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Autrui

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Par   •  24 Janvier 2018  •  Cours  •  2 280 Mots (10 Pages)  •  962 Vues

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IV Autrui

"Autrui" vient du latin alter : l’autre, celui qui n'est pas le même.

Autrui est à la fois celui qui n'est pas moi et celui qui est semblable à moi : c'est-à-dire un sujet, une conscience, comme moi.

On parle d'ailleurs d'alter ego.

1/ Comment saisissons-nous l’autre ?

a/ Solipsisme

Quel est le premier philosophe à avoir découvert la conscience, le sujet pensant ? Descartes. Et que pouvons-nous dire de cette découverte concernant autrui ? Qu'il n'apparaît pas !

Lorsque Descartes découvre la présence du sujet pensant, c'est dans la solitude la plus radicale. Souvenez-vous : tout le monde extérieur a disparu avec l'épreuve du doute hyperbolique.

Ma conscience est donc la seule dont je puisse faire directement l'expérience. 

C’est seulement par la suite, dans un deuxième temps, que Descartes fonde l'existence du monde et des autres, à partir de l'existence de Dieu.

Mais il est des philosophes qui en sont restés au premier mouvement : on appelle cette pensée le solipsisme.

Berkeley, philosophe anglais du XVIIIe, affirme ainsi que tout ce qui existe, c’est ma conscience ainsi que ce qu'elle perçoit. L'esprit reçoit toutes ses perceptions directement de Dieu. La matière n'existe pas. Un peu comme si ma conscience assistait à un spectacle réalisé par Dieu pour moi.

Comment, dans ce cas, penser autrui ? Comment la conscience peut-elle sortir d'elle-même pour communiquer avec autrui ?

Pour Berkeley, je suis obligé de passer par un raisonnement pour saisir l'existence d'autrui.

Et plus particulièrement par un raisonnement analogique : autrui est semblable à moi-même.

Berkeley donne un exemple : si mon voisin pleure, je sais qu'il est bouleversé parce que, par expérience, que je pleure quand je suis bouleversé. Je devinerai de la même façon qu'il a honte si je le vois rougir, ou qu'il est en colère s'il fait des gestes violents. 

J'interprète ainsi par analogie le comportement d'autrui et je lui attribue les sentiments correspondants.

Question : La communication des consciences est-elle vraiment de l'ordre du raisonnement ? Ai-je besoin de raisonner pour comprendre qu’un homme qui pleure est en souffrance ?

b/ L’intuition de l’autre

Il semble plutôt que notre rapport à autrui soit instinctif.

C'est ce que soutient Husserl : notre conscience reconnaît l'existence d'autres consciences dans un sentiment originaire de "coexistence". 

L'expérience d'autrui est d'abord une expérience vécue, une attitude irréfléchie mais fondamentale de la personne, une caractéristique primitive de notre insertion dans le monde et dans l'humanité.

Il ne semble pas, en effet, qu'on ait besoin de passer par un raisonnement pour prêter un sens aux attitudes et aux expressions d'autrui. Un bébé répond spontanément au sourire de sa mère, en sent la signification affectueuse, alors qu'il est incapable de faire le moindre raisonnement.

Question : puis-je vraiment connaître l’autre ? Puis-je réellement me mettre à sa place ? Pénétrer sa conscience ?

c/ Une subjectivité inaccessible

Texte de Merleau-Ponty p. 82

        Je peux saisir autrui à travers son « corps phénoménal » : son comportement, ses paroles. Mais autrui ne se résume pas à son comportement ni à ses paroles : nous le savons bien, puisque nous-mêmes pouvons agir ou dire des choses qui ne correspondent pas toujours à ce que nous sommes réellement.

        Et même si ses paroles, ses actes sont sincères, je ne peux pénétrer dans l’intimité de sa conscience.

        Je peux compatir sincèrement au deuil que vit un ami, mais je ne vivrai jamais ce deuil comme il le vit, même si je suis très proche de lui.

        Il y aura toujours une distance entre autrui et moi-même et cela est dû à l’essence même de la conscience : toute conscience est un point de vue unique sur le monde. Nous ne vivons pas les mêmes choses, nous ne faisons pas les mêmes expériences, nous n’avons pas le même regard sur le monde.

Autrui est une subjectivité irréductible à la manière dont elle s’exprime, dont elle apparaît. Il est bien un « alter ego », un autre moi-même : je saisis intuitivement qu’il est doté, comme moi, d’une conscience, mais je n’y aurai jamais totalement accès.

La communication avec autrui n’est pas une communion.

        Vous pouvez ici faire un rapprochement avec le chapitre sur la conscience : Husserl, selon lequel la conscience est un regard unique sur le monde ; Nagel et la chauve-souris ; Bergson et l’expérience subjective du souvenir.

        Vous pouvez également penser au corrigé de la dissertation sur l’art que nous avons lu ensemble à la fin du manuel : seul l’artiste parvient à nous faire saisir, fugitivement, ce qu’il se passe dans sa conscience.

[pic 1]

        Si je ne peux comprendre totalement autrui, alors lui non plus ne peut me saisir dans toute ma complexité. Cela pose problème, car nous avons vu, avec Hegel et Sartre, que le regard d’autrui est fondamental pour la connaissance de soi.

2/ Autrui et conscience de soi

Nous l'avons vu, chez Sartre, autrui est un miroir pour ma conscience.

Texte manuel p. 85

Citation : "Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même".

Autrui est un rempart contre la mauvaise foi, parce qu'il m'objective et me fait apparaître tel que je suis à un moment donné. Il me fait prendre conscience de moi-même.

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