Zola et l'émiettement de la mer

La Mer dévastatrice….

Tempête sur belle ile, de MONET (1886)

L’émiettement est la dégradation d’une ou plusieurs choses. Ici, la mer est une personne à part entière qui a une influence sur la relation des êtres et la destruction des choses. Comment la mer représente-t-elle l’émiettement dont parle Zola ?

Tout d’abord, la mer est une force destructrice : « un mur impénétrable, une masse de ténèbres où tout avait sombré » (p 55). La vie des habitants de Bonneville dépend de l’activité de la mer, de des marées et de ses crues qui menacent ce village : « ils vivaient de la mer », « au-dessus de misérables toits, défoncés chaque hiver » (p 31). Elle est l’auteure de nombreuses catastrophes : « la mer avait encore emporté deux maisons de Bonneville […] le village menaçait d’être définitivement aplati contre la falaise ». Cette force détruit le cadre de vie des personnages et prend une place importante dans le roman de Zola.

De plus, la mer est indirectement responsable de l’émiettement financier de l’héritage de Pauline. En construisant un barrage, les projets de Lazare engloutissent l’argent de l’héritière, qui aveuglée par l’amour et la générosité donne sans compter : « Lazare venait d’avoir l’idée de tout un système d’épis et des estacades qui devrait museler la mer. Seulement il fallait des fonds, une douzaine de mille francs au moins. » (p 129). Dans La Joie de Vivre, la mer est un gouffre financier par cette famille et une source de tensions.

Enfin, la mer est maître dans les relations entre les personnages, elle est le lieu de rapprochement entre Pauline et Lazare : « ils étaient ravis, ils rentraient mouillés jusqu’aux épaules […] mais leur joie fut de se baigner ». Néanmoins, elle détruit également les relations amoureuses. Louise et Lazare, attirés par l’horizon, commencent une relation au détriment de Pauline, promise à celui-ci.

La mer souvent représentée comme un être majestueux et puissant, est décrit dans l’œuvre de Zola comme une force destructrice pouvant jouer un rôle relationnellement important dans ce roman. Elle est présente dans l’intégralité du livre et vient perturber les équilibres familiaux des personnages. Cette mer représente donc l’émiettement des choses, en dévastant lors de tempêtes le village paisible, et l’émiettement des êtres, en troublant voir détruire les relations sur le plan financier et amoureux.

Nous avons mis en lien notre article avec le tableau de Monet, car il représente bien le déchainement de la mer. De plus, Monet, peintre du XIXème, aimait énormément peindre la Normandie avec sa falaise, lieu où se passe aussi le roman de Zola.

...