Victor Català

Titre : Un Film (3000 metres)

Auteur : Caterina Albert (alias Víctor Català)

1ère édition : 1926, Biblioteca Literària de l’Editorial Catalana

Édition actuelle : Mars 2015, Club Editor (Barcelona)

Pages : 450 (675000 signes environ)

Langue originale : catalan

        Simples malfaiteurs ou bande organisée ? En ce début de XXe siècle, Barcelone tremble sous les coups des nombreux cambriolages qui sévissent sur elle. Pourtant, comment imaginer que Nonat Ventura, ce parvenu élevé à l’hospice et en quête perpétuelle de ses origines, en est l’instigateur ?

        Du moins, ce n’est pas ce à quoi s’attend le lecteur en parcourant les premières pages du roman : en effet, lorsque Nonat vient frapper à la porte de Josep et Maria, par une nuit d’orage, on pourrait plutôt penser qu’il s’agit d’un pauvre malheureux souhaitant retrouver une famille, si possible aisée. Mais Maria, cette paysanne qui avait assisté à son accouchement, se doute de l’appétit du garçon et lui tend un piège : ses parents n’étaient pas riches, comme il le croit. Dépité, celui-ci rentrera aussitôt chez le forgeron qui l’avait fait sortir de l’hospice des années auparavant et qui lui a appris le métier afin de lui transmettre ses biens à sa mort. Mais Nonat nourrit d’autres ambitions : puisque la piste rurale n’a pas fonctionné, c’est à Barcelone qu’il partira faire fortune. Et c’est bien ce à quoi il parviendra dans la première moitié du récit. À peine arrivé, Nonat se fait embaucher à la forge où travaille Peroi, l’un de ses amis de Girona, la ville de sa naissance. Hébergé par la famille de ce dernier, il se fraiera rapidement une place dans l’entreprise ainsi que dans la société et il commencera à fréquenter les milieux huppés, en se rendant à des soirées au théâtre de la ville ou en participant à des jeux d’argent. C’est également de la sorte que Nonat se livrera à ses premiers larcins...

        Vers la moitié du roman, la vie du protagoniste bascule : après avoir rompu toute relation avec Peroi, il part habiter chez Rovira, le contremaître de la fonderie qu’il finira par supplanter, et lorsque celui-ci se suicide Nonat s’installe à son propre compte. Sa formidable ascension se transforme alors en une irrépressible descente aux Enfers. Dandy dans l’âme, celui que la ville entière s’est mise à surnommer le Senyoret (« le Damoiseau ») construit tout un réseau autour de sa personne afin de pouvoir faire fructifier cet argent obtenu par des biais peu catholiques. Ainsi, entouré de Bielet, de Batista, la Pelada, de M. Grisau, du Valencià et de Nas-Ratat, qui l’initieront au métier, sans jamais se départir de cette once en or, offerte par son père d’adoption pour faire office de porte-bonheur, le truand parcourra les principales villes de Catalogne, toujours à la recherche de coups, qui lui assureront une place dans ces milieux si convoités, et surtout de sa filiation. Fidèle à son ironie légendaire, la fortune voudra que ce soit précisément à l’instant même où Nonat aurait pu retrouver sa famille que son univers s’effondre : saisi en plein cambriolage, le héros du roman sera blessé à mort par son demi-frère et succombera, quelques jours plus tard, des conséquences de ce geste. Toutefois, comme l’affirme l’auteur elle-même à la fin de son roman, celui-ci n’aurait sans pas pu rêver de meilleur dénouement pour sa vie...

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