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Tristesse D'olympio

Dissertation : Tristesse D'olympio. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Janvier 2013  •  1 216 Mots (5 Pages)  •  793 Vues

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Tristesse d'Olympio

Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes.

Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes

Sur la terre étendu,

L'air était plein d'encens et les prés de verdures

Quand il revit ces lieux où par tant de blessures

Son coeur s'est répandu !

L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine

Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine ;

Le ciel était doré ;

Et les oiseaux, tournés vers celui que tout nomme,

Disant peut-être à Dieu quelque chose de l'homme,

Chantaient leur chant sacré !

Il voulut tout revoir, l'étang près de la source,

La masure où l'aumône avait vidé leur bourse,

Le vieux frêne plié,

Les retraites d'amour au fond des bois perdues,

L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues

Avaient tout oublié !

Il chercha le jardin, la maison isolée,

La grille d'où l'oeil plonge en une oblique allée,

Les vergers en talus.

Pâle, il marchait. - Au bruit de son pas grave et sombre,

Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre

Des jours qui ne sont plus !

Il entendait frémir dans la forêt qu'il aime

Ce doux vent qui, faisant tout vibrer en nous-même,

Y réveille l'amour,

Et, remuant le chêne ou balançant la rose,

Semble l'âme de tout qui va sur chaque chose

Se poser tour à tour !

Les feuilles qui gisaient dans le bois solitaire,

S'efforçant sous ses pas de s'élever de terre,

Couraient dans le jardin ;

Ainsi, parfois, quand l'âme est triste, nos pensées

S'envolent un moment sur leurs ailes blessées,

Puis retombent soudain.

Il contempla longtemps les formes magnifiques

Que la nature prend dans les champs pacifiques ;

Il rêva jusqu'au soir ;

Tout le jour il erra le long de la ravine,

Admirant tour à tour le ciel, face divine,

Le lac, divin miroir !

Hélas ! se rappelant ses douces aventures,

Regardant, sans entrer, par-dessus les clôtures,

Ainsi qu'un paria,

Il erra tout le jour, vers l'heure où la nuit tombe,

Il se sentit le coeur triste comme une tombe,

Alors il s'écria :

" O douleur ! j'ai voulu, moi dont l'âme est troublée,

Savoir si l'urne encor conservait la liqueur,

Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vallée

De tout ce que j'avais laissé là de mon coeur !

Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !

Nature au front serein, comme vous oubliez !

Et comme vous brisez dans vos métamorphoses

Les fils mystérieux où nos coeurs sont liés !

Nos chambres de feuillage en halliers sont changées !

L'arbre où fut notre chiffre est mort ou renversé ;

Nos roses dans l'enclos ont été ravagées

Par les petits enfants qui sautent le fossé.

Un mur clôt la fontaine où, par l'heure échauffée,

Folâtre, elle buvait en descendant des bois ;

Elle prenait de l'eau dans sa main, douce fée,

Et laissait retomber des perles de ses doigts !

On a pavé la route âpre et mal aplanie,

Où, dans le sable pur se dessinant si bien,

Et de sa petitesse étalant l'ironie,

Son pied charmant semblait rire à côté du mien !

La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre,

Où jadis pour m'attendre elle aimait à s'asseoir,

S'est usée en heurtant, lorsque la route est sombre,

Les grands chars gémissants qui reviennent le soir.

La forêt ici manque et là s'est agrandie.

De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ;

Et, comme un tas de cendre éteinte et refroidie,

L'amas des souvenirs se disperse à tout vent !

N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ?

Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ?

L'air joue avec la branche au moment où je pleure ;

Ma maison me regarde et ne me connaît plus.

D'autres

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