Étude du poème Liberté D'Eluard

ELUARD, Liberté

I La structure originale de ce poème.

• Poème de 21 quatrains en heptasyllabe, qui se concluent toujours sur le même vers tétrasyllabique J’écris ton nom, lequel fonctionne comme un véritable refrain.

• Les trois 1ers vers sont bâtis sur la même structure grammaticale : un membre nominal complément de lieu introduit par l’adverbe sur, repris en anaphore 63 x !

• Effet d’attente : tout le poème repose sur l’attente de la nature précise de ce nom. Le lecteur ima-gine qu’il va s’agir du nom de la bien-aimée du poète - comme il est fréquent dans une déclaration amoureuse, où l’amoureux répand partout le nom de l’élue de son cœur. Or, il s’agit du mot Liberté ! Ce mot, attribut du complément d’objet de nom, se trouve ainsi relégué non seulement en fin de texte, mais détaché, isolé de toutes les autres strophes, ce qui lui assure une place éminente, posi-tivement royale. Ce qu’on pouvait prendre pour un poème d’amour est en fait un texte engagé, où le poète se fait patriote pour exalter la liberté perdue durant la 2nde Guerre Mondiale.

→ TR Cette structure invite à s’interroger sur la raison d’être de ces 21 strophes et sur la signification de lieux aussi nombreux.

II Des thèmes dynamiques (derrière l’accumulation apparemment disparate des éléments évoqués, se dessine une réalité sensible.

• Cette liste déploie le ruban d’une vie, celle du poète: sa jeunesse (cahiers d’écoliers), évocation de la nature (étang, lune, mer, montagnes, nuages…), le monde des humains (à partir de place qui débordent) et de sa vie quotidienne (lampe, lit, chambre, chien, objets familiers), ses amitiés et ses amours (toute chair accordée, lèvres attentives, chaque main qui se tend), ses douleurs -peut-être liées à la guerre- (vitre des surprises, refuges détruits, phares écroulés, solitude nue…), ses échecs surmontés (santé revenue, risque disparu).

• L’anonymat du Je et la discrétion des évocations réduites à de pures suggestions donne au poème une portée universelle, tout homme pouvant se retrouver dans cette mosaïque de références.

• Cette évocation d’une seule vie montre la force, la permanence en tout homme d’une soif de liberté, qui ne périt pas malgré les obstacles de l’existence. Une leçon émerge donc : tant qu’un homme vit, la liberté est possible, carc’est la liberté qui le recrée (Et par le pouvoir d’un mot/Je recommence ma vie.) Le poème est donc à la fois un hymne au courage et à la résistance et un éloge de la liberté, la majuscule tenant certes à la versification mais indiquant aussi une notion sacrée.

→ TR Un tel message implique donc une grande simplicité de forme, de façon à être lu de tous. Portant, le poème présent les marques d’une poésie moderne.

III La modernité de la poésie.

• Le lyrisme : le poète est au centre du poème, sa présence étant marquée de façon anaphorique par les 21 reprises du pr. pers. sujet Je. La tournure affirmative de ce refrain connote sa certitude, sa conviction, son engagement. Ces quatre syllabes, toutes accentuées, donnent l’impression d’un martèlement épique, d’une scansion

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