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« C’est par le corps que l’esprit se découvre : voilà la grande leçon de la vie » - Nietzsche

Dissertation : « C’est par le corps que l’esprit se découvre : voilà la grande leçon de la vie » - Nietzsche. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Janvier 2018  •  Dissertation  •  1 985 Mots (8 Pages)  •  856 Vues

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« C’est par le corps que l’esprit se découvre : voilà la grande leçon de la vie » - Nietzsche

Cette citation est tirée de La Danse de Nietsche de Béatrice Commengé, ou du moins elle est utilisée pour illustrer le thème l’ouvrage : la danse. Or, la citation se poursuit : « …Voilà surtout la leçon de la maladie, des souffrances continuelles, de la solitude. » Cette citation pourrait donc avoir une portée plus générale que la danse. Par ailleurs, il pose une question plus loin : « est-ce l’esprit ou la main qui peint et qui sculpte ? »

En effet, on peut penser que cette citation pose une certaine distinction entre le rôle du corps et celui de l’esprit. Ce dernier pourrait être défini comme une substance immatérielle servant de support à la pensée et la réflexion, et pourrait même parfois se refléter dans la conception d’âme de certains penseurs ; l’esprit est immatériel et immortel pour la plupart des philosophes, comme Platon par exemple, et serait caractéristique de l’être pensant, soit l’homme.

Le corps, quant à lui, pourrait être défini comme étant ce qui constitue la matérialité d’une chose vivante (ou non), sa dimension physique, ce qui définit la chose dans un temps et un espace composé d’autres corps avec lesquels il interagit. Notre corps, le corps humain, est matériel, vulnérable, mortel, et nous est donné à notre naissance dans le sens où nous ne le choisissons pas. Le corps pourrait également être un ensemble de choses, comme par exemple un corps médical.

Dire que l’esprit se découvre, c’est insinuer qu’elle était auparavant couverte ; l’esprit se dévoilerait donc, révélerait ses capacités, exploiterait son potentiel et exercerait sa fonction -penser- par le corps, c’est-à-dire grâce au corps, en lien avec ce corps. Si on suppose que l’esprit vit dans le corps, l’habite, on pourrait penser que l’esprit « exploite » le corps afin de se révéler, se découvrir. Il pourrait alors exister entre le corps et l’esprit un lien insondable, mélangeant la dépendance, mais aussi une certaine union, et quelque part une sorte de domination.

Dans quelle mesure peut-on dire que le corps et l’esprit entretiennent un rapport paradoxal impliquant l’union de ces deux entités paraissant si différentes, mais aussi un rapport de dépendance et de domination ?

I- Le corps et l’esprit entretiennent une relation de dépendance dans leur existence propre.

A. La dépendance du corps à l’esprit

Se dire que le corps dépendrait de l’esprit est étrange, voire même, il pourrait s’agir d’une idée erronée. Le corps peut en effet exister sans esprit, comme Descartes le suppose dans Discours de la méthode où il explique que les animaux sont des machines sans âme, et donc dénués de pensée ou de réflexion. Or, ils disposent d’un corps « machine », c’est-à-dire purement organique tel que celui de l’homme, et par conséquent, existeraient malgré cette absence de pensée. Ainsi, on devrait plutôt affirmer que l’être pensant, doté d’un corps, doit également être doté d’un esprit afin de penser et réfléchir. L’expérience du miroir prouve que la plupart des animaux ne réalisent pas leur corps, et le conçoivent comme étranger, comme si leur reflet était un autre animal. Or, l’être pensant réalise son corps, son existence dans le monde matériel, le conçoit avec ses limites grâce à l’esprit : il pourrait alors y avoir une dépendance du corps de l’être pensant à l’esprit dans le fait même qu’il réalise que son corps est le sien. De plus, Bergson dans Matière et mémoire définit le corps comme « un objet destiné à mouvoir des objets et donc un centre d’action : il ne saurait faire naître une représentation. » Il explique ainsi que même si nous percevons par nos sens, nos yeux perçoivent des images dans l’immédiat par le processus de lumière sur la rétine, et le cerveau recevant l’information, nous ne pouvons atteindre cette dernière sans l’esprit. Le processus de vision, purement corporel, impliquant la cornée, la rétine et la lumière, et le stockage de la perception instantanée de la vision par le cerveau n’a pas d’utilité s’il n’est pas traité par l’esprit, car ce dernier peut exploiter les informations passées que le corps ne peut plus percevoir puisqu’il n’existe déjà plus, et que le corps ne vit que dans l’instant présent, tandis que l’esprit se projette dans l’avenir et peut revenir dans le passé. Donc, dans cette optique, le corps de l’être pensant dépendrait de l’esprit.

B. L’esprit dépendrait du corps

L’idée que l’esprit dépendrait du corps est au premier abord plus plausible que le contraire, car l’esprit vivrait dans le corps. Platon, dans Phédon, explique que le corps est la prison de l’âme. En effet, le corps est un obstacle à la vérité, et est l’origine de nombreux maux de l’humanité, comme les guerres par les passions qui animent les hommes, les éloignant de la sagesse. Nietzsche affirme par ailleurs dans la citation que c’est par le corps que l’esprit se découvre, soit que l’esprit peut exploiter ses capacités par le corps. La question est donc à prendre à l’envers : l’esprit peut-il exister sans corps ? On suppose que, comme un être pensant doit bien être doté d’un corps, l’esprit devrait aller de paire avec ce corps, puisque la pensée est caractéristique de l’être pensant, or l’esprit pourrait être défini comme le support de la pensée. L’esprit pourrait exister sans corps, mais ne pourrait s’articuler de la même manière que par le corps : puisque toute chose est définie par un corps dans la réalité, et que l’être pensant a un corps et pense, alors on pourrait par analogie penser que l’esprit de l’être pensant dépend du corps dans l’exploitation de ses capacités. Sans corps, l’esprit ne peut être, il ne pourrait pas servir ce dont à quoi il serait destiné à servir : penser et réfléchir.

II- Le corps et l’esprit entretiennent une relation de dépendance, mais il existe une forme de domination.

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