LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Étude du poème Conte de Rimbaud

Analyse sectorielle : Étude du poème Conte de Rimbaud. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Novembre 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 916 Mots (8 Pages)  •  2 071 Vues

Page 1 sur 8

« Conte », Rimbaud

Poème du recueil Les Illuminations, recueil de la création nouvelle (avec des poèmes en prose), dans des villes orientales, comme nous le voyons ici. Rimbaud est le poète-démiurge, qui veut refaire le monde, l’homme, la vie, grâce au langage.

Lecture

Ce poème est un poème en prose, assez court. C’est un conte, ou plutôt la réécriture d’un conte oriental, dont le sujet, plus que la création poétique, est l’échec, encore une fois, de l’entreprise du Prince-Rimbaud, ce que nous allons tenter de démontrer.

1) la lassitude du prince : « un Prince » à « pouvoir humain »

2) le pouvoir de la volonté qui s’annule « toutes les femmes » ⇒ « de ses vues »

3) l’extase de la rencontre avec le Génie « un soir » ⇒ « ils moururent »

4) déception, qui se conclue par une vérité générale. « mais ce Prince » ⇒ « désir »

1)

Par le mot « vexé », Rimbaud nous présente le personnage du prince : mot ironique pour le désigner. En effet, "vexé" connote un orgueil à la fois puéril et inutile, on voit ici et le caprice et le désir de toute puissance de l'enfant : puisqu’il est lassé des générosités vulgaire, alors qu’il y parvient à la perfection. Cette expression : antithétique puisque ce qui est vulgaire n’est pas parfait, sauf si on prend le mot vulgaire dans son sens étymologique : vulgus, en latin, veut dire le peuple. Le prince est donc lassé d’accomplir des tâches humaines et vexé de ne pouvoir faire plus que d’être généreux envers son peuple. Puisqu’il est lassé, il veut changer les choses et « prévoyait d’étonnantes révolutions » ces révolutions sont du domaine de l’amour : on peut le rapprocher à une phrase de Délires I : « l’amour est à réinventer, on le sait ». C’est à la fois la règle nouvelle, l’ordre nouveau du monde de Rimbaud (cf Poésies et Profondeur) et en même temps ces révolutions sont rapprochées aux femmes : dans la célèbre lettre à Demeny, Rimbaud écrit « Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme, jusqu’ici abominable, — lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres ? — Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons. » Rimbaud « soupçonne ses femmes de pouvoir mieux que » ce qu’elles font, subordonnées à un Prince. Il critique d’ailleurs leur attitude par les termes « complaisance », « ciel », et « luxe ». En effet, le premier montre une certaine soumission de la femme, agrémentée de piété, et motivée par le goût du luxe, de l’argent, de la position sociale offerte par le Prince. C’est une condamnation assez violente puisqu’il déprécie totalement les femmes, elles sont capables de beaucoup mais se complaisent dans une soumission sans autre amour que celui de l’intérêt matériel et du salut éternel.

le Prince, lui, veut plus : « il voulait voir la vérité, l’heure du désir et de la satisfaction essentiels », c’est-à-dire que Rimbaud nous décrit ici son entreprise poétique, dans la quête de vérité motivée par un désir de sens, qui sont essentiels : il ne peut pas vivre sans cette vérité. La phrase suivante marque une rupture : c’est la première au passé simple. Alors que le début du texte, à l’imparfait, nous plaçait dans un conte, la volonté du prince est sans appel, bien qu’elle soit ou non « une aberration de piété ». Le Prince-Rimbaud est dans une quête de vérité de manière religieuse, son programme poétique amène à un salut, la satisfaction essentielle ( ?). Avec les termes « au moins » et « assez », Rimbaud atténue le « pouvoir humain » que le Prince possède (ou pense posséder, marque d’ironie du coup ?). Mais comme il ne possède pas de pouvoir divin, ses entreprises sont vouées à l’échec, comme nous le voyons dans la 2ème partie.

2)

Toutes les femmes qu’il avait connu : cf les Mille et Une Nuits, encore conte oriental, car elles sont assassinées. Mais elles le bénissent : on voit ici qu’elles le respectent toujours (peut-être cf le ciel ? Salut éternel offert par le Prince ?). Il n’en commanda pas de nouvelle : encore une fois ironie du narrateur, qui était intervenu dans « quel saccage du jardin de la beauté ! » avec un point d’exclamation accusateur. L’ironie est ici dans le « commander » qui montre le pouvoir humain du Prince. Ce pouvoir humain est montré ici : en effet les femmes réapparaissent, son entreprise est vouée à l’échec puisqu’il n’a pas de pouvoir divin, et cela connote le merveilleux des contes. Cela montre aussi la vanité de l’entreprise de Rimbaud : sa poétique de destruction est toujours vouée à l’échec, tout ceci n’est que langage et mots.

On retrouve ce schéma dans les autres passages, avec une gradation : il tua tous ceux qui le suivaient : la structure est ici directe (à la différence de « furent assassinées») et en plus il tue plus de monde « tous ceux ». Or, « tous le suivaient ». Cette deuxième entreprise est encore plus vaine puisque ces personnes n’ont même pas disparu, contrairement aux femmes. Tous ces gens continuent de le suivre, cet acte est marqué par l’imparfait.

L’amusement avec lequel le Prince commet tous ses actes montre un plaisir sadique de sa part, et la gradation en trois temps de cette dernière partie de sa folie meurtrière montre deux choses : d’abord, que plus il se rend compte de son impuissance, plus sa fureur se développe (avec les termes « s’amusait

...

Télécharger au format  txt (11.4 Kb)   pdf (195.5 Kb)   docx (12.5 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com