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La victoire de la démocratie

Étude de cas : La victoire de la démocratie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Juin 2017  •  Étude de cas  •  3 906 Mots (16 Pages)  •  600 Vues

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VICTOIRE DEMOCRATIQUE

Le PJD, communément appelé partie de la lampe par ses fervents participants, a réussi en ce mois d’Octobre 2016 à conquérir de nouveau les votes des électeurs. S’assurant ainsi cinq autres années à la tête du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, le chef du parti, a clamé haut et fort que "la démocratie a triomphé". Mais est ce réellement la victoire de cette dernière ou plutôt celle de la politique ? Car si les deux vont de paire ils ne sont aucunement la même chose. Quand l’un défend le pouvoir du peuple, l’autre ne défend que le sien.

Le terme « démocratie » jouit aujourd'hui d'une popularité démesurée, au point que toutes les forces politiques se l’attribuent et s’en réclament. Ce n’était pas le cas trois siècle plutôt, car s’il a connu une naissance glorieuse dans la Grèce antique, le terme fut victime d’un dénigrement au XVIIIe siècle quand les pères fondateurs des démocraties modernes, notamment européennes et nord-américaines, associaient cette idée au chaos, à la violence et à la tyrannie des pauvres. Pour eux, le peuple, une masse aisément malléable et influençable, n’est guerre apte à prendre les bonnes décision au long terme et à défendre le plus grand bien, ainsi que l’intérêt général. Et ils n’avaient pas tout à fait tort: qui d’autre que le peuple a élu Hitler.

De nos jours, alors que la planète entière semble penser que « démocratie » est synonyme de régime électoral où le pouvoir est délégué à un groupe d’élus, toute expérience d’un véritable pouvoir populaire, comme un débat collectif sur les affaires communes, se heurte instantanément au mépris des élites, qui eux n’usent du terme démocratie que pour séduire les masses. Et qu’est donc la politique au XXIe siècle si ce n’est que pure séduction, particulièrement en période électorale.

Effectivement en ces temps modernes, alors que la communication via médias s’est transformée en véritable art, les responsables politiques ont bien compris qu’elle constituait désormais une nouvelle et importante corde à leurs arcs. Une énième corde basée sur la mise en scène et le paraître de soi-même en espace public. Les Don Juan de la politique n’ont aucun scrupule à user de leurs charmes, stratégiquement élaborés et minutieusement calculés, pour conquérir, exercer et conserver le pouvoir. Tel un vrai bourreau des cœurs, le politicien contemporain joue sur l’attractivité du personnage qu’il s’est construit en se basant sur les mœurs et les mentalités : ce que la foule veut voir, ce que la foule veut entendre et ce que la foule veut croire.

La scène politique des Etats Unis d’Amérique est de loin le plus grand exemple de cette manœuvre anti-démocratique. Dans ce monde outre atlantique, l’image du politicien est sa plus grand force. Leurs campagnes électorales, appuyées par le marketing politique, font pâlir les nôtres, reposant encore sur la corruption et l’achat des votes telle une politique moyenâgeuse.

Un homme politique américain qui se respecte est celui qui, dès ses débuts, a su maitriser son image qu’elle soit authentique ou véritable illusion; la perfectionnant au fil du temps à l’aide d’une vie de famille semblant des plus paisibles; l’enjolivant grâce à des actes paraissant des plus charitables; et l’ornementant avec une démonstration apparaissant comme sincère, de respect et d’attention envers un maximum de minorité. Tout un background sur lequel reposera sa carrière politique. Et tant qu’aucun scandale ne fait tache, l’électorat sera envouté. Particulièrement si le politicien se montre éloquent dans sa maîtrise de l’auditoire.

Certains professionnels des médias ont en même fait leurs métiers, leurs aptitudes en matière de communication politique collaborent à cette manipulation de la foule électorale. Chose qui donne à la démocratie un véritable air de mascarade.

En effet, à partir du milieu de XXe siècle avec l’apparition de la télévision, la politique se transforma en véritable spectacle. Prenons l’exemple de John Fitzgerald Kennedy, dont l’ascension au pouvoir a fait évoluer cette figure de séducteur politique. Précurseur dans bien des domaines, le plus jeune président américain jamais élu, a su user de la télévision comme d’un outils de conquête de l’opinion publique. Dès lors, sa campagne qui se montrait difficile au départ, a pris un autre tournant après le premier débat télévisé. Débat qui opposa un Nixon blafard et mal à l’aise à un Kennedy bronzé, resplendissant et surtout confiant. Mais son véritable coup de génie a été sa décision de téléviser et de diffuser en direct toutes ses conférences de presse, où son parfait contrôle de ce média lui permit de produire, non pas de la politique, mais du spectacle. Ce qui en résulta une vraie adulation de la part du public aussi bien à l’intérieur des USA qu’à l’étranger.

Cinq décennies plus tard vint le tour d’Obama de charmer ses électeurs. Durant sa campagne présidentielle en 2008, le premier « Black leader » du monde libre a mit au point des spot télévisés jouant sur la carte des sentiments et de l’identification afin de gagner les voix des américains. Intitulé « American Problems, American Solutions », le spot met en scène des histoires ordinaires dans lesquelles tout un chacun peut s’y retrouver et s’y identifier : vieux couple afro américain, famille hispanique, jeune couple blanc… A la fin, une scène, où Barack Obama gravit les marches d'un escaliers, fait allusion à sa prochaine victoire aux élections. Le résultat fut imminent, la ferveur populaire s’empara d’abord des Etats Unis puis encore une fois du reste du monde.

En conclusion, si la télégénie a gommé toutes les aspérités qui faisait jadis paraître le politicien comme ordinaire, désormais c’est par son biais que se bâtissent les stratégies de séduction. Vu que les apparitions publiques ne s’opèrent plus que par la télévision, il est donc impératif de s’y montrer sous son meilleur jour et de soigner au mieux son apparence. Et cela ne se limite pas qu'au physique mais aussi à l’image dégagée que perçoit l'audience. Car aujourd’hui c’est incontestablement l’image qui fait les stars où plombe les carrières politiques.

Mettant à profit la publicité; les relations publiques; les relations presses; le lobbying; la télévision; le digital et tout autres moyens afin de construire, de renforcer ou même de regagner la notoriété d’un candidat ou d’un parti, le marketing politique n’a aujourd’hui aucune leçon à apprendre de celui des biens et services. Et à l’instar du consommateur, l’électeur qui est sujet à une manipulation anti-démocratique est de plus en plus malléable et indécis, et ce jusqu’au moment de mettre son bulletin dans l’urne.

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