LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Étude de l'acte I, scène 2 de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière: la profession de foi du séducteur

Commentaires Composés : Étude de l'acte I, scène 2 de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière: la profession de foi du séducteur. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Mars 2015  •  2 722 Mots (11 Pages)  •  1 388 Vues

Page 1 sur 11

La profession de foi du séducteur

Introduction

1. Courte présentation de Molière

La carrière de Molière (1622 / 1673), né Jean-Baptiste Poquelin, est marquée par de hautes protections, dont celle de Louis XIV, de grands succès publics et d’après contre-verses. Il s’est employé à peindre « d’après nature » les hommes dans toute leur complexité.

2. Présentation de la pièce :

Dom Juan, joué en 1665, connaît un grand succès au cours des 15 premières représentations. Puis la pièce ne sera plus représentée. Comme on l’a fait pour Le Tartuffe, on accuse Molière d’impiété , car elle raconte la vie dissolue d’un libertin.

3. Présentation du contexte du texte :

Dans cette scène, Dom Juan fait son apparition pour la 1ere fois sur scène, et surprend les valets Gusman et Sganarelle, dont le dialogue nous a déjà donné une idée du héros et de sa conception de la vie. Cette entrée crée un effet dramatique et comique en confrontant le personnage principal à l’image qu’on a de lui à travers les valets. Sganarelle désapprouve la conduite de son maître qui vient d’abandonner sa femme Elvire. Pour se justifier, DJ expose avec brio sa philosophie de l’amour. Nous allons donc voir comment ce passage permet à Dom Juan de faire sa profession de foi autour de 3 axes :

I. La doctrine de Dom Juan en amour

II. Un portrait du libertin

III. Un brillant plaidoyer

(Lecture du texte) tout le texte ?

Etude du texte :

I. La doctrine de Dom Juan en amour

1. La doctrine de DJ en amour est claire et suit dans ce texte une progression rigoureuse. Après avoir vigoureusement critiqué la fidélité (l.3 à 7), il fait l’éloge de l’inconstance en évoquant le charme irrésistible qu’exerce sur lui la beauté (l.7 à 16). Peu à peu, au fil du texte, DJ se pose en conquérant de plus en plus mégalomane pour qui l’amour est une façon d’affirmer un pouvoir. Du refus et de la révolte, il passe à l’affirmation et à la jubilation .

2.DJ se présente comme un homme libre qui n’admet aucun obstacle à sa liberté. C’est pourquoi la fidélité lui parait le pire ennemi de l’amour : « la belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle » (l.4 et 5). La fidélité est un emprisonnement volontaire, qui en forçant à faire le choix d’élimine les autres possibilités que le libertin entend maintenir le lus largement ouvertes. Elle est la mort de la passion amoureuse, car la possession enlève au désir sa force et son attrait : « lorsqu’on en est maître une fois […] tout le beau de la passion est fin, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour » (l.21 à 23). Voilà pourquoi le meilleur de l’amour est dans la fraicheur de ses débuts, dans l’excitante nouveauté des « inclinaisons naissantes » (l.15)

3.DJ refuse la tiédeur en amour. Il veut que son désir conserve sa fièvre et son impatience. En fait, ce qu’il désire, c’est le désir lui-même. On peut dire que le désir du plaisir l’intéresse moins que le plaisir du désir. C’est pourquoi peu lui importe qui il aime pourvu qu’il aime. Par cette conduite narcissique dans laquelle il se plait d’abord à lui-même, DJ cherche à échapper à l’espace et au temps.

4. Pour durer, l’amour doit donc pour lui reposer sur l’inconstance, qui par l’attrait de la nouveauté maintient le désir en alerte : « tout le plaisir de l’amour est dans le changement » (l.16). A l’éternité de la passion amoureuse, DJ oppose la succession fiévreuse des instants. A la « passion » au singulier (l.6), il préfère le pluriel des rencontres multipliées qui satisfont son désir de la totalité, marqué par la répétition de l’adjectif « toutes » : « à toutes les autres beautés (…) toutes les belles ont droit de nous charmer, et l’avantage d’être rencontrée la 1ere ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu’elles ont toutes sur nos cœurs » (l.6 à 9).

5.DJ justifie cette inconstance par l’attrait irrésistible qu’exerce sur lui la beauté féminine : « pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraine » (l.9 et 10). Toujours à la recherche du plaisir des sens, il est immédiatement sensible à la beauté qui se présente à lui et, comme s’il cédait à une urgence, il veut sans attendre tirer plaisir d’elle : « je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable, et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerai tous » (l.13 et 14). L’amour a sur lui un pouvoir fatal et inévitable, que traduisent les lots « ravit », cède », « entraine », ou encore « charmer », qui a au 17 eme siècle, un sens fort et veut dire « envouter », « ensorceler ». Le libertin a besoin de cet envoutement. Paradoxalement, si le séducteur est actif et dominateur lorsqu’il attaque ses proies, il est passif devant le désir.

6.Mais il y a aussi dans cette conception de l’amour un plaisir de la séduction qui prend la forme d’un combat amoureux et apparente l’art de l’amour à l’art de la guerre. La femme est présentée comme un ennemi dont l’amant libertin veut triompher exactement comme dans une lutte armée. C’est la vocabulaire militaire qui décrit l’entreprise amoureuse : « on goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le cœur d’une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu’on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l’innocente pudeur d’une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur » (l.17 à 20). L’amour est pour le libertin une façon d’assouvir un besoin de puissance et de domination.

II. Le portrait d’un libertin

1 Cette profession de foi sur l’amour nous permet aussi de nous faire une idée plus précise de la personnalité du libertin. Ce qui frappe d’abord, c’est sa revendication d’une liberté absolue. L’inconstance suppose en effet une disponibilité complète et le refus de s’attacher : « je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable, et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais 10.000, je

...

Télécharger au format  txt (15.8 Kb)   pdf (150.7 Kb)   docx (14.4 Kb)  
Voir 10 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com