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Ulysse Lumumba

Dissertation : Ulysse Lumumba. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Décembre 2018  •  Dissertation  •  1 525 Mots (7 Pages)  •  406 Vues

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En devenant un « Penelope Postmoderne » selon la définition de Gérald Prunelle, le belge Laurent Demoulin nous présente un texte original où l’histoire du politique Patrice Lumumba va se mêler et se confondre avec le mythe grec. Un des buts visé par ce texte est celui de récupérer de l’oubli le passé colonial occidental avec un double objectif : d’une part assumer une posture critique face au système coloniale et de l’autre diriger les colonisés vers une nouvelle prise de conscience de leur passé, si souvent caché. Tout cela, selon une perspective qu’on peut considérer postmoderne, mène à une réflexion plus profonde sur le changement d’équilibre entre les civilisations à travers une relecture de l’aventure coloniale belge en tant que phénomène colonial universel. Dans quelle mesure la mise en forme du texte peut faire ressortir ce message ?  A l’appui de certains études théoriques, dans un premier temps nous mettons en évidence l’aspect poétique du texte en analysant les répétitions (rimes, anaphores, allitérations, répétition de mots et de phrases). Dans une deuxième partie nous analysons les aspects qui relèvent de la narrativité voir par exemple l’agencement des événements selon une structure fixée (situation initiale, péripétie, situation finale).

Tout le long du texte il est possible de remarquer des répétions. Dès le premier chapitre l’auteur nous introduit dans son « original» style d’écriture où de la prose s’alterne à des refrains poétiques qui nous rappellent le rythme de la comptine ou du conte pour enfants. Il s’agit de deux vers d’octosyllabes à rime plate : un rythme que dès le début veut souligner l’importance du souvenir, de la mémoire.. un rythme martelant, un tam-tam (mot déjà construit sur une répétition) qui nous rappelle qu’il ne faut pas oublier, comme on peut bien le lire dans le dernier refrain qui rompe avec les précédents « […] ils refusent l’oubli » (p.17). Dans le même chapitre on retrouve aussi la répétition de plusieurs périphrases  tel que « roi à la barbe carré, roi à la barbe rouge et blanche, roi à la barbe souillée » qui en quelque sorte va rendre le phénomène coloniale universel; le narrateur raconte l’histoire de certains populations qui ont pillé, occupé, bref colonisé l’Afrique sans faire référence à un chef spécifique: ce procédé va étendre le phénomène coloniale à toute l’Europe, pas à un état précis, bien déterminé, mais à un ensemble de pays que au XX siècle ont décidé de se partager l’Afrique. Une invitation à relire l’histoire aussi au delà des bornes de la Belgique. Une allitération intéressante on la trouve à la page 47 : « me voilà grâce à toi de retour du Moyen Age des oubliettes du brouillard hivernal hiverneux hivernant […] ». Répétition de la liquide « l » (oubliette du brouillard) mais surtout jeu de mot à partir du terme hiver. Réveiller la mémoire, c’est ca le projet de l’œuvre, faire sortir l’histoire du gris et du glace de l’hiver et l’illuminer, la porter sous le regard attentif de tous. Une pareille allitération se trouve à la page 63. Demoulin utilise deux séries d’adjectifs selon un schéma triple qui revient souvent dans l’œuvre (voir la répartition des chapitres) : « il est fini, fichu, fané ! […] Il est foutu, foudroyé, fourbu ! ». Cette répétition relève du poétique, elle donne rythme au texte en morcelant la narration. On peut aussi mettre en évidence des anaphores insérées dans la narration à la page 32 [aucun d’eux (x2) ; ils sont morts (x3)]. Ces répétitions qui veulent mettre l’accent sur l’atrocité de la guerre mondiale et de la mort de ses combattants, donnent au texte un rythme qui pourrait rappeler celui de la déploration funèbre. Le choix de termes « mornes » et de la consonne vibrante « R » (ils sont moRts le coRps ployé sous le poids des aRmes des pRetendus et le cRane abRuti par le soleil) renforce cette idée et rend le texte plus poétique (même si ces « vers » sont tout à fait insérés dans la narration et ne sont pas soutenus par une à-la-ligne visible). Au cœur de la dernière anaphore il y a l’idée de l’effacement de l’histoire, de la perte de la mémoire du moment que les victimes sont mortes « sans nom et sans patrie ». Personne s’est souciés de leur destin et personne va se souvenir de leurs gestes. Le texte va leur donner une nouvelle vie, une nouvelle dignité et reconnaissance. Plus simple à identifier sont les répétitions à l’intérieur du chapitre l’Anti-Ulysse. Il s’agit d’un poème écrit en forme libre, une forme plus moderne qui indique la posture de l’auteur dans son temps. Plusieurs verses sous forme de question, comme si c’est un interrogatoire, à la recherche de réponses à l’absurdité de la colonisation. Alors voilà une forte et très explicite condamne de l’occident, qui se présente à la barre pour faire face à son passé colonial. Un « procès » martelant qui en fait l’auteur fait à soi-même et à son lecteur (le « tu » à qui il s’adresse) et qui accélère lors de l’anaphore « pourquoi » (7 fois dans 14 vers). D’après moi Demoulin veut secouer les consciences du public et il se sert de la poésie pour rejoindre son but (dimension intentionnelle et temporelle de la poésie : impact émotionnel sur le lecteur). En plus, un refrain construit sur la répétition de l’expression « homme blanc »  et homme + caractéristique du monde occidental (alphabet gréco-latin, pale, Littérature française ,belge) rythme le texte. Un peu partout dans le textes, et non seulement dans les poèmes, il y a des rimes qui rendent plus harmonieuse (et poétique) la narration : par exemple à conclusion de l’œuvre, on trouve 4 lignes composée comme un poème avec des rimes : «Ce sont quelques exemples des hommes que tu aurais pu devenir et que tu ne deviendra pas, infortuné Ulysse Lumumba. Mais console-toi, du moins, aujourd’hui, règnes-tu sur ce peuple infini d’ombres miroirs » (p.72)

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