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Dissertation: Les effets du progrès technique.

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Par   •  1 Décembre 2013  •  2 012 Mots (9 Pages)  •  2 531 Vues

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En Économie, on considère le progrès technique comme étant un tremplin vers la maximisation de la productivité et de la croissance. Également, la parcellisation des tâches tirée du Taylorisme/Fordisme, tend à améliorer les gains de productivité et ainsi, la croissance. Sociologiquement, la vision est différente. En effet, si l'on s'intéresse aux travailleurs et à leur bien-être, on se rend compte que l'avancement technique a un effet ambigu. Le texte de Sophie Bernard, « Travailler à l'insu des clients. Défaut de reconnaissance en caisses automatiques », Travailler, 2013, montre que la multiplication des dispositifs automatiques a un effet double sur le travail des caissières : d'abord, le travail des caissières n'est pas facilité, il est au contraire intensifié. Ensuite, il y a un effet d'invisibilisation de leur travail. Ce texte est basé sur des entretiens faits avec des caissières, mais aussi sur une méthode d'observation participative. L'enquête est réalisée sur plusieurs années dans trois hypermarchés de deux enseignes différentes.

Le texte de Sophie Prunier-Poulmaire « Flexibilité assistée par ordinateur. Les caissières d'hypermarché ». Actes de la recherche en sciences sociales, 2003, va dans le même sens en montrant les transformations des conditions de travail des caissières.

Quels sont les effets du progrès technique sur le travail des caissières ? Quels sont les stratégies adoptées pour résister aux effets gênants de la multiplication des dispositifs automatiques ?

Pour répondre à ces questions, nous allons dans un premier temps voir que le progrès technique, loin de faciliter le travail des caissières, entraine au contraire une intensification de leur travail. Dans un second temps, nous verrons que malgré un accroissement des rythmes de travail, le travail des caissières est rendu invisible par leur conscience professionnelle, ce qui entraine un manque de reconnaissance des clients. Dans une dernière partie, nous visionnerons les différentes astuces des caissières pour répondre à ce manque de reconnaissance des clients.

I- Le progrès technique entraine une intensification du travail des caissières.

Sophie Prunier-Poulmaire démontre qu'avant même l'apparition des caisses automatiques, le travail des caissières s'est modifié avec l'arrivée du lecteur optique et des étiquettes sur les produits. En effet, les caissières n'avaient plus les mêmes tâches à effectuer. Le travail qu'elles faisaient avant s'est transformé : des gestes simples et répétitifs visant à accroitre la productivité : « Cela s'est immédiatement traduit par une augmentation de 5% de la productivité ». Mais le travail des caissières, qui paraît en apparence plus simple, est en fait plus pénible physiquement et intellectuellement.

L'auteur le démontre en mettant en avant les gestes répétitifs, les mouvements de têtes fréquents, mais également la capacité à retenir l'emplacement des codes barres, d'anticiper l'arrivée d'un produit pour le placer correctement etc. : « Ceci augmente les manipulations, accroît la charge de travail et la répétitivité des mouvements, et engendre une tension nerveuse supplémentaire ».

Sophie Bernard quant à elle, met en avant la différence de travail entre les caisses dites « classiques » et les caisses automatiques. En effet, dans les caisses classiques, les employées ont une certaine marge de manœuvre. Comme pour le travail à la chaîne, elles peuvent accélérer le rythme ou le ralentir, se permettre de se reposer entre deux clients (certes, c'est un temps de repos faible, mais il est réel) ; or, elles n'ont pas cette possibilité dans le cadre des caisses automatiques. Elles ne doivent plus gérer un seul client à la fois, mais plusieurs (4 à 8 caisses en moyenne) : « Ayant en charge plusieurs caisses et menant plusieurs tâches simultanément, elles n'ont plus la possibilité de se ménager de moments de pause ».

En plus de ce travail, elles doivent opérer un travail de contrôle sur les clients : s'assurer que chacun respecte les consignes et qu'aucun ne fasse passer un article sans le payer par exemple. Pour cela, elles se servent de superviseurs.

Le superviseur est un écran qui regroupe l'ensemble des caisses en fonctionnement. Les caissières n'ont donc plus qu'un seul écran à contrôler, mais autant d'écrans que de caisses en service. Elles ne doivent pas relâcher leur vigilance. En même temps que de contrôler plusieurs caisses qui n'en sont pas à la même étape du processus d'achat (scan des produits, paiement), elles doivent vérifier que le client ne fait pas d'erreur, entrer les promotions, vérifier qu'aucun vol n'est commis etc.

L'auteur montre la différence de l'intensité du travail entre les caisses dites « classiques » et les caisses automatiques, ainsi que la vision que les caissières ont de ces dernières : « C'est plus dur parce qu'on est plus sollicité, en caisse, y'a des moments creux où on peut quand même souffler, mais c'est vrai qu'en caisses automatiques, faut vraiment être attentif tout le temps ».

Elle met également en avant la ressemblance entre le métier de caissières en caisses automatiques et la fonction de surveillance-contrôle des opérateurs des industries de flux. Cette ressemblance est vraie, car les caissières doivent opérer un contrôle continu et intensif. La seule différence entre ces deux types d'emploi réside dans la présence du client. En effet, les caissières sont confrontées aux clients, qui peuvent juger directement leur travail.

II- Paradoxalement, cette intensification est rendue invisible par la conscience professionnelle des caissières.

Le travail est désormais divisé entre deux acteurs : la caissière et le client. La caissière joue alors un rôle de contrôle et de surveillance sur le client. Elle est également présente pour faciliter la transaction, et veiller à ce que tout se passe bien. Les clients quant à eux, on l'impression de faire la transaction seuls, et ne sont pas conscients du travail que fournissent les caissières pour permettre la facilité de l'achat. Ce travail résulte de la conscience professionnelle des caissières : faire son travail pour ne pas ralentir le rythme. Les consignes officielles qu'elles ont consistent à n'intervenir qu'à la demande du client. Mais les caissières

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