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Étude du roman Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut d'Antoine Prévost

Étude de cas : Étude du roman Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut d'Antoine Prévost. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Février 2015  •  Étude de cas  •  1 781 Mots (8 Pages)  •  1 077 Vues

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I) L'anéantissement de Des Grieux :

 

1°) un récit réaliste : le réalisme ici est en rapport étroit avec l'idéal classique fait de sobriété et de précision. Les indices sont les suivants : des précisions chiffrées sont données sur les distances et le temps : « de lieux », « Plus de 24 heures », « au commencement du second jour ». La peinture du décor est marquée par l'absence de pittoresque : « vaste plaine », « campagne couverte de sable ». Ces expressions font référence à des réalités européennes, aucun exotisme n'est exploité alors que la scène se passe en Amérique. Le dépouillement l'emporte.

Un vocabulaire concret est utilisé pour décrire les soins réciproques et pour l'enterrement : « changer le linge de ma blessure », « pansée elle-même », « creuser », « ouvrir une large fosse ».

L'évocation sordide des charognards qui pourraient s'attaquer au corps de Manon prouvent que des grilles perçoit Manon comme un cadavre : « je fis réflexion […] que son corps serait exposé […] à devenir la pâture des bêtes sauvages ». Le récit de la mort de Manon est marqué par l'absence de tout propos moralisateur et par un compte rendu fidèle des gestes et attitudes des deux personnages.

2°) l'expression de la tendresse :Des Grieux rend compte, dans la première partie du texte, de son extrême tendresse pour Manon. Elle forme enfin avec Des Grieux un véritable couple dans la réciprocité des attentions, des gestes et des sentiments. C'est ce qu'a retenu Des Grieux narrateur qui vit si intensément ces moments qu'il rejette l'idée de la mort : « je ne pris d'abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l'infortune ». Il échauffe les mains de sa bien aimée, réitérant ce geste qu'il a déjà fait précédemment. On va retrouver l'évocation de ce serment des mains entre les deux amants plusieurs fois dans le paragraphe : « faisant un effort pour saisir les miennes »,

 « le serrement des mains », «elle continuait de tenir les miennes ». Ce geste va marquer, rythmer l'affaiblissement physique de Manon qui ne parle presque plus et que Des Grieux accompagne très tendrement dans la mort.

Des Grieux s'enfonce dans la prostration puisque pendant 24 heures il est incapable de réagir. Il est envahi par le désir de mourir. Ce n'est que la pensée qu'il faut enterrer Manon pour protéger son corps qui le fait réagir. Le récit des différentes actions qui s'enchaînent alors est marquée par la reprise anaphorique du « je » en tête de phrase et comme acteur des actions. La parataxe (enchaînement des propositions sans connecteur logique) met en relief l'aspect mécanique des gestes que Des Grieux doit accomplir etui sont marqué par le réalisme.. Des Grieux n'extériorise pas ses sentiments : après avoir enterré Manon il attend la mort et perd progressivement conscience, allongé face contre terre à l'endroit où Manon est ensevelie.

 

 

 

 

 

II) Une scène marquée par le pathétique :

 

1°) Une scène très romanesque : la situation est tout à fait caractéristique du romanesque : deux jeunes amants, poursuivis par un furieux qui peut les désunir, s'arrêtent, épuisés, en plein désert, la nuit. Ils sont seuls au monde et en grand danger de mort. Le fait que l'un des deux jeunes gens témoigne, ajoute à l'effet sensible et  la sincérité de sa douleur ne peut qu'émouvoir le lecteur.

Les marques de la sensibilité destinée à émouvoir le destinataire sont très nombreuses. Les désignations affectueuses et élogieuses de Manon sont hyperboliques et grandissent la bien-aimée en la présentant comme unique et admirable : « cette amante incomparable, ma chère maîtresse, ma chère Manon, l'idole de mon coeur, ».

 L'aveu fait à Renoncour de l'impossibilité de raconter la mort de Manon, d'évoquer ses réactions, rend compte de l'immense souffrance de Des Grieux, une souffrance qui atteint un tel degré qu'elle est indicible- on n'aura qu'une seule phrase : « je la perdis ; je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle expirait ». Il choisit de ne pas rapporter ces derniers instants pour en conserver l'exclusivité, et d'exprimer sans précision leur ultime et douce communion .

 L'extrême sobriété, l'économie des moyens d'expression dramatisent la scène et renforcent le pathétique.

 L'apostrophe à l'interlocuteur est très importante dans la construction du récit de la mort de Manon. « N'exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments », « c'est tout ce que j'ai la force de vous apprendre » : ces deux formules rappellent à la fois au lecteur que le chevalier de Renoncour est bien le destinataire de cette confession mais elle permet aussi au narrateur d'éviter de s'épancher en avouant qu'il ne peut revenir sur ce qu'il a éprouvé alors pour ne pas éveiller une souffrance qui est toujours intacte.

 la mise en terre et l'ensevelissement de Manon sont donc relatés de manière pathétique : la narration est tout en retenue. L'émotion et la souffrance sont maîtrisées sous un ensemble de phrases organisées encore une fois en parataxe avec une notation nécessaire du temps : « après », « encore », «longtemps », « enfin », « pour toujours ».

 Il en est de même pour le champ

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