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Voyage et altérité dans l’Ignorance de Milan Kundera

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Par   •  10 Mai 2013  •  3 340 Mots (14 Pages)  •  1 515 Vues

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Voyage et altérité dans l’Ignorance

de Milan Kundera

Lect. univ. dr. Rodica-Gabriela CHIRA

Universitatea « 1 Decembrie 1918 » Alba Iulia

Propunem aici o abordare a romanului lui Milan Kundera din perspectiva temelor călătoriei şi alterităţii. Tema călătoriei pune în valoare întoarcerea mai ales, ultima dintre cele trei etape ale călătoriei clasice analizate de N. Doiron în Arta călătoriei..., iar alteritatea este privită îndeosebi sub raportul diferenţei dintre sexe, diferenţă ce se prelungeşte în noi prin distincţia dintre principiul masculin şi cel feminin şi care vizează relaţiile familiale şi sociale obişnuite, cultura şi obiceiurile. Mai multe personaje sunt aduse în prim plan, îndeosebi Irena şi Josef, ca emigranţi reveniţi în ţara lor după căderea comunismului în Cehoslovacia şi Gustaf, occidentalul cosmopolit, toate sub semnul nostalgiei reîntoarcerii lui Ulise din Odiseea. Întoarcerea nu mai înseamnă recuperarea identităţii individului: oameni, limbă, peisaje, atitudini, totul se schimbă prea repede, independenţa, acel acasă sunt reprezentate de un apartament, de o casă cu un brad, cercul devine din ce în ce mai restrîns. Dacă pentru Ulise ceea ce crea sens era spaţiul public, exterioritatea, pentru moderni importante sunt interioritatea, spaţiul privat, timpul.

Dans son Art du roman, Milan Kundera définissait le genre littéraire qui constitue le sujet du livre comme « la grande forme de la prose où l’auteur, à travers des ego expérimentaux (personnages) examine jusqu’au bout quelques thèmes de l’existence » .

Cette définition s’applique bien à son roman le plus récent, publié d’abord en espagnol en 2000, en français, en 2003, aux éditions Gallimard. Il nous a semblé découvrir dans ce roman deux thèmes importants : celui du voyage et celui de l’altérité, étroitement liés l’un à l’autre. Les personnages à travers lesquels l’auteur « examine » ces thèmes dans les détails les plus fins sont Irena et Josef, émigrés, Gustaf, un Suédois cosmopolite, et, dans un plan secondaire, Milada, citoyenne tchèque, aussi bien que la mère d’Irena.

La critique contemporaine voit en M. Kundera un des grands romanciers de la deuxième moitié du XXe siècle aussi bien qu’un classique du même siècle qui s’inspire, entre autres, de la Renaissance, notamment de Rabelais et Cervantès. Ces considérations nous ont incitée à tenter, pour le premier thème mentionné, une approche classique, celle de la conception du voyage au XVIe siècle. C’est à ce moment-là que le terme acquiert le sens que nous entendons aoujourd’hui. En fait, d’après Norman Doiron, son sens actuel est acquis vers la fin du XVe siècle, au moment où les grandes découvertes bouleversent l’image qu’on se faisait du monde. Toutes les théories des humanistes se rattachaient à deux grands « récits de voyage » de l’Antiquité grècque et latine, l’Odysée et l’Énéide. Les commentaires de ces textes fondateurs invitaient à une lecture du type récit de voyage qui, en proposant aux voyageurs l’imitation des deux héros, devient le grand genre d’une épopée moderne en prose . Traduisant les conceptions grecques et latines en termes pédagogiques, les humanistes s’étaient appuyés sur le stoïcisme qui avait fait d’Ulysse et d’Énée des exemples de vertu. Ceci fait que, dès le XVIe siècle, les voyageurs soient mis face à des méthodes de déplacement raisonné dont les règles concernent aussi bien le déplacement dans

l’espace que le déroulement du récit. Les structures de ce récit sont censées reproduire les grands moments du parcours : le départ, l’épreuve et le retour.

En évoquant Ulysse lui-même et en bouleversant un peu l’ordre mentionné plus haut, le roman L’ignorance insiste sur le retour qui, par des flash-backs mettra en lumière les deux autres étapes. Ulysse donc, auquel Irena, immigrée tchèque, naturalisée française, à force de penser à la nécessité du retour, fait allusion :

[...] le fils perdu qui retrouve sa vieille mère ; l’homme qui revient vers sa bien-aimée à laquelle le sort féroce l’a jadis arraché ; la maison natale que chacun porte en soi ; le sentier redécouvert de l’enfance ; Ulysse qui revoit son île après des années d’érrance ; le retour, le retour, la grande magie du retour.

Le retour représente le désir de se réintégrer à la communauté d’où l’on était parti. Mais comment ce désir se manifeste-il dans l’âme du voyageur ? Chaque langue – ce qui se répercute sur le peuple qui la parle – perçoit le retour d’une manière différente. Ainsi, comme l’auteur lui-même le souligne, en grec, retour se dit nostos. Associé à algos qui signifie souffrance, il devient nostalgie. Or, la nostalgie est « la souffrance causée par le désir inassouvi de retourner » . Ulysse sera dominé par cette nostalgie. « C’est à l’aube de l’antique culture grecque qu’est née L’Odysée – l’épopée fondatrice de la nostalgie. Soulignons-le : Ulysse, le plus grand aventurier de tous les temps, est aussi le plus grand nostalgique. » Dans l’Antiquité grecque, l’individu n’est pas achevé sans l’autre. C’est dans et par l’autre qu’il parvient à connaître son identité. Le soi se construit à l’aide de l’autre. Il n’y a pas de conscience de l’identité en son absence. Identité et altérité vont ensemble, se construisent réciproquement. Chaque membre de la famille, les amis, constituent pour l’individu autant d’alter ego et les aventures qui mettent en valeur ses propres qualités (l’épreuve) ne valent rien sans la reconnaissance de la communauté d’origine .

Les nuances sémantiques du mot nostalgie varient selon les pays. Ainsi, à côté du terme pris du grec, les Tchèques « ont pour cette notion leur propre substantif, stesk, et leur propre verbe ; la phrase d’amour tchèque la plus émouvante : stýská se mi po tobě : j’ai la nostalgie de toi ; je ne peux supporter la douleur de ton absence » suggère la force de ce sentiment pour ce peuple. Nostalgie des lieux, nostalgie des personnes, nous allons voir comment ces états d’âme se manifestent chez Irena et Josef surtout, comment ils parviennent à s’identifier en tant qu’individus à travers eux.

Les Français, eux, ils expriment la nostalgie « par le substantif d’origine grecque et n’ont pas de verbe ; ils peuvent dire : je m’ennuie de toi, mais le mot s’ennuyer est faible, froid, en tout cas trop léger pour un sentiment si grave » . Il faut spécifier,

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