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Développement durable

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Par   •  25 Juillet 2013  •  Analyse sectorielle  •  1 628 Mots (7 Pages)  •  894 Vues

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Au-delà d’une remise en question générale, la vision de la ville durable retourne comme un gant les principes fondamentaux de la Charte d’Athènes.

2010

Par Cyria Emelianoff

développement durable

histoire du développement

Europe

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Au-delà d’une remise en question générale, la vision de la ville durable retourne comme un gant les principes fondamentaux de la Charte d’Athènes. Bien que la profession des urbanistes ne soit pas entièrement acquise à cette façon de voir, la réflexion est en bonne voie. On peut citer à cet égard plusieurs initiatives européennes qui se réclament d’un développement urbain durable en se distanciant symétriquement des préceptes corbuséens : la charte de la Société des Urbanistes Européens [1], ou le Livre Blanc du Conseil des Architectes d’Europe [2]. Le guide pour le développement durable publié récemment par le Conseil Européen des Urbanistes [3], qui a intégré un certain nombre de retours d’expérience, exprime aussi clairement ce changement d’optique.

Une soixantaine d’années séparent l’élaboration de la Charte d’Aalborg et celle de la Charte d’Athènes. Cette nouvelle Charte, non publiée, est un texte de référence pour un urbanisme « durable ». Elle ouvre la voie à une nouvelle génération de politiques urbaines, moins sectorielles, qui tentent d’intégrer les impacts du développement sur l’environnement à court, moyen et long terme, compris dans une dimension écologique et sociale (l’environnement quotidien). La possibilité même de cette intégration repose sur le renversement de cinq principes structurants ou piliers de la Charte d’Athènes :

(1) La décontextualisation de l’architecture moderne, conséquence de la standardisation industrielle et du style moderne international, cède la place à un souci d’adaptation aux milieux et de mise en valeur des potentiels locaux. L’insertion du bâti dans la ville, selon des critères aussi bien écologiques, paysagers que culturels, est le trait marquant d’une architecture « durable ». Cette intégration peut se faire sur un mode passéiste ou au contraire très contemporain, comme en témoigne le travail d’Alvaro Siza, architecte portugais et international, manifestement en résonance avec la microtopographie, le site, le paysage et la ville. Cette architecture rompt avec la logique de production d’objets architecturaux sériels ou isolés qui a caractérisé aussi bien la modernité qu’une certaine architecture contemporaine [4].

(2) Le principe de la table rase, qui influence encore les Zones d’Aménagement Concerté, est contesté au nom de la valorisation du ou des patrimoines, notion en perpétuelle extension. La patrimonialisation des territoires peut être comprise comme une réaction inverse à celle qui a prévalu dans l’urbanisme moderne. La municipalité de Bouguenais, dans la communauté urbaine de Nantes, travaille par exemple à l’amélioration de son environnement périurbain, à travers la redécouverte d’une identité ligérienne et l’instauration de nouvelles proximités avec le fleuve [5].

(3) Au zonage, qui fut le maître mot de la Charte d’Athènes, se substitue une recherche de mixité fonctionnelle et sociale, susceptible d’endiguer les besoins croissants de mobilité et les processus de ségrégation socio-spatiale. Cet objectif peut être mis en œuvre à l’échelle infra-urbaine (quartiers, îlots) mais constitue un défi redoutable à l’échelle des agglomérations, et plus encore des bassins de vie.

(4) L’extension des limites de la ville préconisée par Le Corbusier à la suite du mouvement hygiéniste [6] cède la place au souci de contenir l’urbanisation, afin de freiner la consommation croissante d’espaces, d’infrastructures et d’énergie. La prise en compte de la forte contribution des régions urbaines au cumul de gaz à effet de serre dans l’atmosphère participe de ce revirement.

(5) A l’inverse de l’urbanisme d’experts, nourri par l’offensive rationaliste des CIAM [7] dans les années trente, la Charte d’Aalborg défend une construction partenariale et participative de la ville. Diverses formes de concertation sont mises en place dans le cadre des agendas 21 locaux en Europe, insuffisantes mais qui ont le mérite d’exister. Cette démarche voit aussi le jour pour certains projets urbains, comme celui de la place de l’Étoile à Strasbourg, où une longue concertation publique a eu raison d’un projet architectural jugé trop décontextualisé.

L’inversion assez systématique des principes de la charte d’Athènes n’est pas exclusive au développement durable, bien qu’il y participe activement, ni à proprement parler inédite. Certaines propositions de l’urbanisme naissant, il y a un siècle, opposées à la vision ultérieure des CIAM, pourraient être rapprochées sans peine de celles des villes durables, ce dont témoignent par exemple les écrits de l’urbaniste Patrick Geddes. Mais l’amnésie qui a touché cette alternative précoce a interdit le déploiement de cette vision urbaine. Les propositions corbuséennes se prêtaient bien mieux à la culture des ingénieurs qui allaient prendre en main l’urbanisme [8].

Annexe

Les principaux points de la Charte d’Aalborg (extraits commentés)

Texte intégral : www.sustainable-cities.org

- La responsabilité des villes européennes dans les dégradations de l’environnement global et dans la promotion du développement durable. Les modes de vie urbains, les niveaux de vie et de consommation des ressources des pays industrialisés « ne peuvent satisfaire l’ensemble de la population actuelle, et encore moins les générations futures, sans détruire le capital naturel ».

- La pertinence de l’échelle des collectivités locales pour s’orienter vers un développement durable, en partenariat avec d’autres niveaux d’autorité. « Chaque ville étant différente, c’est à chacune qu’il appartient de trouver son propre chemin de parvenir à la durabilité ».

- L’indissociabilité des questions sociales, économiques et environnementales pour un développement

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