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L'anarchie socialiste

Dissertation : L'anarchie socialiste. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Février 2012  •  Dissertation  •  2 374 Mots (10 Pages)  •  1 617 Vues

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Oui. Il existe quatre tendances majeures au sein de l'anarchisme socialiste : le mutualisme, le collectivisme, le communisme et le syndicalisme. Les différences ne sont pas énormes et sont simplement d'ordre stratégique. La seule différence majeure qui existe est entre le mutualisme et les autres types d'anarchisme socialiste. Le mutualisme est construit autour d'une forme de socialisme de marché - les coopératives de travailleurs/euses échangent le produit de leur travail via un système de banque communautaire. Ce réseau de banques mutuelles serait « formé par l'ensemble de la communauté, non pour l'avantage spécial d'un individu ou d'une classe, mais pour le bénéfice de tous [...] [sans] intérêt [...] pris sur les prêts, sauf ce qui est suffisant pour couvrir les risques et les dépenses. » Un tel système mettrait fin à l'exploitation et à l'oppression capitaliste « [puisqu']en introduisant le mutualisme au sein de l'échange et du crédit, on l'introduit partout, et le travail prendra un nouvel aspect et deviendra vraiment démocratique. »[1]

La version anarchiste socialiste du mutualisme diverge de la forme individualiste par le fait que les banques mutuelles appartiennent à la communauté (ou commune) locale au lieu d'être des coopératives indépendantes. Cela assurerait qu'elles fournissent les fonds d'investissement aux coopératives plutôt qu'aux entreprises capitalistes. Une autre différence est que quelques anarchistes socialistes mutualistes soutiennent la création de ce que Pierre-Joseph Proudhon appelle une « fédération agricole-industrielle » pour compléter la fédération des communautés libertaires (appelées communes par Proudhon). C'est une confédération dont l'objectif est « la protection réciproque du commerce et de l’industrie, ce qu’on appelle union douanière ; on peut se confédérer pour la construction et l’entretien des voies de communication, routes, canaux, chemins de fer, pour l’organisation du crédit et de l’assurance, etc. Le but de ces fédérations particulières est de soustraire les citoyens des États contractants à l’exploitation capitaliste et bancocratique tant de l’intérieur que du dehors. »[2] Il doit en être ainsi car « il faut au droit politique le contre-fort du droit économique. »[2] Ainsi la fédération agricole-industrielle serait requise pour assurer la nature anarchiste de la société face aux effets déstabilisants des échanges de marché (qui peuvent générer un accroissement des inégalités de richesse et de pouvoir). Un tel système serait un exemple pratique de solidarité, puisque « les industries sont sœurs ; elles sont des démembrements les unes des autres ; l’une ne peut souffrir sans que les autres pâtissent. Qu’elles se fédèrent donc, non pour s’absorber et se confondre, mais pour se garantir mutuellement les conditions de prospérité qui leur sont communes et dont aucune ne peut s’arroger le monopole. En formant un tel pacte, elles ne porteront point atteinte à leur liberté ; elles ne feront que lui donner plus de certitude et de force. »[2]

Les autres formes d'anarchisme socialiste ne partagent pas le soutien aux marchés, même ceux non-capitalistes. Au lieu de ça, ils pensent que mettre en commun la production et partager librement l'information et les produits entre coopératives permet de mieux assurer la liberté. En d'autres termes, les autres formes d'anarchisme socialiste sont basée sur la propriété commune (et sociale) par des fédérations d'associations de producteurs et de communes plutôt que sur le système mutualiste de coopératives individuelles. Selon les propres termes de Michel Bakounine, « la future organisation sociale doit être faite seulement de bas en haut, par la libre association et fédération des travailleurs, dans les associations d'abord, puis dans les communes, dans les régions, dans les nations, et, finalement, dans une grande fédération internationale et universelle »[3] et « la terre, les instruments de travail, comme tout autre capital, devenant la propriété collective de la société tout entière, ne puissent être utilisés que par les travailleurs, c'est-à-dire parles associations agricoles et industrielles. »[4] C'est uniquement en étendant le principe de la coopération au-delà des lieux de travail individuels que la liberté individuelle peut être maximisée et protégée. En cela, ils partagent quelques bases avec Proudhon, comme on peut le voir. Les confédérations industrielles seraient créées pour « garantir mutuellement l'usage des instruments de travail qui sont en possession de chacun des groupes, et qui deviendront, par un contrat réciproque, la propriété collective de la fédération corporative tout entière ; en outre, la fédération des groupes entre eux permet à ceux-ci d'exercer un contrôle constant sur la production, et par conséquent de régler le plus ou moins d'intensité de celle-ci, dans la proportion des besoins qui sont manifestés par la société tout entière. »[5]

Ces anarchistes partagent avec les mutualistes le soutien de l'autogestion par les travailleurs de la production au sein des coopératives mais voient les confédérations de ces associations comme étant le point central pour exprimer une aide mutuelle, et non un marché. L'autonomie du lieu de travail et l'autogestion seraient les bases de toute fédération, puisque « les travailleurs des divers ateliers ne [feraient] pas le moins du monde l'abandon de l'instrument de travail qu'ils ont conquis entre les mains d'une puissance supérieure qui s'appellerait la corporation. »[6] En plus de cette fédération à travers toute l'industrie, il existerait aussi des confédérations inter-industries et inter-communautés afin de s'occuper de tâches qui ne font pas partie de la capacité ou de la juridiction exclusive d'aucune de ces fédérations industrielles ou qui sont de nature sociale. Encore une fois, il existe des similarités avec les idées mutualistes de Proudhon.

Les socialistes anarchistes partagent un engagement fort à la possession commune des moyens de production (en excluant ceux utilisés uniquement par des individus) et rejettent l'idée individualiste qu'ils peuvent être "vendus" à ceux qui les utilisent. La raison, comme noté précédemment, en est que si cela pouvait être fait, le capitalisme et l'étatisme pourraient reprendre pied dans la société libre. En outre, d'autres socialistes anarchistes ne sont pas d'accord avec l'idée mutualiste suivant laquelle le capitalisme peut être réformé en socialisme libertaire par l'introduction

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