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Comment développer le potentiel de la moitié féminine de la population ?

Note de Recherches : Comment développer le potentiel de la moitié féminine de la population ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  2 Décembre 2012  •  1 996 Mots (8 Pages)  •  1 233 Vues

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Quelques pionnières de la région MENA favorisent des évolutions progressives dans l'entreprise et dans la société. Comment développer le potentiel de la moitié féminine de la population ?

La Jordanienne Hana Barqawi a réalisé son rêve : ouvrir son magasin de mobilier pour enfants à Amman, la capitale. Mme Barqawi fait partie d'une vague de créatrices d'entreprises qui déferle sur le Moyen- Orient et l'Afrique du Nord depuis une bonne dizaine d'années. Ce phénomène ne l'étonne pas : « Les femmes arabes sont instruites et ouvertes d'esprit, explique-t-elle, curieuses des idées et des cultures nouvelles, et attirées par les nouveaux défis ». Les attitudes culturelles ne lui ont pas non plus semblé insurmontables : en Jordanie, l'entrée des femmes dans la vie économique n'est pas mal perçue par les hommes. Mais Mme Barqawi note que, même si domestiques et « nounous » aident à s'occuper des enfants, beaucoup de femmes doivent aujourd'hui conjuguer quotidiennement vie familiale et vie professionnelle. Mais l'expérience de Mme Barqawi reflète-t-elle la situation de la majorité des femmes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient ? C'est une question politique majeure. Certes, les femmes font leur apparition dans les entreprises et les administrations de plusieurs pays du MENA - dont certains progressent à cet égard plus vite que d'autres - mais dans l'ensemble, elles restent très minoritaires. De plus, dans cette région, les femmes sont loin d'avoir toutes l'instruction nécessaire pour entrer dans la vie active.

Les attitudes sociales et les lois varient considérablement dans la région MENA, de même que le rythme du changement et du développement. L'époque où les filles des pays du Golfe persique n'étaient pas scolarisées est révolue, mais l'illettrisme féminin reste néanmoins monnaie courante. La situation géographique est un facteur important : les femmes qui vivent dans les campagnes reculées et traditionalistes ont plus de mal à trouver un emploi ou à créer des entreprises que les citadines d'Amman ou de Marrakech. L'appartenance sociale joue aussi un rôle : les domestiques grâce auxquelles certaines femmes parviennent à gérer des entreprises n'ont généralement pas le même accès à l'éducation et à l'emploi que leurs employeuses.

En bref, malgré des exemples encourageants, il reste des progrès à faire avant que toutes les femmes de la région MENA ne puissent développer leur potentiel et apporter leur pleine contribution à l'économie et à la société.

Des initiatives internationales se font jour. Par exemple, l'OCDE travaille avec les pays MENA pour améliorer, sur divers plans, la situation des femmes dans les politiques du personnel des administrations publiques : normes juridiques, recrutement et promotions au mérite, politiques budgétaires, renforcement des capacités, dispositifs permettant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. L'objectif est d'accroître la représentation des femmes dans la fonction publique, y compris aux fonctions décisionnelles.

Ces politiques publiques peuvent contribuer au développement social et économique des femmes, mais c'est dans le secteur privé que l'on constate des évolutions substantielles, les échanges commerciaux transformant le rôle des femmes dans l'économie de leur pays. Malgré la diversité des normes sociales et des cultures, les femmes de la région MENA qui créent et gèrent des entreprises, de la Jordanie jusqu'au Maroc, rencontrent le même type de problèmes, lesquels requièrent des réponses politiques.

Prenons l'accès au crédit, par exemple. Mme Barqawi a dû financer la création de son entreprise sur ses deniers personnels, et selon elle, les cautions et les taux d'intérêts souvent très élevés restreignent l'accès au crédit bancaire pour les femmes entrepreneurs. Le microcrédit à taux très modique existe dans plusieurs pays, mais en général, comparé à la France, par exemple, où un tiers des créateurs d'entreprises sont des femmes, le soutien aux femmes reste insuffisant.

La région MENA voit aujourd'hui émerger quelques initiatives pour résoudre ces problèmes, et, depuis la fin des années 1990, les organisations à but non lucratif d'aide aux femmes entrepreneurs se multiplient. Des organes internationaux, comme le Conseil arabe des femmes d'affaires ou le Réseau MENA des femmes d'affaires, aux fédérations nationales d'associations, comme la Chambre nationale des femmes chefs d'entreprise de Tunisie, et aux organisations locales actives, comme le Conseil des femmes entrepreneurs de Dubaï, tous sont essentiels pour la région MENA. Ils aident les femmes à créer des entreprises et contribuent en outre à bâtir les réseaux indispensables à la création d'entreprise dans l'ensemble de la région.

Les efforts de l'OCDE en faveur des femmes à Marrakech visent à renforcer cette dynamique. Le Forum MENA-OCDE des femmes entrepreneurs, tenu au Caire il y a deux ans, a engendré une déclaration sur la promotion de l'entrepreneuriat féminin, invitant les gouvernements à prendre des mesures concrètes, comme l'élimination des obstacles à l'entrepreneuriat liés à des considérations de genre, le soutien à la création de réseaux de dirigeantes d'entreprises locaux, nationaux ou internationaux, le développement de programmes de formation, ou encore l'encouragement des échanges de bonnes pratiques entre pays du MENA et pays de l'OCDE (voirwww.oecd.org/mena).

De nouveaux progrès sont attendus du Forum OCDE-MENA des entreprises du 22 novembre à Marrakech, au cours duquel un Conseil des femmes d'affaires rassemblant des femmes de toute la région MENA sera officiellement reconnu. Ce type d'initiatives peut-il vraiment faire évoluer les choses dans la région MENA, où beaucoup reste à faire, alors même que la crise économique mondiale continue à sévir ? Cela dépend beaucoup des gouvernements.

Certains pays offrent des exemples encourageants, comme Bahreïn, où les femmes représentaient environ 5 % de la main-d'oeuvre à temps plein dans les années 1960 - contre 30 % aux États-Unis. En 2001, ce chiffre passait à 40 %.

De même, aux Émirats Arabes Unis, les entreprises gérées par des femmes sont nettement plus prospères qu'aux États- Unis : en 2007, 33 % des sociétés émiraties interrogées réalisaient un chiffre d'affaire annuel supérieur à 100 000 dollars US, contre seulement 13 % des sociétés américaines dirigées par des femmes.

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