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Victor SEGALEN, Equipée, incipit.

Commentaire de texte : Victor SEGALEN, Equipée, incipit.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Octobre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 094 Mots (5 Pages)  •  1 170 Vues

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SEGALEN, Equipée. 

“De la sandale et du bâton” : l’incipit.                                                1L, DELAUNE.

        Voici quelques notes sur l’incipit du récit de voyage que Victor SEGALEN entreprend de rédiger entre 1915 et 1916, suite aux fouilles archéologiques auxquelles il a participées dans l’empire du Milieu, entre 1913 et 1914. Le texte est difficile d’accès, en ce sens qu’il multiplie chez le lecteur les occasions de s’interroger sur la portée de la littérature de voyage ainsi que sur la concurrence entre deux modalités d’expression de la condition humaine : le réel et l’imaginaire. Quel est le sens de la littérature ? SEGALEN exprime d’emblée son point de vue sur la qualité de l’écriture de voyage ; les récits de voyage lui semblent suspects. C’est le désir d’authenticité, sans doute la prétention de toute vérité contenue dans le texte, le caractère illusoire d’un témoignage qui font dire à l’auteur que l’on peut (que l’on doit ?) se méfier de la littérature de voyage. Ce jugement n’empêche aucunement SEGALEN, d’une manière a priori paradoxale, de revendiquer l’expression du voyage dans son écriture. L’adverbe, comme catégorie grammaticale, est une nuance, une évolution du sens de la phrase : ici, l’adverbe pourtant place le littérateur dans une position complexe. En effet, Victor SEGALEN, même s’il émet une suspicion à l’endroit de la littérature de voyage, explique que son livre s’empare du thème littéraire et philosophique (du motif, donc) du voyage. Un jugement est émis sur un genre littéraire ; une pratique est annoncée ; le lecteur comprend dès lors qu’il a affaire à un auteur à l’esprit aiguisé ; critique et praticien de la littérature. Il demeure chez SEGALEN un doute fervent et pénétrant (d’ailleurs introduit par une puissante comparaison, établissant une analogie entre la totalité du doute et l’irrigation intégrale des vaisseaux sanguins) : l’imaginaire déchoit-il ou se renforce quand il se confronte au réel ? SEGALEN considère qu’il existe un présupposé ; celui de la nécessaire valeur de l’imaginaire, sa grande saveur et sa joie. En ce sens, il s’interroge sur l’effet de la confrontation entre l’imaginaire, substance psychique et le réel, substance physique. L’imaginaire est un antonyme du réel : SEGALEN, dans une démarche critique, invite le lecteur à questionner l’existence de ces deux mondes. Le littérateur exprime ce qu’on appelle un paradigme : un ensemble de formes, un ensemble d’unités ; ici, l’imaginaire et le réel forment le paradigme du texte ; ils vont être la préoccupation intellectuelle et esthétique de Victor SEGALEN. Ces unités de sens, l’imaginaire et le réel (l’un correspondant au caractère spéculaire de la condition humaine et l’autre étant un concept qui annonce l’autonomie des éléments du monde, l’absence de continuité entre la pensée humaine et la matérialité des éléments du monde) s’attribuent tour à tour la seule existence. SEGALEN juge qu’il existe une concurrence entre ces deux unités de sens. L’épisode et la mise en scène du voyage — l’expérience du voyage et sa retranscription littéraire —, lui semblent le moment opportun pour qu’un corps à corps rapide, brutal, impitoyable ait lieu. Le lecteur comprend dès lors que SEGALEN s’interroge sur la pertinence du genre littéraire du récit de voyage comme un contenant du duel entre l’imaginaire et le réel, et aboutit à sa promotion, à sa apologie : il prend position ; il émet une critique d’un genre littéraire spécifique, avec ses modalités, ses codes, son paradigme.

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