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Victor Hugo, « O souvenirs ! », Les contemplations, 1846

Commentaire de texte : Victor Hugo, « O souvenirs ! », Les contemplations, 1846. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 320 Mots (6 Pages)  •  796 Vues

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Victor Hugo, « O souvenirs ! », Les contemplations, 1846

Les pièces VI, VII et IX de Pauca meae (quelques petites choses d'elle ou pour elle), composées à la même époque chantent sur un même rythme les chers souvenirs de l'époque heureuse, si proche et si éloignée, où Léopoldine était enfant puis adolescente. La première est consacrée à Léopoldine seule, la seconde aux deux sœurs. Dans la troisième que voici, l'évocation s'étend aux quatre enfants et à l'atmosphère familiale : la famille, l'enfance, ces thèmes chers à Hugo viennent se mêler à la tendresse du père pour l'enfant disparue. Le charme du poème tient à la fraîcheur, à la gaîté naïve du paradis perdu, et à cette douloureuse nostalgie, si poignante dans sa discrétion. Comment le poète traduit-il l'émotion qui émane de cette plongée dans le passé ? Nous étudierons d'abord l'impression d'intimité donnée par l'ouverture du poème puis nous analyserons successivement l'évocation de deux moments de bonheur : le matin et le soir.

L'ouverture du poème (vers 1 à 10) représente les approches successives qui doivent permettre à Hugo d'aborder l'évocation du souvenir proprement dite, et de la rendre intelligible à l'interlocuteur auquel il s'adresse.

Tout d'abord, les deux premiers vers « O souvenirs !printemps ! aurore ! Doux rayon triste et

réchauffant !, à la modalité exclamative, précisent l'effet psychologique lié à l'évocation des « souvenirs », titre et sujet du poème. Les termes « printemps » et « aurore », désignant l'enfance de l'année et l'enfance du jour, montrent que Hugo se laisse gagner par le charme des souvenirs comme le confirme l'emploi des adjectifs laudatifs « doux » et « réchauffant ». Le récit commence au vers 3 où le pronom de troisième personne du singulier désigne Léopoldine, ici enfant comme le précise familièrement l'adjectif « petite ». Elle est au milieu de ses frères et de sa sœur (Adèle « tout enfant » est née en 1830, Charles en 1826 et François en 1828).

Ensuite, le récit est interrompu au vers 5 par une interrogation directe « connaissez-vous ? »

pour que la personne à laquelle s'adresse le poète (le lecteur) puisse situer cette évocation. C'est comme si une conversation s'engageait. Les compléments circonstanciels permettent de préciser le cadre : Il s'agit d'une maison nommée « La Terrasse », située près de la forêt de Montmorency. Dans cette propriété, où la famille Hugo passa l'été en 1840 et 1841, sont datés plusieurs poèmes du premier livre des Contemplations, en particulier le poème intitulé « Mes deux filles ». En donnant cette précision (comme en indiquant, pour beaucoup de poèmes, le lieu et la date de leur composition), Hugo crée avec son lecteur un lien particulier, il l'associe à sa vie intime.

Enfin, la perte du bonheur est suggérée par la mise en valeur en fin de vers de l'impératif

« pénètre » qui exhorte le poète à se plonger dans le passé. La réticence de l'âme au seuil de ce « passé charmant » fait comprendre, mieux que l'éloquence de certains poèmes, « l'abîme » comme le dit Hugo lui-même dans la préface du recueil, qui sépare le passé heureux du présent. Le ton fait penser au premier vers du poème « Recueillement » des Fleurs du mal de Baudelaire : « Sois sage, ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille ».

La réussite de cette ouverture tient à l'intimité et au naturel du ton, marqué en particulier par les interruptions. Or l'étude du manuscrit montre que ce début a été écrit en plusieurs fois. La première strophe avait été écrite pour un autre poème (IV,7). Le transfert de cette première strophe provoque l'interruption dont l'effet est important pour l'impression d'ensemble. Il en va de même pour l'adresse à un auditeur (« connaissez-vous ») ajoutée après coup.

A partir du vers 11, Hugo ressuscite un premier moment de bonheur : le matin.

On peut d'abord remarquer que Léopoldine est perçue de loin avant de venir près de son

...

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