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Y-a-t-il Une Place Pour L'éthique Dans Les Entreprises ?

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Par   •  6 Janvier 2014  •  6 806 Mots (28 Pages)  •  1 385 Vues

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On se souvient des actions menées aux Etats-Unis au milieu des années 1990 contre la société Nike pour dénoncer les conditions de travail chez ses sous-traitants indonésiens. Récemment, dans un autre registre, le rapport Stern (économiste britannique) alerte sur la menace qu’est l’effet de serre et préconise une action rapide des politiques. Ainsi, de telles préoccupations sociétales prennent une place croissante dans le débat autour de la mondialisation. Dans un cadre néolibéral, les entreprises apparaissent comme des acteurs majeurs du processus de mondialisation, et elles sont de plus en plus interpellées sur des sujets d’ordre éthique. Elles sont au cœur des polémiques : désengagement de l’Etat, la pollution, les risques technologiques, la rigueur salariale ou le travail des enfants…Dès lors leur rôle fait l’objet d’interrogations. A priori, l’entreprise est généralement considérée comme un acteur ayant pour but unique : le profit. Néanmoins, elle serait de plus en plus capable d’intervenir pour le bien-être de la collectivité…

L’éthique est définie comme un ensemble de règles de conduite partagées et typique d’une société donnée ; (ces règles étant fondées sur la distinction entre le bon et le mauvais).(Wunenburger, Questions d’éthique, PUF, 1993). Le concept d’éthique oscille entre une réflexion portant sur la notion de Bien et énoncé de règles normatives. Ainsi, Mercier (2004) qualifie l’éthique de « réflexion qui intervient en amont de l’action et qui a pour ambition de distinguer la bonne et la mauvaise façon d’agir ». Le champ de l’éthique est à la fois celui du bon et du mauvais mais aussi celui du juste et de l’injuste.

Dès lors, comment peut-on appliquer, intégrer l’éthique à l’entreprise ? Certains pensent que « les affaires sont les affaires », il ne peut y avoir de considérations d’ordre éthique tandis que d’autres indiquent que toute activité économique doit être soumise aux normes qui encadrent toute activité sociale. L’éthique est un point de tensions qui se situe entre l’intérêt de l’entreprise, l’intérêt général et les intérêts d’autrui. L’éthique d’entreprise comme politique formelle, est donc un ensemble de principes et de moyens de gestion qui actualisent l’idée que la performance d’ensemble d’une entreprise doit prendre en compte des dimensions non strictement économiques, et que tous les moyens ne sont pas acceptables pour la réaliser, même si la loi ne les interdit pas.

C’est pourquoi, a émergé la notion de Responsabilité Sociale des Entreprises . Elle est liée à l'application aux entreprises du concept de développement durable qui repose sur trois piliers (économique, social et environnemental). La RSE (Corporate Social Responsability selon le vocable international) signifie qu'une entreprise doit non seulement se soucier de sa rentabilité et de sa croissance, mais aussi de ses impacts environnementaux et sociaux. Elle doit aussi être plus attentive aux préoccupations de ses parties prenantes ("stakeholders") : salariés, actionnaires, clients, fournisseurs et société civile dont les ONG sont les porte-paroles ; et ce dans le cadre d’une démarche volontaire. Cela fait une vingtaine d’années que cette idée a fait irruption dans le débat public.

Se posent alors diverses questions : Peut-on concilier démarche éthique et profit, considérations morales et quête de rentabilité? L’éthique dans les entreprises est-elle utile à la régulation du système économique et financier ? Le mouvement de la RSE est-il voué à disparaître ou à s’ancrer durablement dans les consciences et dans les actes ?

Pour y répondre, nous allons aborder l’émergence de l’éthique en entreprise au regard de l’effondrement de la norme fordiste ; puis nous analyserons les enjeux de l’éthique et plus précisément de la RSE ; avant de dresser un bilan des avancées et les perspectives en la matière.

I.L’éthique en entreprise : une « reconfiguration » du compromis fordiste à l’échelle microéconomique ?

Si l’on parle autant de la responsabilité des entreprises depuis quelques années, c’est parce qu’il y a eu l’impact de la mondialisation économique, ainsi que les réactions politiques et sociales qu’a engendrées la prise de conscience de cette mondialisation. Les mouvements sociaux et citoyens font pression sur les firmes afin de leur demander des comptes. Ils ont en effet réussi à faire porter l’attention sur les enjeux de la conduite des entreprises. En effet, on avait tendance à oublier ces aspects avec le renforcement du droit du travail, avec l’essor de l’Etat Providence et la période des Trente Glorieuses. Par ailleurs, il ne faut pas sous estimer les enjeux géopolitiques sous-jacents au développement du concept de responsabilité d’entreprise, souvent associé de développement durable. Mais la mondialisation a aussi pour effet une dérégulation, qui oblige les firmes à réagir et s’adapter. Cette régulation par le marché concerne les systèmes financiers et commerciaux, mais aussi les dimensions sociale et environnementale.

A.Le fordisme : de l’essor à la crise d’une macro-éthique

Le temps du fordisme ou l’existence d’une macro-éthique

Au sortir de la guerre, l’existence conjointe de la nécessité de reconstruire le pays en ruine (infrastructures, usines,…) et le faible niveau d’équipement des ménages français ouvre la perspective d’un grand marché intérieur porteur d’autant plus que la concurrence internationale est faible. Pour rendre le plus efficace possible le volume de capital mobilisé, les entreprises cherchent à mettre en place une organisation tayloro-fordienne du travail.

Un nouveau mode de régulation est né durant l’entre deux guerres. En effet, cette période fut marquée par de vives tensions qui permirent la transition d’un mode de régulation à un autre. C’est ainsi qu’en France les accords de Matignon de juin 1936 ouvrent une période de gestion tripartite du social par les syndicats ouvriers, les patronats et l’Etat. Il s’agit de faire du changement des relations sociales (hausser les salaires, reconnaître les syndicats, améliorer les conditions de travail) un facteur de dynamisme économique (hausse des débouchés et reprise de la production).

En outre, il faut remarquer que dans ce contexte de l’après guerre, la gauche est en position de force et donc en position d’imposer ses conditions, d’autant plus que la droite et certaines entreprises se retrouvent affaiblies

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