme d’inconscient est entendu comme un nom commun ou comme substantif, nous le définissons de manière positive. Inconscient renvoie à une réalité psychique ayant sa dynamique et ses caractéristiques propres qui déterminent la conduite d’un sujet et échappent à sa conscience. En ce sens, l’inconscient correspond à la découverte freudienne et appartient au domaine de la psychanalyse. De l’analyse des deux acceptions, nous observons que l’acception négative est plus large que la seconde acception. Inconscient qualifie un état ou une personne. En ce sens, nous parlons d’inconscience. Il y a abolition du jugement du sujet. L’acception positive est plus étroite que la première acception. Inconscient est le nom de la découverte freudienne. Dans un premier temps, nous nous intéressons à la conceptualisation de l’idée d’inconscient par Freud car elle remet en question l’idée de liberté.

        C’est alors avec Freud que s’opère au début du XXème siècle une révolution fondamentale dans la conception du psychisme humain avec la mise en évidence de l’inconscient à partir de l’observation et de l’étude de maladies que la médecine classique ne peut guérir. Freud a une formation en neurologie. En effet, la médecine se fonde à la fin du XIXème siècle sur la connaissance des mécanismes organiques. Et elle se heurte aux maladies de l’esprit telles que la mélancolie ou l’hystérie. En effet, ces maladies n’ont pas de lésions organiques qui permettraient de les expliquer. L’inconscient exerce une influence, un pouvoir fondamental sur l’individu et sur la société, c’est-à-dire sur la manière dont les individus entrent et vivent en rapport les uns avec les autres.

        La psychanalyse est le domaine qui semble à première vue le plus proche pour parler de la dimension subjective. La psychanalyse n’est pas simplement une théorie. Elle est à la fois une théorie et une pratique. Et Freud ajoute à la psychanalyse la méthode d’investigation. C’est la technique de l’interprétation qui se fonde sur une association d’idées du patient. En tant que théorie analytique, elle semble fournir un cadre général à l’intérieur duquel les interprétations d’un psychanalyste vont trouver quelques repères utiles. C’est l’incitation à ce que le patient reprenne librement le fil de ses associations. Freud semble nous convaincre de l’existence d’une réalité psychique autonome. C’est l’argument de la psychanalyse. Dans le cadre d’une cure analytique, c’est la découverte de l’origine de la situation névrotique du patient. La confirmation des hypothèses freudiennes est la clinique, c’est-à-dire l’approche des patients.

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